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Andy Johns, ingénieur du son sur Led Zeppelin IV
Interview parue dans "Guitare & Clavier" (n°148, janvier 1994)

 

Comment est-ce que les sessions pour le "IV" se sont passées?
C'était plus amusant et plus sérieux que pour "III". Nous l'avons principalement enregistré à Headley Grange - une maison hantée - nous servant de l'unité mobile d'enregistrement des Rolling Stones. Le reste de l'album fut réalisé aux studios Island, une ancienne église. On a enregistré les pistes principales pour "Black Dog" en bas, dans ce qui avait été la crypte. Celles de "Stairway To Heaven" furent prises dans la grande salle du haut.

Parlons de certaines pièces majeures de l'album. Comment est-ce que "Black Dog" fut enregistré?
Celle-ci est intéressante car nous avons triplé les guitares. Sur la stéréo, tu en as une à gauche, une à droite, et une au milieu. Chacune ayant été enregistrée en directe. Je voulais tenter le direct car j'aimais le son qu'avait obtenu Bill Halverson en utilisant cette technique avec Neil Young. Halverson m'avait dit comment il avait fait, mais je n'ai jamais pu y arriver. Un jour, on traînait dans le studio, et j'ai dit à Pagey que je voulais essayer quelque chose. Pour une raison X, ça a marché. Les guitares étaient très fidèles.

Et pour "When The Levee Breaks"?
Je pense que c'est le premier morceau où ne sont utilisés que des micros d'ambiance pour la batterie. A Headley Grange, la sonorité de la pièce était plutôt live - les murs étaient en plâtre et il n'y avait pas de meubles - ça ne sonnait pas trop mal. Quoi qu'il en soit, derrière ces grosses portes doubles, il y avait un hall à trois entrées avec un escalier et des paliers tout autour. J'ai pensé que je pourrais y mettre Bonzo, et placer les micros assez loin afin qu'il n'y ait pas de fuite. J'ai pensé que ça pourrait marcher, alors j'ai demandé à Bonzo de venir me filer un coup de main.
J'ai récupéré une paire de micros M160 que j'ai installés au palier du premier étage. Je les ai compressés, et j'ai mis un peu d'écho, que j'ai compressé aussi. J'en pensé: "Mec, personne n'a jamais entendu un truc pareil." J'étais excité car je n'avais jamais vraiment obtenu un son de batterie qui plaisait à Bonzo. Quand il a entendu ce que ça donnait, il était radieux.

Robert et Jimmy travaillaient-ils ensemble ou bien arrivaient-ils avec des idées chacun de leur côté?
Ils collaboraient toujours en studio. Je crois qu'ils avaient tous les deux une idée très précise de comment devait sonner le groupe.

Etait-ce difficile d'enregistrer Robert?
Pas du tout. Il était toujours très rapide. Il s'agissait de deux, trois prises au maximum. Et là il pouvait rajouter quelques trucs éventuellement, mais ça n'allait pas bien loin. Ca ne prenait jamais quatre heures avec Robert.

Quel était le rôle de John Paul Jones?
Jimmy débarquait avec les concepts, mais je me rappelle que Jonesy participait, il fut spécialement à l'origine des idées les plus astucieuses en ce qui concerne la section rythmique.

Parle-moi de "Stairway To Heaven".
Cette chanson est arrivée terminée. Les arrangements avaient été faits avant que le groupe n'entre en studio. On a enregistré les lignes principales en haut, à Island, avec Jimmy à la guitare acoustique, John Paul au piano droit électrique Hohner et Bonham derrière son kit. J'ai tenté d'avoir un son de main gauche sur le piano Hohner qui ressorte afin d'avoir quelque chose à repiquer par la suite.
Dès que nous eûmes mis les basses et que Page eut commencé à enregistrer les overdubs, on pouvait déjà dire que ce serait dantesque. Je savais qu'il s'agissait là d'un morceau vraiment particulier et j'étais fier d'y participer. Je ne me doutais pas, cependant, que cela deviendrait un putain d'hymne pour trois générations de gosses!

Comment fut enregistrée "The Battle Of Evermore"?
Ils dégagaient de telles vibrations lorsqu'ils créaient... Je les observais, en studio, trouvant des idées venues de nulle part. "The Battle Of Evermore" en est un bon exemple. Le groupe était assis près de la cheminée à Headley, buvant du thé, lorsque Jimmy s'empara d'une mandoline et se mit à jouer. Je lui ai passé un micro et ai collé un écho Gibson sur sa mandoline. Jimmy avait apporté cet effet auparavant me demandant d'y jeter un oeil. Tout à coup, Robert s'est mis à chanter et ce morceau suprenant nacquit de rien.

As-tu eu des problèmes au mixage de "IV"?
j'ai convaincu Jimmy de le mixer à Los Angeles, en partie parce que je trouvais que ce serait chouette d'aller là-bas. On a réservé quelque temps au Sunset Sound, mais la pièce dans laquelle j'avais déjà travaillé avait été totalement refaite. J'étais foutu! Du coup, on a utilisé une autre pièce où l'on a mixé tout l'album. Le son était fabuleux dans cette pièce. Dans le temps, tu n'emportais pas les bandes pour les réécouter chez toi.
Nous sommes revenus à Londres pour les faire écouter aux autres. J'étais quelque peu nerveux d'ailleurs, car Page voulait se servir des studios Olympic pour ça. Studio One covenait au mixage, mais on n'allait pas là-bas pour réécouter les enregistrements.
Bref, on les a passées là-bas et le son était franchement atroce. Vraiment nul! Je me souviens m'être caché derrière un canapé. Les trois autres gars se regardaient et pensaient: "Ils sont partis pendant un mois pour nous ramener ça?!" Je croyais que j'étais cuit, mais ils semblaient regarder Jimmy, se disant: "Mon dieu, ce doit être la faute de Pagey, c'est lui le producteur", un truc dans ce genre, même si j'étais tout aussi responsable - si ce n'était plus.
Alors on a fini par remixer le tout à Island, bien que ce fut difficile, vu que notre courage et notre confiance en nous n'étaient plus ce qu'ils avaient été. Mais, évidemment, on s'en est tirés. (finalement, seul le mix de "When The Levee Breaks fut conservé du trip à LA)

Quelles chansons furent les plus difficiles à mixer?
"Four Sticks" en fut une sacrée. Je ne l'ai pas très bien enregistrée. Au départ, lorsque j'ai enregistré les pistes de base, j'ai comprimé la batterie pensant que c'était une super idée. Puis, au mixage, je ne parvenais pas à m'en sortir. J'ai essayé cinq ou six fois, ça ne donnait rien. Le mixage final que nous avons fini par choisir est bon, mais je ne pense toujours pas qu'il soit parfait.