LES ENREGISTREMENTS EFFECTUES PAR PAGE
1962
Décembre 1962 – Neil Christian &The Crusaders : The Road
To Love/Big Beat Drum. SP Columbia DB 4938.
Jimmy Page serait venu apporter un coup de main discret au premier disque
de son ancien combo (d'après les dires de Page, il aurait déjà
quitté le groupe au moment de ce premier enregistrement et ne devait
jouer avec eux que bien plus tard, alors qu'ils sont produits par Miki
Dallon pour son label Strike). Le bassiste John Paul Jones commente :
"Nous venions tous deux du sud de Londres et je me souviens des gens
qui disaient: "Il faut que vous alliez voir Neil Christian et les
Crusaders, ils ont un jeune guitariste incroyable".
1963
Janvier 1963 – Jet Harris & Tony Meehan : Diamonds/Foot Stomp.
SP Decca F 11563.
Une autre de ses toutes premières séances est pour Decca,
au studio IBC, pour les ex-Shadows Jet Harris et Tony Meehan. Glyn Johns,
alors chargé de la mise en place des bandes magnétiques,
l'avait recommandé au batteur-producteur Tony Meehan et à
l'arrangeur Mike Leander. On connaît maintenant la trajectoire des
deux hommes dont les routes ne cesseront de se croiser. "Diamonds"
est le premier succès notoire auquel a contribué Jimmy Page.
Juin 1963 – Brian Howard & The Silhouettes : The Worryin' Kind/Come
To Me. SP Columbia DB 7067.
C'est à la demande de John Gibb, qui se produisait dans la région
de Mitcham, sous le pseudonyme de Brian Howard & The Silhouettes,
que Jimmy Page joue sur leur deuxième simple "The Worryin'
Kind".
Juin 1963 – Marauders : That's What I Want/Hey, What'd You Say.
SP Decca F 11695.
Dès ses débuts, Page reste très attaché aux
studios Decca de West-Hampshed. Ça lui vaudra de doubler les guitaristes
trop impétueux qui confondaient énergie et professionnalisme,
comme ici chez les Marauders qui se cherchent encore dans un style post-mersey.
Juillet 1963 – Neil Christian & The Crusaders : A Little Bit
Of Someone Else/Get A Load Of Hits.
SP Columbia DB 7075.
Pour le deuxième essai de son ex-groupe, devant l'incapacité
d'Albert Lee d'assurer le solo en pro, Jimmy Page est appelé d'urgence
en renfort.
Juin 1963 – Mickie Most : Mr. Porter/Yes Indeed I Do. SP Decca F
11664.
Ce serait au cours de cette séance que Jimmy Page aurait fait la
connaissance de Mickie Most, alors chanteur; ce qui lui ouvrira de vastes
horizons lorsque ce dernier deviendra le producteur de renom que l'on
connaît. La prestation du guitariste est ici très intéressante.
Juin 1963 – Wayne Fontana & The Mindbenders : Roadrunner/Hello
Josephine. SP Fontana TF404.
Pour leur premier simple, ces rockers de Manchester empruntent les deux
titres les plus excitants de leur répertoire de scène respectivement
à Bo Diddley et Fats Domino. Jimmy Page aurait participé
à la séance, ce qui expliquerait l'éclatant solo
de guitare de "Hello Josephine".
Juillet 1963 – Carter-Lewis & The Southerners : Sweet And Thunder
Romance/Who Told You ?.
SP Oriole CB 1835.
Page retrouve ici ses premiers employeurs pour deux plages mélodiques,
annonciatrices des nombreux succès de variété qu'ils
écriront pour les artistes anglais à la recherche d'un tremplin
pour leur carrière. De ce fait, Jimmy sera souvent employé
pour les séances correspondantes. Par contre, le batteur Viv Prince,
après un second simple, optera pour un siège plus agité
chez les Pretty Things.
Août 1963 – Chris Ravel & The Ravers : Do/Don't You Dig
This Kind Of Beat ?. SP Decca F 11696.
Cette reprise du tube des Australiens Billy Thorpe & The Aztecs fut
enregistrée sous un pseudonyme par Chris Andrews, auteur de "Yesterday
Man", et de hits pour Adam Faith et Sandie Shaw. Pour cette séance,
Jimmy adopte un son de guitare caverneux, avec un maximum d'écho
et de twang, dans un jeu très nerveux (inspiré par le rock'n'roll
pionnier). Comme souvent, c'est la face B qui est la plus représentative
du style du guitariste.
Septembre 1963 – Dave Berry & The Cruisers : Memphis/Tossin'n'Turning.
SP Decca DL 11734.
Une histoire voudrait que ce soient seulement les Cruisers qui accompagnent
ici Dave Berry. Mais quand on fait le rapprochement avec le simple enregistré
quelques mois plus tard, la similitude de son est frappante et tellement
identifiable: Bobby Graham à la batterie, Big Jim Sullivan à
la guitare solo et le jeune Jimmy à la rythmique. De plus, on retrouvera
un arrangement identique de "Memphis Tennessee" par Eddy Mitchell
en 1964, avec les mêmes Bobby Graham et Jim Sullivan (mais sans
Page).
Septembre 1963 – Mickie Most : The Feminine Look/Shame On You Boy.
SP Columbia DB 7117.
Les débuts de Mickie Most en Grande-Bretagne, comme chanteur, se
déroulent en première partie de la tournée de 1963
de Gene Vincent et Jerry Lee Lewis. Un peu plus d'un an après et
quatre disques publiés sous son nom - dont au moins deux avec Jimmy
Page - il se consacrera à plein temps au management et à
la production, notamment pour les Animals, Herman's Hermits, Donovan et
les Yardbirds.
Octobre 1963 – Carter-Lewis & The Southerners : Your Momma Is
Out Of Town/Somebody Told My Girl. SP Oriole CB 1868.
La face B de leur seul succès (sur sept publications) est remarquable,
ne serait-ce que par les intervenants : Viv Prince à la batterie
(futur Pretty Things), Rod Clark à la basse (futur Moody Blues,
en remplacement de Clint Warwick) et même peut-être Jeff Beck
selon la rumeur. Lorsque John Carter et Ken Lewis formeront les Ivy League,
ils feront encore appel à Jimmy Page pour leurs séances.
Octobre 1963 – Brook Brothers : Trouble Is My Middle Name/Let The
Good Tirnes Roll.
SP Pye 7N 15734.
Il est déjà difficile d'identifier les participations de
Page, mais quand il s'agit des premières séances, l'imprécision
est encore plus grande. La rumeur veut que Jimmy ait ajouté son
grain de sel à l'enregistrement de ces deux plages des Everly Brothers
britanniques.
Novembre 1963 – Hoinz : Country Boy/Long Tail Jack. SP Decca F 11768.
Jimmy Page aurait lui aussi effectué à ses débuts
des séances pour le producteur paranoïaque Joe Meek, certainement
quand Ritchie Blackmore était pris ailleurs. Il va sans dire que
sa signature est indétectable! Il ne suffit pas que le disque sorte
sur Decca pour que tout lui soit attribué.
Novembre 1963 – Chris Sandford & The Coronets : Not Too Little-Not
Too Much/I'm Lookin'. SP Decca F 11778.
Une autre contribution de Page à un combo Première vague,
plus attiré par la novelty qu'une musique sérieuse.
Novembre 1963 – Orchids : Love Hits Me/Don't Make Me Mad. SP Decca
F 11785.
Cette séance alimentaire pour ce trio féminin, lauréat
au titre de nouveau girl group britannique, a la caractéristique
d'être produite par Shel Talmy. Ce serait la première fois
que le producteur américain ferait appel aux talents du guitariste.
Novembre 1963 – Houston Wells & The Marksmen : Blowing Wild
(The Ballad Of Black Gold)/Crazy Dreams. SP Parlophone R 5 069.
Une autre production Joe Meek pour les studios RGM.
Décembre 1963 – Redcaps : Talking About You/ Come On Girl.
SP Decca F 11789.
Encore une participation contestée par Dave Walker, le chanteur
de ce combo de Liverpool. Le style incendiaire de Page est tout à
fait typique du jeu qu'il pratiquait à cette époque, très
influencé par son aîné Big Jim Sullivan. Dave Walker
sera un temps le chanteur de Savoy Brown puis, en 1977, celui de Black
Sabbath.
Décembre 1963 – Dave Berry & The Cruisers : My Baby Left
Me/Hoochie Coochie Man.
SP Decca F 11803.
Ce fut la première (Cf. plus haut) séance du guitariste
pour ce pionnier de la scène R&B londonienne. Jimmy interviendra
sur tous les succès du chanteur. Dave Berry devait déclarer
en mai 1965: "J'ai utilisé les Cruisers sur "Memphis
Tennessee". Depuis, sur tous les disques, j'ai eu les musiciens de
studio Jimmy Paige [sic] et Big Jim Sullivan en alternance à la
guitare rythmique et en solo, Bobby Graham à la batterie et Alan
Welling [Weighel ?] à la basse [les mêmes musiciens qu'on
retrouve sur les premières séances londoniennes d'Eddy Mitchell].
Dans un studio d'enregistrement, vous n'avez pas toujours le temps; aussi
le morceau que je dois enregistrer est d'abord montré aux quatre
sessionmen, qui peuvent tous lire la musique, puis on peut attaquer directement".
1964
Janvier 1964 – Zephirs : I Can Tell/Sweet Little Baby. SP Columbia
DB 7199.
Malgré six simples, dont cinq produits par Shel Talmy, ce combo
de Finchley ne frôlera le succès qu'avec "She Lost You",
l'autre point fort de leur carrière demeurant "Sweet Little
Baby". Leur version du classique de Bo Diddley reste fidèle
à son concepteur, Jimmy Page se montrant aussi concis qu'un Mick
Green (autre héros de la guitare solo-rythmique qui officiait dans
les Pirates de Johnny Kidd).
Janvier 1964 – Mickie Most : Sea Cruise/It' s A Little Bit Hot.
SP Columbia DB 7180.
Nouvelle tentative du chanteur-producteur, sur l'ancien succès
de Frankie Ford remis au goût du jour dans une veine beat. La guitare
de Jimmy Page y est nerveuse à souhait. Most et Page en reproduiront
plus tard une version similaire pour les Herman's Hermits.
Janvier 1964 – Pet Wayne & The Beachcombers : Roll Over Beethoven/Is
It Love ?. SP Columbia DB 7182.
Jimmy Page se défoule sur ce classique du rock'n'roll, sommet de
la courte carrière de ce combo de Birmingham, tout à fait
dans la lignée du simple de Mickie Most.
Janvier 1964 – Wayne Gibson & The Dynarnic Sound : Come On Let's
Go/Pop The Whip.
SP Decca F 11800.
Le producteur Shel Talmy gardait toujours en réserve Page pour
toute intervention en cas de défaillance guitaristique. C'était
aussi un moyen comme un autre d'économiser du temps de studio (la
location d'un guitariste étant moins onéreuse qu'une séance
prolongée). Cette honnête adaptation de Ritchie Valens y
gagne en efficacité.
Janvier 1964 – Brian Poole & The Tremoloes : Candy Man/I Wish
I Could Dance. SP Decca F 11823.
Ayant déjà goûté au succès avec leur
reprise de "Do You Love Me ?" des Contours, les Tremoloes recherchent
un titre du même acabit pour relancer leur carrière. Jimmy
y confirme sa réputation de guitariste de rock'n'roll.
Janvier 1964 – Sheffields : It Must Be Love/Say Girl. SP Pye 7N
15600.
Autre contribution en doublage, au profit de ce groupe pop qui se démarque
de ses contemporains par une approche beat sauvage, due à la guitare
incisive de Page.
Janvier 1964 – Kathy Kirby : Let Me Go Lover/The Sweetest Sounds.
SP Dacca F 11832.
Ces morceaux font partie de ceux que Page a enregistrés sans trop
savoir à qui ils bénéficieraient. Kathy Kirby est
une chanteuse de variété qui se fera balayer par Cilla Black,
Lulu, Sandie Shaw ou Marianne Faithfull, au look plus fab ! Il convient
de reconna7itre que c'est elle qui reprendra en Angleterre "Young
Love" (oublions la version parodique de Bo & Peep sur laquelle
Page pourrait avoir joué; connexion Andrew Oldham). Il n'est pas
impossible que Jimmy ait aussi joué sur les simples précédents:
"Playboy" et "Secret Love".
Février 1964 – Shel Naylor : One Fine Day/It's Gonna Happen
Soon. SP Decca F 11856.
Le producteur Shel Talmy, qui vient de signer avec les Kinks, leur fait
enregistrer plusieurs maquettes soutenues par la batterie de Bobby Graham
et la guitare de Jimmy Page. Avec cette toute première composition
de Dave Davies, il remplace la voix de ce dernier, par celle d'un teen-ager
de Coventry, récente découverte du manager Larry Page (qui
s'occupe aussi des intérêts des Kinks). De son vrai nom Rob
Woodward, Shel Naylor connaîtra plus tard le succès avec
"Mouldy Old Dough", sous le pseudonyme de Lieutenant Pigeon!
Toute l'énergie est injectée dans son deuxième simple
par la guitare cisaillante de Page et la batterie pachidermique de Graham.
Février 1964 – Val Doonican : I'm Gonna Get There Somehow/Where
Can I Find Her ?.
SP Decca F 12118.
Même si c'est un banal titre de variété, Page tire
son épingle du jeu par un étourdissant solo de guitare fuzz.
Mars 1964 – Carter-Lewis & The Southerners : Skinnie Minnie/Easy
To Cry. SP Oriole CB 1919.
Une reprise de Bill Haley et un original, Jimmy Page reste fidèle
à ses ex-employeurs pour un festival de guitare électrique
tout à fait réjouissant.
Mars 1964 – Brooks : Once In A While/Poor Poor Man. SP Decca F 11868.
Ces clones des Everly Brothers ont entamé une prolifique carrière
discographique en 1960, sous le nom de Brook Brothers. Après l'avènement
du merseybeat, le recyclage s'est avéré difficile, comme
pour beaucoup. Cet ultime essai pour rejoindre la caravane des groupes
beat, avec la complicité de Shel Talmy, le producteur en vogue,
et de son acolyte Jimmy Page, bien que de loin le plus intéressant
n'obtiendra pas l'écoute conciliante espérée du grand
public.
Mars 1964 – Jackie Lynton (& The Jury) : Child/ Never A Mention.
SP Piccadilly 35177.
Le maître-guitariste cherche encore son chemin, cette fois dans
le domaine du R&B-variété. Leur chanteur trouvera plus
tard sa voie avec Savoy Brown Blues Band.
Avril 1964 – Dave Berry : Baby It's You/Sweet And Lovely. SP Decca
F 11876.
Sur cette reprise britannique du succès des Shirelles, Page est
aux commandes avec Reg Guest, Bobby Graham et John Paul Jones.
Avril 1964 – Mickie Most & The Gear : Money Honey/Thats Alright.
SP Columbia DB 7248.
Avant de devenir un producteur de renom, Mickie Most a vécu une
honorable carrière de chanteur en Afrique du sud. Grâce à
sa nouvelle popularité, il fera plusieurs essais superbes, sur
lesquels la guitare de Jimmy aligne quelques riffs rapides et saignants
qui sont de véritables pièces d'anthologie.
Avril 1964 – Mickey Finn & The Blue Men : Pills/ Hush Your Mouth.
SP Oriole CB 1927.
Jimmy Page a brièvement rejoint ce combo R&B et ska de la banlieue
de Londres, pour assener un traitement bluebeat à ces classiques
de Bo Diddley. Leurs interprétations deviendront encore plus convaincantes
quand ils en reviendront à un R&B plus pur.
Avril 1964 – Lulu & The Luvvers : Shout/Forget Me Baby. SP Decca
F 11884.
Les Luvvers, le groupe de Lulu, ne sont pas suffisamment fiables en studio;
et Page peut exécuter avec délectation son rôle de
doublure (engagée par Mike Leander) sur cette reprise des Isley
Brothers. Un classique!
Avril 1964 – Billy Fury : I Will/I Ain't Nothing Shaking But The
Leaves. SP Decca F 11888.
Ce titre rockabilly, déjà interprété par Carl
Perkins dans les années 50, reçoit ici un traitement beat
destiné à relooker ce pionnier du rock britannique, sans
pour autant aliéner ses plus fidèles partisans. Cela permet
d'apprécier un autre aspect que les faces rock ou blues du talent
de Page, plus pop.
Avril 1964 – Cliff Bennett & The Rebel Rousers : Got My Mojo
Working/Beautiful Dreamer.
SP Parlophone R 5119.
Vétéran de la scène rock anglaise, Cliff Bennett
enfourche le mouvement R&B avec ce classique, fleuron de son énergique
prestation scénique. Si Page est présent, ce n'est qu'en
rythmique, noyé dans la swinguante orchestration des cuivres.
Mai 1964 – Jean & The Statesides : Putty In Your Hand/One Fine
Day. SP Columbia DB 7287.
Deux reprises british de girl groups américains par Jeannie/Cindy
Cole. La première sera aussi interprétée par les
Yardbirds (bien avant l'intégration de Jimmy Page), sur un choix
d'Eric Clapton, sans plus de succès.
Mai 1964 – Neil Christian & The Crusaders : Honey Hush/One For
The Money. SP Columbia DB 7289.
Page rend hommage à son premier groupe avec lequel il n'avait pas
eu le temps d'enregistrer, sur cette version du classique de Joe Turner.
La même séance produit aussi l'instrumental inédit
"Crusading", dans un style Shadows, qui ne sera publié
qu'en 1992 sur une compilation CD.
Mai 1964 – P.J. Proby : Hold Me/The Tip Of My Fingers. SP Decca
F 11904.
Le traitement infligé au "Hold Me" de Peggy Lee, tout
en harmonica miaulant, guitare fuzz et compression à la Phil Spector,
s'érige en monument de débordement jouissif grâce
à Big Jim Sullivan à la guitare solo et Jimmy Page à
la rythmique, Charles Blackwell au piano et Ginger Baker à la batterie
(Jack Bruce à la basse?). P.J. Proby met les choses au point en
ce qui concerne "Hold Me" et le simple suivant, "Together"
: "Jimmy ne prenait pas encore les solos à cette époque,
c'était Big Jim Sullivan".
Mai 1964 – Quotations : Alright Baby/Love You All Over Again. SP
Decca F 11907.
Futurs accompagnateurs attitrés des Walker Brothers, les Quotation,
formés par l'ex-bassiste des Big Three, Johnny Gustafson, connurent
d'abord une carrière propre. Page leur fournit le renfort habituel
apporté aux artistes Decca.
Mai 1964 – Pretty Things : Rosalyn/Big Boss Man. SP Fontana TF 469.
Jimmy aurait doublé les Pretty Things depuis leur premier simple.
Cette interprétation pourrait provenir du fait que le batteur Bobby
Graham a été effectivement réquisitionné pour
palier les faiblesses de l'inénarrable Viv Prince. Mais de là
à généraliser et affirmer que Page y était
aussi... Dick Taylor, leur guitariste, dément avec véhémence
cette allégation.
Juin 1964 – Mickey Finn & The Blue Men : Reelin'n'Rocking/I
Still Want You. SP Oriole CB 1940.
Jimmy Page joue ici avec son combo attitré une bonne adaptation
du classique de Chuck Berry. La tempête qui souffle sur la face
B, composition originale du groupe, en fera un classique du freak-beat.
Juin 1964 – Nashville Teens : Tobacco Road/Like It Like That. SP
Decca F 11930.
Sur la demande du producteur Mickie Most, Jimmy Page renforce la partie
de guitare avec ce riff légendaire qui propulse les Nashville Teens
à la tête des hit-parades.
Juin 1964 – Downliners Sect : Baby What's Wrong ?/ Be A Sect Maniac.
SP Columbia DB 73000.
Premier simple de la Sect avec une reprise du classique de Jimmy Reed.
Page aurait apporté son soutien aux défaillances techniques
des hommes au chapeau deer-hunter. Le résultat est plus que probant
: un de leurs meilleurs 45 tours.
Juin 1964 – Elkie Brooks : Something's Got A Hold On Me/Hello Stranger.
SP Decca F 11928.
Egérie de la soul Tamla de la scène liverpoolienne, Elkie
Brooks fait ses premiers pas chez Decca d'où la présence
possible de Jimmy Page. Ce simple sort même en France en version
juke-box. L'essai n'est pas concluant et Elkie ramera pas mal sur les
scènes des clubs anglais avant d'acquérir une notoriété
dans les années 70.
Juillet 1964 – Dave Berry : The Crying Game /Don't Gimme No Lip
Child. SP Decca F 11937.
Enfin le jackpot avec toujours la même équipe gagnante. Jimmy
utilise une volume pedal pour la première fois, ancêtre de
la wha-wha.
Juillet 1964 – Screaming Lord Sutch : She’s Fallen In Love
With A Monster Man/Bye Bye Baby. SP Oriole CB 1944.
Jimmy Page épaule les anciens accompagnateurs de Cyril Davies,
Carlo Little (batterie), Ricky Brown (guitare d'accompagnement), Tony
Marsh (basse) et les choeurs des Velvelettes, devenus les Savages, pour
créer, sous l'égide du producteur Joe Meek, cette pièce
d'anthologie gore du trublion du rock anglais. On retrouvera la même
équipe pour les légendaires plages des "Blues Anytime".
La face B est occupée par une bonne reprise du "Bye Bye Baby"
de Johnny Otis. Jeff Beck officiera sur le simple suivant, "Dracula's
Daughter", où la présence de Page à la guitare
rythmique est probable. Beck se souvient de cette période pendant
laquelle les deux guitaristes étaient inséparables. Ils
allaient ensemble au Crawdaddy de Eel Pie Island pour écouter le
pianiste Ian Stewart (alors roadie des Rolling Stones) auquel se joignait
parfois Bill Wyman à la basse, qui les initiait au blues et au
boogie. En passionné intarissable, grâce à son extraordinaire
collection de disques de blues (très difficiles à trouver
à cette époque), Bill leur permet de découvrir les
guitaristes Buddy Guy, Otis Rush et BB King. Ces escapades étaient
ponctuées par des séances en studio pour d'autres.
Juillet 1964 – Fairies : Don't Think Twice, Its Allright/Anytime
At All. SP Decca F 11943.
Fleuron du freak-beat britannique, les Fairies évolueront dans
l'ombre des Pretty Things. Quand on enregistre pour Decca et qu'on a besoin
d'une partie de guitare paranoïaque "Anytime At All" à
qui fait-on appel ? A Jimmy Page, bien sûr!
Juillet 1964 – Billy Fury : It's Only Make Believe/Baby What You
Want Me To Do. SP Decca F 11939.
Billy Fury amorce une nouvelle direction, entre Conway Twitty et Jimmy
Reed. Malgré sa bonne volonté et son sens de la remise en
question, c'est le titre de Twitty qui gagnera.
Août 1964 – Kinks : You Really Got Me/It's All.
SP Pye 7N 15673.
La légende veut que, lorsque le producteur Shel Talmy vint produire
la séance de "You Really Got Me", il emmena avec lui
Jimmy Page et divers autres musiciens (dont Bobby Graham à la batterie
et Perry Ford au piano) et les utilisa plutôt que les vrais instrumentistes
des Kinks. Ray Davies précise : "Non, la prise de "You
Really Got Me" qui fut finalement publiée était la
troisième. Il existait déjà une version maquette
avec Dave à la guitare solo, une deuxième où il se
peut que ce soit Jimmy Page [qui existe toujours dans les archives Pye]
et une troisième où c'est définitivement Dave qui
joue. Je le sais parce que je me tenais à côté de
lui quand il l'a jouée. C'est celle-là qui a été
éditée". Par contre, Bobby Graham remplace bien Mick
Avory, le batteur.
Août 1964 – Pickwicks : You're Old Enough/Hello Lady. SP Decca
F 11957.
Tous les groupes anglais (influence merseybeat) n'étaient pas uniquement
axés sur le rock, mais aussi sur le cabaret, ce qui fait que bon
nombre d'entre eux enregistraient des simples qui tenaient plus de la
farce que de la musique, au grand dam des fans qui conservaient des souvenirs
enthousiastes de prestations saignantes. Jimmy Page devait se commettre
dans de telles galères à son corps défendant.
Août 1964 – Brenda Lee : Is It True ?/What'd I Say. SP Brunswick
05915.
Comme avant elle son compatriote Gene Vincent, la chanteuse américaine
vient jouir en Europe de sa renommée encore intacte. C'est son
aspect rockeuse qui est resté dans les mémoires, comme le
prouve l'inénarrable concours de play-back de l'émission-culte
Ready Steady, Go! sur "Jump Around The Broomstick". Depuis les
Beatles, la renommée des studios britanniques n'est plus à
faire; c'est ainsi que Brenda Lee se retrouve en studio, avec Page, pour
une version dévastatrice de "What'd I Say" et du plus
classiques "Is It True", un succès en Angleterre dû
à la plume de Carter & Lewis, les premiers employeurs du guitariste.
Août 1964 – P.J. Proby : Together/Sweeter And Tender Romance.
SP Decca F 11967.
Pour Big Jim Sullivan, parmi ses meilleurs moments en studio sont à
retenir ceux pour P.J. Proby. Il se souvient de quelques séances
qui ont atteint des sommets en matière de pure énergie.
C'est à cette époque que Jimmy Page commence à s'introduire
à plein temps dans le circuit des séances, jouant dans un
style proche de celui de Big Jim, ce qui pousse les deux hommes à
travailler souvent ensemble. "Nous représentions le top à
ce moment-là, et il y a pas mai de choses que les gens lui attribuent
qui sont en réalité les miennes et vice versa. Nous poursuivions
tous les deux la même démarche, au même niveau, et
je suppose que le fait que Jimmy était plus jeune que moi de trois
ou quatre ans, avec une nouvelle tête, l'a aidé en terme
de demande. Ça se produit toujours quand vous réussissez
votre examen de passage. Il ne savait pas lire la musique au début,
aussi je lui ai appris. Puis il a tout coupé pour se consacrer
à Led Zeppelin. Il a même été question que
je me joigne à eux, mais j'avais une femme et des enfants, tout
ce type d'obligations, et je n'ai pas pu. Quand j'ai entendu parler d'eux
la fois suivante, ils avaient décollé en Amérique.
Ça m'est égal maintenant, parce que je me suis senti depuis
suffisamment compétent pour me produire et jouer ce qui me plaît".
Août 1964 – Wayne Gibson & The Dynamic Sound : Kelly/See
You Later Alligator.
SP Pye 7N 15680.
Ce quatrième simple Pye, dû à la patte de Shel Talmy,
frise la tranche des 50 meilleurs. La face A est un succès de Del
Shannon, tandis que l'autre côté est occupé par le
classique de Bill Haley qui bénéficie d'une performance
inspirée de Page.
Août 1964 – Bo & Peep : Young Love/The Rise Of The Brighton
Surf. SP Decca F 11968.
Andrew Oldham, son camarade Kim Fowley et certains Rolling Stones se sont
amusés à caricaturer ce classique fifties et détourner
le tube des Animals en le réactualisant sur le thème des
bagarres entre mods et rockers. Jimmy s'en donne à coeur-joie à
coups de riffs de guitare incendiaires.
Août 1964 – Brian Poole & The Tremoloes : Twelve Stops
To Love/Don't Cry. SP Decca F 11951.
Ces deux morceaux anodins ont été mis en boîte pour
la bande originale de leur deuxième film, "A Touch Of The
Blarney". Page aurait tout au plus rempli un rôle de doublure.
Août 1964 – Lulu & The Luuvers : Can't Hear You No More/I
Am ln Love. SP Decca F 1 1965.
Les Luvvers, peu sûrs de leur technique, doivent être secondés
par Page pour économiser un précieux temps de studio.
Septembre 1964 – First Gear : A Certain Girl/Leave My Kitten Alone.
SP Pye 7N 15703.
Les deux simples du combo furent réalisés par le producteur
Shel Talmy, qui utilisa presque chaque fois les talents de Jimmy Page.
"A Certain Girl" est le même titre que celui publié
par les Yardbirds, écrit par Naomi Neville (des Metters de la Nouvelle
Orléans). Mais c'est la chanson de Little Willie John, "Leave
My Kitten Alone" qui est la plus remarquable, grâce au solo
de guitare de Page.
Septembre 1964 – Gregory Phillips : Angie/Please Believe Me. SP
Pye 7N 15546.
Alors que son ancien comparse des shows du West End. Steve Marriott, s'occupe
à former les Small Faces, cet ex-acteur prodige s'essaie à
une carrière discographique, aidé par une démonstration
de picking folk sur guitare sèche de Jimmy Page. Comme c'était
le physique qui demeurait l'atout premier du chanteur, ces deux ballades
restent de peu d'intérêt.
Septembre 1964 – Joe Cocker : I'Il Cry Instead/ Precious Words.
SP Decca F 11974.
Malgré la présence de Page et tous les ingrédients
qui feront sa gloire quatre ans plus tard (composition des Beatles, ici
produite par Mike Leander), ce premier simple de Joe Cocker sous son nom
ne fera que figure de curiosité.
Septembre 1964 – Honeycombs : The Honeycombs (LP NPL 18097): Colour
Slide/ Once You Know/ Without You, It Is Night/ That's The Way/ I Want
To Be Free/ How The Mighty Have Fallen/ Have I The Right/ Just A Face
In The Crowd/ Nice Why It Lasted/ Me From You/ Leslie Anne/ She's Too
Way Out/ Ain't Necessarily So/ This Too Shall Pass Away.
Pour cet album, fruit de séances avec Joe Meek, la contribution
de Page se limite essentiellement à quelques effets exotiques sur
le titre "She's Too Way Out".
Septembre 1964 – Mudlarks : Walk Around/Here's Another Day. SP Fontana
TF 495.
Jimmy Page et Bobby Graham se commettent sur ces titres burlesques, dans
la tradition de la scène anglaise des cabarets.
Octobre l964 – Kinks : The Kinks (LP Pye NPL 18096) : Beautiful
Delilah/ So Mystifying/ Just Can't Go To Sleep/ Long Tall Shorty/ I Took
My Baby Home/ I'm A Lover Not A Fighter/ You Really Got Me/ Cadillac/
Bald Headed Woman/ Revenge/ Too Much Monkey Business/ I've Been Driving
On Bald Mountain/ Stop Your Sobbin'/ Got Love If You Want It.
Jimmy Page: "Je n'ai pas fait grand chose sur les disques des Kinks.
J'ai placé un couple de riffs sur leur premier album, mais je ne
m'en souviens plus très bien. Je sais qu'ils n'ont pas du tout
été d'accord sur ma présence". A part le premier
simple, tous les titres ont été enregistrés en août
1964 aux studios Pye, ce qui laisse supposer l'omniprésence de
Page (et celle réaffirmée du batteur Bobby Graham). Parmi
les crédits confirmés par Shel Talmy, on note la participation
de Jimmy à la guitare acoustique douze corde sur "Bald Headed
Woman" (un air du folklore américain allégrement signé
par Talmy) avec Jon Lord des Artwoods à l'orgue. Le folklorique
"Driving On Bald Mountain" subit le même traitement. Quant
à l'instrumental "Revenge", qui porte bien la cosignature
Davies / Page, il s'agit d'une participation du manager des Kinks, Larry
Page, lui-même ancien interprète et orchestrateur. Ça
n'empêchera pas la guitariste de reprendre cette composition en
version chantée sur son premier simple.
Octobre 1964 – Kinks : All Day And All Of The Night/I Gotta Move.
SP Pye 7N 15714.
Fruit des séances du 23 septembre, il n'est pas certain que Jimmy
Page figure sur la face A. Par contre, "I Gotta Move" a été
enregistré dans l'urgence du premier LP, en août 64, ce qui
laisse supposer la présence de notre apprenti-héros. Il
n'est pas impossible qu'il en soit de même pour le tube suivant,
"Tired Of Waiting For You", originellement mis en boîte
pour l'album, mais mis de côté par Shel Talmy qui en pressentait
le potentiel. Jimmy Page: " Je pense que les Kinks n'aimaient pas
m'avoir dans les parages quand ils enregistraient. Un autre aspect négatif,
résultant du fait de se trouver présent dans les studios
quand un tube potentiel était réalisé, venait de
la presse: trop de gens colportaient des ragots sur l'utilisation de musiciens
de remplacement. Quant à moi, je n'ai jamais rien dit, mais ça
s'est propagé par ailleurs, ce qui a entraîné souvent
des réactions très amères ".
Octobre 1964 – Val Doonican : Walk Tall/Only The Heartache. SP Decca
F 11992.
Il faut se faire une raison, Page n'a pas contribué qu'à
des chefs-d’œuvre, loin s'en faut, comme en témoigne
ce succès du crooner irlandais Val Doonican, qui intéressera
en France Claude François!
Octobre 1964 – Petula Clark : Down Town/ You’d Better Love
Me. SP Pye 7N 15722.
Les séances peuvent aussi amener à faire de la bonne variété,
et parfois même des tubes internationaux. D'après Martin
Stone (futur Stone's Masonery, Savoy Brown Blues Band, Action, Mighty
Baby .. ), ce ne serait pas Jimmy Page qui tiendrait la guitare solo,
mais lui-même, pour sa première séance de requin.
Page jouerait aussi sur le EP français (puisque ce sont les mêmes
accompagnateurs).
Octobre 1964 – Poets : Now We're Thru/There Are Some. SP Decca F
11995.
La connexion Jagger / Richards est l'intérêt premier du 45
tours de ce groupe écossais, produit par Andrew Oldham qui faisait
alors souvent appel aux bons offices du guitariste, en cas d'éventuelle
déficience du titulaire.
Octobre 1964 – Rod Stewart : Good Morning Little Schoolgirl/I'm
Gonna Move To The Outskirts Of Town. SP Decca F 11996.
Rencontre unique de deux futurs géants du rock anglais, pour ce
premier essai non transformé du chanteur mod écossais. Et
ce n'était certainement pas par un manque de qualité de
cette reprise du classique de Sonny Boy Williamson.
Octobre 1964 – Screarning Lord Sutch : Dracula's Daughter/Come Back
Baby. SP Oriole CB 1962.
Jimmy Page prête main forte à ses copains, les anciens musiciens
de feu Cyril Davies, dans ce moment d'anthologie de l'émule anglais
de Screaming Jay Hawkins, produit une fois de plus par Joe Meek.
Octobre 1964 – Nashville Teens : Google Eve /TNT. SP Decca F 12000.
Pour leur second simple, Mickie Most impose le renfort de Jimmy Page,
sans pour autant atteindre le niveau du coup de maître du précédent.
A ce moment de leur carrière, les noms de Page et Most sont intimement
liés, clef de voûte du son british pop de 1964.
Octobre 1964 – Sneekers : I Just Can't Go To Sleep/ Bald Headed
Woman. SP Columbia DB 7385.
Produit par Shel Talmy qui couple deux reprises des Kinks (la seconde,
de sa plume, fera aussi l'objet d'une face B des Who), ce simple restera
dans l'anonymat ainsi que ses interprètes; malgré une interprétation
digne des meilleurs.
Octobre 1964 – Andrew Oldham Orchestra : Sixteen Hip Hits (LP Decca/Ace
Of Clubs ACL 1180): Needles And Pins/ Blowin' In The Wind/ I Just Don'
t Want To Know What To Do With Myself/ La Bamba/ Then He Kissed Me/ Do
Wah Diddy Diddy/ I Want To Hold Your Hand/ My Boy Lollipop/ Da Doo Ron
Ron/ Memphis Tennessee/ You're No Good/ The Rise Of The Brighton Surf/
The Lonely Rocker/ Theme For A Mod's Summer Night Dream/ I Wanna Be Your
Man/ Chapel Of Love.
Avant de créer son propre label, le producteur des Rolling Stones
avait réalisé divers essais néo-spectoriens avec
des reprises de succès américains et des délires
concoctés avec Kim Fowley. Pour ces exercices, il avait employé
ses protégés, les Stones, et divers musiciens de studio
qui commençaient à se faire un nom sur la place. Ainsi John
Paul Jones est crédité pour les arrangements et Jimmy Page
peut s'en donner à coeur-joie sur la version instrumentale de "Memphis
Tennessee" ou à la distorsion sur "I Wanna Be Your Man".
D'autres simples du Andrew Oldham Orchestra et dérivés feront
appel au talent du guitariste sans qu'on puisse exhaustivement les citer
(Vashti, Bo & Peep, Adrienne Posta ... ).
Octobre 1964 – Pretty Things : Don't Bring Me Down/We'll Be Together.
SP Fontana TF 503.
La participation de Jimmy Page à ce deuxième simple est
très hypothétique.
Octobre 1964 – Cliff Richard : The Twelth Of Never/I'm Afraid To
Go Home. SP Columbia DB 7372. Jimmy joue de l'harmonica sur "The
Twelth Of Never", à cette séance du 23 juin 1964, au
studio Abbey Road. Il est peu probable qu'il soit revenu le 24 juillet
pour la face B.
Novembre 1964 – Beat Chics : Skinny Minnie/ Now I Know. SP Decca
F 12016.
Ce simple supervisé par Mike Smith, producteur attitré chez
Decca, joint au classique du rock de Bill Haley, remis au jour par les
groupes beat de Hambourg, une composition originale de Jimmy Page, "Now
I Know". D'ailleurs, ces cinq accortes rockeuses (dont Ann Bridgeman
et Christine Lee) ont surtout connu la gloire au Star-Club, sur l'exemple
des Liverbirds, habillées en lamés et coiffées à
la Shangri-Las.
Novembre 1964 – Jackie DeShannon : Don’t Turn Your Back On
Me/Be Good Baby.
SP Liberty LIB 10175.
Devant le succès des interprétations de ses compositions
par les groupes anglais, Jackie DeShannon est invitée à
faire la première partie de la tournée américaine
des Beatles, en 1964. Liberty ne manque pas l'occasion pour publier un
album sous le titre abusif de "Breakin' It Up On The Beatles Tour".
Cette connexion l'entraîne à effectuer un voyage en Angleterre,
afin d'y enregistrer. C'est en studio que se lie une romance avec Jimmy,
ce qui les conduira à composer de nombreux titres et d'en enregistrer
quatre pour Jackie en octobre. Parmi ceux-ci figurent "Don't Turn
Your Back On Me", "I Remember The Boy", "Dream Boy"
(hommage au guitariste ?) et un autre qui pourrait être "Be
Good Baby" ou "It's Love Baby".
Novembre 1964 – Dave Berry : One Heart Between Two/You're Gonna
Need Somebody. SP Decca F 12020 - Me-O-My-O/St. James's Infirmary/If You
Need Me/Ella Speed. EP Decca DFE 8601 - Dave Berry (LP Decca LK 4653):
The Crying Game/ Not Fade Away/ I Don't Want To Go On/ Ella Speed/ The
Girl From The Fair Isle/ Go On Home/ Everybody Tries/ God Bless The Child/
Memphis Tennessee/ On The Other Side Of Town/ Go Home Girl/ My Last Date/
St. James's Infirmary/ Just A Little Bit/ See See Rider/ Don't Make Fun
Of Me.
En tant que session man très prisé par les producteurs de
chez Decca, Page se retrouve aux côtés ou en alternance avec
Big Jim Sullivan, sur la plus grande partie de ces disques, qui glissent
plus vers le beat que les premiers simples au R&B furieux.
Novembre 1964 – Blue Rondos : Little Baby/Baby I Got For You. SP
Pye 7N 1573.
Cette attribution est vivement contestée. Elle repose sur un article-hommage
au producteur Joe Meek, écrit par Richard Williams dans le Melody
Maker au début des années 70, qui faisait remarquer que
le jeu de guitare ressemblait à celui de Page. Mike Stubbs, guitariste
et chanteur des Blue Rondos, témoigne que Jimmy n'était
pas dans le studio quand ils ont enregistré, mais que Roger Hall
serait le véritable responsable. Mike Stubbs rejoindra ensuite
les Syndicates. Alors, à vous de juger !
Novembre 1964 – Jimmy Powell & The Dimensions : Sugar Babe/I've
Been Watching You. SP Pye 7N 15735.
Ce vétéran de la scène rock anglaise taquine le succès
avec la reprise de ce tube américain. C'est encore une de ces séances
à laquelle Page participe en renfort.
Novembre 1964 – McKinleys : That Lonely Feeling/Sweet And Tender
Romance.
SP Parlophone R 5211.
Une autre séance alimentaire de folk-variété, sans
grand intérêt pour les fans de notre héros.
Novembre 1964 – Lulu & The Luuvers : Here Comes The Night/ That's
Really Some Good. SP Decca F 12017.
C'est la première fois que cette composition du producteur américain
Bert Berns figure en face principale d'un simple. Malheureusement pour
Lulu, c'est la version des Thom qui rencontrera le succès quelques
mois plus tard. Dans les deux cas les interprètes sont soutenus
par la guitare de Jimmy Page.
Décembre 1964 – Them : Baby Please Don't Go/ Gloria. SP Decca
F 12018.
Le guitariste a été engagé pour couvrir les défaillances
techniques de l'irascible Billy Harrison. C'est son jeu qui mènera
à la renommée ces deux futurs classiques des Them, dont
le principal est relégué en face B !
Décembre 1964 – Lancastrians : We'll Sing In The Sunshine/Was
She Tall. SP Pye 7N 15732.
Cette reprise du succès américain de Gale Garnett devait
les amener 47ème des classements anglais. Ecrite par Barry Langtree
(le frère de Honey Langtree, batteuse des Honeycombs), la face
B n'est pas sans rappeler certaines des Kinks, grâce à la
production de Shel Talmy. Dans une interview de novembre 1965 du Melody
Maker, Jimmy Page confiait sa recette pour obtenir un son de guitare aussi
mordant. Il conseille aux apprentis guitaristes d'accorder leur instrument
de façon peu usuelle, en utilisant une sixième corde à
l'endroit où on place la cinquième, et en décalant
ainsi de suite. A la place de la corde de mi, la sixième, il recommande
d'employer une corde d'octave de banjo (qui est normalement accordée
en sol ou en la). "De cette façon, explique Jimmy, toutes
les cordes sont sous la même tension. Vous obtenez ainsi cet authentique
son blues dévastateur que vous pouvez entendre sur la plupart des
disques pop, avec un son de cordes tirées".
1964 – Long John Baldry : Long John's Blues (LP United Artists ULP
10811) : Got My Mojo Working/ Gee Baby Ain't Good To You/ Roll'em Pete/
You're Breaking My Heart/ Hoochie Coochie/ Everyday (I Have The Blues)/
Dimples/ Five Long Years/ My Babe/ Times Are Getting Tougher Than Tough/
Goin' Down Slow/ Rock The Joint.
Ancien comparse d'Alexis Korner et Cyril Davies, Long John Baldry s'entoure
des Hoochie Coochie Men, des anciens Blues Incorporated qui n'ont pas
eu la chance d'intégrer les Rolling Stones. Même si non crédité
sur la pochette de l'album, Jimmy Page vient donner un coup de main à
ses anciens et respectables comparses.
Décembre 1964 – Lulu & The Luuvers : Heatwave/ What's
Easy For Two Is So Hard For One/ Trouble With Boys/ Nothing Loft To Do
But Cry. EP Decca DFE 8597.
Enregistré en même temps que l'album qui sortira peu de temps
après, cet EP vaut surtout par la reprise des deux titres Tamla
Motown sur lesquels Lulu excelle, ainsi que son comparse d'un jour, Jimmy
Page.
1965
Janvier 1965 – Primitives : You Said/How Do You Feel. SP Pye 7N
15755.
La guitare fuzz de Jimmy est le complément idéal au son
sauvage des Primitives, dans la lignée des plus grands groupes
de rhythm'n'blues. Même sans Page, ils étaient excellents,
alors la combinaison des deux ne pouvait qu'être explosive; un summum
dans le jeu première période du guitariste.
Janvier 1965 – First Gear : The In Crowd/Gotta Make Their Future
Bright. SP Pye 7N 15763.
Comme leur premier simple, celui-ci est produit par Shel Talmy, "The
In Crowd" est une reprise du classique de Dobie Gray, tandis que
"Gotta Make Their Future Bright" est un des véhicules
employés par Talmy pour arrondir ses fins de mois (comme il a déjà
réarrangé "Bald Headed Woman", pour les Kinks,
les Who ou les Sneekers). Le jeu de Page est nerveux et inventif, tout
au service du combo supporté. Un de ses grands moments resté
inégalé.
Janvier 1965 – Who : I Can't Explain/Bald Headed Woman. SP Brunswick
05926.
Pete Townshend a toujours reconnu la participation du guitariste sur,
"I Can't Explain". Jimmy Page: "Shel Talmy se sentait très
responsable des musiciens de séance qu'il utilisait, parce que,
la plupart du temps, on n'avait pas du tout besoin d'eux. Par exemple,
on n'avait pas besoin de moi à la séance du " I Can't
Explain" des Who, mais j'y étais. Et tout ce que j'ai réussi
à y faire, c'est de m'intégrer à une ou deux phrases
musicales de la face B. Shel Talmy avait pris l'habitude de garder des
gens comme moi en réserve dans le cas où /e groupe serait
défaillant à quelque niveau que ce soit".
Janvier 1965 – Tom Jones : It's Not Unusual/To Wait For Love. SP
Decca F 12062.
Pour le premier succès du chanteur gallois, Page retrouve son ancien
mentor, Big Jim Sullivan, qui restera au service de l'homme-au-catogan,
alors que Jimmy prendra la route plus risquée de l'expérimentation.
Janvier 1965 – Billy Fury : I'm Lost Without You/You Botter Believe
It Baby. SP Decca F 12048.
Encore une de ces séances alimentaires ! Le personnage de Billy
est charmant, mais son répertoire manque de nerf.
Février 1965 – Marianne Faithfull : Come And Stay With Me/What
Have I Done Wrong ?.
SP Decca F 12075.
La relation de Jimmy Page avec Jackie DeShannon sera productrice de titres
pop dignes des productions du Brill Building. Grâce à ses
relations avec Andrew Loog Oldham et Mike Leander, Marianne Faithfull
est une des premières bénéficiaires de l'apport du
guitariste et de sa talentueuse complice pour son troisième simple,
celui de la consécration, "Come And Stay With Me". C'est
sur l'autre face, "What Have I Done Wrong ?" que le guitariste
brille par sa technique et de discrets effets de guitare rythmique.
Février 1965 – Herman's Hermits : Silhouettes/ Can't You
Hear My Heart Beat ?. SP Columbia DB 7475.
Portés au pinacle lors de leur entrée en scène, puis
descendus en flamme parce que ça n'était pas eux qui jouaient
sur les disques, les Hermans Hermits bénéficient en effet
de l'apport guitaristique de Jimmy Page sur ces deux standards d'origine
américaine. Ce dernier ne revendiquera pas cette contribution embarrassante
à son image de guitar hero de Led Zeppelin. Pourtant le charme
demeure... et il a fait pire !
Février 1965 – Bobby Graham : Skin Deep/Zoom, Widge And Wag.
SP Fontana TF 521.
Avec la complicité de son parrain dans le métier, Jimmy
Page réalise un simple sous son nom et deux pour le batteur Bobby
Graham. Leur équipe était tellement unie qu'on ne pouvait
envisager d'engager l'un sans l'autre. Si la batterie est omniprésente,
les interventions de la guitare sont un peu cachées par l'éclat
des cuivres. Page est cosignataire de l'un des morceaux. Un peu décevant
tout de même.
Février 1965 – Heinz & The Wild Boys : Diggin' My Potatoes/She
Ain't Coming Back.
SP Columbia DB 7482.
Encore une séance produite par Joe Meek et attribuée à
Jimmy. Une fois de plus, l'inspiration du guitariste est écrasée
par la mégalo du producteur.
Février 1965 – Dave Berry : Little Things/I've Got A Tiger
By The Tail. SP Decca F 12103.
Dave Berry confie en mai 1965 à la revue Beat Instrumental: "Pour
l'enregistrement de "Little Things", la séance n'a pas
pu commencer tout de suite, et ce fut de ma faute. J'avais perdu le disque
de démonstration sur le chemin qui menait au studio Decca de West
Hampstead; aussi je dus réapprendre la chanson au lieu de l'enregistrer.
Ce fut la plus longue séance que j'ai jamais dû faire, en
plus j'ai dû réenregistrer une seconde voix en harmonie.
La partie solo a été jouée par Jimmy Page, avec des
choeurs féminins et deux trompettes en arrière-plan. Les
quatre types que j'utilise sont reconnus pour être les meilleurs
dans leur domaine". C'est l'une des premières fois que Page
utilise une guitare douze cordes. John Paul Jones est aussi le bassiste
épisodique des Cruisers de Dave Berry, en studio.
Février 1965 – Pretty Things : Honey I Need/I Can Never Say.
SP Fontana TF 537.
Autre participation douteuse de Page. L’association d'idée
vient sans doute du fait de la connexion Bobby Graham.
Mars 1965 – Them : Here Comes The Night/All For Myself. SP Decca
F 12355.
Page est un habitué des séances des Them. Il a probablement
joué avec eux pendant plus de temps que n'importe quel membre officiel!
On le retrouve donc sur leur seul N°l, écrit par le producteur
Bert Berns, au grand dam de Van Morrison.
Mars 1965 – Jimmy Page : She Just Satisfies/ Keep Movin'. SP Fontana
TF 533.
"Un guitariste d'exception", titrait la presse musicale spécialisée.
"Bien qu'il ne soit âgé que de 19 ans, Jimmy Page a
mérité le respect de la dure congrégation des musiciens
de studio. C'est vraiment un guitariste virtuose qui a travaillé
avec les plus grands noms du métier. Il joue aussi bien de l'harmonica,
des percussions et compose des chansons, dont huit avec Jackie DeShannon
durant un récent voyage aux Etats-Unis. Il aime aussi la musique
indienne et la peinture... qui lui procurent la paix de l'esprit. Maintenant,
Jimmy chante sur disque "She Just Satisfies", publié
récemment sur marque Fontana. Jimmy mesure 1,80 m, a des cheveux
noirs et est très bien élevé. Un décidément
brillant jeune homme; il espère seulement que son disque obtiendra
le crédit qu'il mérite. Il aime Bob Dylan et James Brown
& The Famous Flames". Une coupure de journal d'époque
commente encore: "Jimmy Page est le plus grand guitariste européen.
C'est aussi le meilleur joueur d'harmonica d'Europe. Jimmy est un phénomène.
A 19 ans, il a déjà joué de la guitare en séance
pour les Kinks, Cliff Richard, Dave Berry, PJ. Proby, Brenda Lee et Jackie
DeShannon. C'est à une de ces séances d'enregistrement que
Jimmy Page a rencontré pour la première fois Jackie DeShannon
et, depuis, elle l'a constamment encouragé et aidé à
entreprendre sa propre carrière. Jackie l'a persuadé d'enregistrer
son propre disque après l'avoir entendu s'amuser sur sa guitare,
dans le studio. Elle a même écrit des chansons avec lui.
Pas étranger aux studios d'enregistrement, Page vient d'y réaliser
lui-même son premier disque". Jimmy ajoute: "C'était
juste une expérience, vraiment. Ce simple était une plaisanterie
et ceux qui l'écoutent aujourd'hui doivent en rire. La seule excuse
que je puisse donner est que je joue de tous les instruments moi-même,
sauf la batterie. L'autre côté "Keep Movin’",
est un instrumental avec de l'harmonica, parce que je m'y intéressais
pas mal à ce moment". La face principale, "She Just Satisfies",
qui met en valeur son style d'harmonica, ressemble beaucoup à la
chanson des Kinks, "Revenge" (dont le co-auteur est Larry Page,
si on se réfère à son album instrumental, "Kinky
Music"). Le sens en est explicite quand on connaît la polémique
sur la paternité des solos du combo. Cette plage sera réadaptée
par le Ray McVay Sound, en thème générique de Ready
Steady, Go!. Malheureusement, malgré ses qualités, le disque
n'obtient que des ventes confidentielles, ce qui en fait une des pièces
les plus rares et des plus recherchées. Comme disque suivant, Jimmy
voulait enregistrer, "Every Little Thing" avec un accompagnement
d'orchestre mais, comme il l'explique : "On ne m'autorisa pas à
en réaliser un second !". Dans les années 80, pour
réactiver Fontana, ce simple a été réédité
dans un coffret avec d'autres 45 tours mythiques de la firme, puis en
disque compact.
Mars 1965 – Manish Boys : I Pity The Fool/Take My Tip. SP Parlophone
R 5250.
Toujours dans la lignée R&B, cet excellent 45 tours vaut surtout
pour la rencontre Jimmy Page-David Bowie, qui a failli ne pas se réaliser.
En effet, plusieurs chanteurs avaient postulé pour ce poste, dont
Steve Marriott des embryonnaires Small Faces. Davy Jones-Bowie remportera
le morceau uniquement pour sa ressemblance physique avec Keith Relf des
Yardbirds, ce qui ne lui portera pas la chance escomptée !
Mars 1965 – Mickey Finn &The Blue Men : Sporting Life/Night
Comes Down. SP Columbia DB 7510.
Non seulement Jimmy retrouve son ancien groupe pour cet enregistrement,
mais ça se passe sous l'égide de Shel Talmy, deux éléments
pour donner à ce disque un caractère particulier. D'ailleurs
Talmy signe le fabuleux "Night Comes Down", un blues classique
dans le style freak-beat, très affectionné à ce moment
(et depuis).
Mars 1965 – Lulu & The Luvvers : Surprise Surprise/Satisfied.
SP Decca F 12128.
Comme sur son premier succès, "Shout" en 1964, Page rehausse
cette interprétation énergique du - alors inédit
- morceau des Rolling Stones par un jeu de guitare pyrotechnique innovateur.
Mars 1965 – Jackie DeShannon : What The World Needs Now Is Love/It's
Love Baby. SP Liberty LIB 10202.
Depuis la fin 1964, Jackie DeShannon a établi une liaison avec
le guitariste qui, au cours des séances, devait donner quatre titres
cosignés et interprétés par le couple. Nouveau produit
de sa période anglaise avec Jimmy Page, ce simple exclusif à
la Grande-Bretagne couple un morceau de Burt Bacharach et Hal David enregistré
le 17 mars à New York, avec un original de la chanteuse. D'autres
compositions de Bacharach & David de la même période
feront l'objet de toute une série de 45 tours. La vie du couple
ayant donné lieu à de fréquents aller-retour au-dessus
de l'Atlantique, il est fort probable que Page ait effectué anonymement
des séances aux Etats-Unis où le syndicat des musiciens
interdisait très énergiquement l'emploi d'instrumentistes
étrangers. Cette hypothèse est d'autant plus plausible que
Jackie DeShannon devait réaliser cinq 33 tours de démonstration
pour la Metric Music Corporation, durant la période allant de novembre
1964 à mai 1965.
Avril 1965 – Doug Gibbons : I Got My Tears To Remind Me/I Found
Out. SP Decca F 12122.
Proche de l'entourage des Rolling Stones, le chanteur des Outsiders, Doug
Gibbons, n'avait qu'une idée : enregistrer. Personne ne sera étonné
de le retrouver sur Decca, produit par Tony Calder, sous la direction
d'orchestre de Mike Leander. Comme d'habitude avec cette équipe,
Jimmy Page se retrouve à la guitare acoustique, mais, plus surprenant
encore, comme co-auteur avec Jackie DeShannon de l'insipide ballade "I
Got My Tears To Remind Me". Ce ne sera pas sur l'autre face que Page
pourra donner libre cours à son imagination, noyé dans la
marée d'une orchestration néo-spectorienne que n'aurait
pas dénigrée Andrew Oldham. D'autres plages, qui ne verront
jamais le jour, ont aussi été réalisées lors
de ces séances: "Leave Me Alone", "She Belongs To
Me" (de Bob Dylan)... Subséquemment, Doug Gibbons reprendra
"Security", un classique garage, sous le pseudonyme de Thane
Russel (la participation de Jimmy à la guitare-fuzz n'a pu être
certifiée).
Avril 1965 – Talismen : Masters Of War/Castin' My Spell. SP Stateside
SS 408.
Ce quatuor de Cheltenham, après avoir été élu
meilleur groupe des Midlands en 1964, ne concrétisera jamais ses
espoirs malgré cette reprise de Bob Dylan produite par Shel Talmy.
Le talent de Page éclate sur le vieux classique du R&B qui
occupe l'autre face. Il est facile de jauger l'apport du guitariste en
comparant cette version à la reprise qu'ils en feront sur leur
unique album italien, quelques mois plus tard.
Avril 1965 – Marianne Faithfull : Come My Way. (LP Decca LK 4688):
Come And Stay With Me/ If I Never Get To Love You/ Time Takes Time/ He'll
Come Back To Me/ Down Town/ Plaisir D'Amour/ Can't You Hear My Heartbeat/
As Tears Go By/ Paris Bells/ They Never Will Leave You/ What Have They
Done To The Rain ?/ In My Time Of Sorrow/ I'm A Loser.
Jimmy Page n'est pas crédité sur ce LP, publié conjointement
à son alter ego de classiques folk, produit par le guitariste Jon
Mark; son nom restant inconnu à l'époque (du grand public,
s'entend) par rapport à celui de Big Jim Sullivan, des arrangeurs
producteurs Mike Leander, David Whitaker et Jon Mark, ou de l'ingénieur
du son Gus Dudgeon. Une autre figure emblématique a son mot à
dire au travers des notes de pochettes signées Andy Wickham (Andy
pour Oldham et Wickham en hommage à la productrice de Ready Steady,
Go!); et aussi producteur des deux premiers simples de Marianne, "As
Tears Go By" et "The House Of The Rising Sun". Les séances
se déroulent aux studios Landsdowne et Decca N°2, à
Londres. Déjà, le guitariste favori de tout ce joli monde
(il a été découvert par Mike Leander), Jimmy Page,
vient à l'enregistrement au bras de sa petite amie Jackie DeShannon
(cf. le simple du mois de février "Come And Stay With Me").
Elle signe ici avec lui le folk "In My Time Of Sorrow". On retrouve
aussi le guitariste avec Jim Sullivan, sur "Can't You Hear My Heartbeat"
qu'il a aussi enregistré avec les Herman's Hermits. Page se souvient
confusément de ces séances : "J'ai joué "Baby
I'm Gonna Leave You" d'après la version de Joan Baez, sur
ma six cordes, dans /e noir, en accompagnant Marianne Faithfull. On m'avait
dit que c'était un traditionnel. J'espère que c'est vrai".
Ce titre deviendra un fleuron du premier opus de Led Zeppelin. Cet enregistrement
reste inédit à ce jour. Etant donné ses connexions,
il paraît fort probable que Jimmy ait réalisé d'autres
séances pour l'égérie des Stones, sans qu'une intervention
particulière puisse être identifiée.
Avril 1965 – Jackie DeShannon : What The World Needs Now Is Love/I
Remember The Boy. SP Impérial 66110 US.
On retrouve ici une composition des séances Burt Bacharach &
Hal David de mars 1965 (pour lesquelles Jimmy Page avoue avoir joué)
et un morceau des séances d’octobre 1964, dans un couplage
unique aux Etats-Unis. Entre éditions anglaises et américaines,
la correspondance ne se fera pas immédiatement, mais ce sont finalement
les mêmes titres qui seront publiés des deux côtés
de l'Atlantique, la priorité étant donnée aux compositions
de Jackie en Angleterre, la signature Bacharach & David primant aux
USA.
Avril 1965 – Judi Smith : Leaves Come Tumbling Down/Come My Way.
SP Decca F 12132.
Cet unique simple a été écrit par Jackie DeShannon
et Jimmy Page, dans leur période folk acoustique. Il se peut que
ce soit un pseudonyme de la chanteuse américaine, qui aurait fait
ces enregistrements durant les séances du simple ou de l'album
de Marianne Faithfull "Come My Way".
Avril 1965 – Kenny & Denny : Try To Forget Me/My Little Surfer
Girl. SP Decca F 12138.
Cette production de Page pour Decca serait restée dans les oubliettes
si la renommée ne l'avait postérieurement frappé.
En effet, même s'il co-signe ces deux bluettes surf à la
Beach Boys, le genre reste assez léger pour des interprètes
britanniques ; l'évocation des plages de l'océan Pacifique
demeure embrumée malgré des harmonies recherchées.
Cette réalisation est plutôt à considérer comme
une nouvelle corde à l'arc (guitare) de notre héros.
Avril 1965 – Swinging Blue Jeans : Make Me Know You're Mine/I've
Got A Girl. SP HMVPOP 1409.
Pour eux aussi, l'heure de gloire est passée. Leurs disques n'en
demeurent pas moins de grande qualité, preuve en est la face A
avec son feeling blues/jazzy auquel contribue la guitare magique de Page.
Avril 1965 – Pretty Things : The Pretty Things (LP Fontana TL 5239).
La présence de Jimmy sur ce premier album paraît d'autant
plus aléatoire que les plages ont gardé un caractère
brut, non-policé, tout le contraire de son professionnalisme.
Mai 1965 – Vashti : Something’s Just Stick In Your Mind/I
Want To Be Alone. SP Decca F 12157.
Mick Jagger et Keith Richards sont en pleine fièvre créatrice.
Andrew Oldham découvre de nouveaux talents à la douzaine.
Pour son premier simple, Vashti a droit au traitement néo-spectorien
qui est la marque d'Oldham pendant toutes les mid-sixties.
Mai 1965 – Thee : Each And Every Day/There You Go!. SP Decca F 12163.
Musicien à tout faire dans l'équipe d'Andrew Oldham, Jimmy
Page se trouve à prêter main forte à la dernière
trouvaille du Phil Spector britannique, sur une composition originale
de Jagger & Richards. On retrouvera cette bande-orchestre sur l'album
des Rolling Stones "Metamorphosis" en 1975.
Mai 1965 – Dave Berry : Can't Get It From You/ Why Don't They Understand/
Always, Always (Yesterdays Love Song)/ He's With You. EP Decca DFE 8625.
Oubliés les influences R&B pour une variété qui
colle plus à l'image de pop-star de Dave Berry. L'accompagnement
s'en ressent.
Mai 1965 – Brenda Lee : Top Teens Hits. LP Brunswick LAT 8603.
Jimmy Page est de toutes les séances anglaises de la chanteuse
américaine qui cherche à redorer son blason avec des reprises
de succès du jour, à la mode beat.
Mai 1965 – Sean Buckley & The Breadcrumbs : It Hurts Me When
I Cry/Everybody Knows. SP Stateside SS 421.
Encore une obscurité produite par Shel Talmy sur Stateside. Si
la face principale n'est qu'une platitude destinée à profiter
du renom de compositeurs des membres des Ivy League, il en va tout autrement
pour "Everybody Knows" produit par Glyn Johns. Le monstrueux
break de guitare fuzz de Page transforme cette démarque de "Memphis
Tennessee" en pièce d'anthologie. Vince Nichols leur guitariste
rythmique raconte : "Je me souviens que, lorsque nous sommes arrivés
aux studios IBC, sur Portland Place, Jimmy Page y était aussi,
portant une casquette noire (à la mode John Lennon ou Donovan).
C'était un type vraiment gentil. Il a parlé avec nous de
guitaristes - il avait alors une grosse admiration pour James Burton.
Bien entendu il utilisait une pédale fuzz, qui sonnait tout à
fait différemment. Après coup, Kevin [Sheean, le soliste]
a découvert où Jimmy avait fait fabriquer sa fuzz box, et
s'en est procuré une. Il m'a montré quelques plans de guitare
auxquels je n'aurais jamais pensés. Là où il y avait
des harmonies vocales sur la maquette, il joua des parties de guitare
et ça sonnait vraiment bien. Je me souviens que les séances
devaient être exécutées rapidement, c'est pour ça
qu'il y avait toujours des musiciens disponibles".
Mai 1965 – Eddy Mitchell : Du Rock'n'Roll Au Rhythm'n'Blues (LP
Barclay 80259 France): J'Ai Perdu Mon Amour/ Caldonia/ La Fenêtre/
Barbe Bleue/ Rendez-Vous/ J'Avais Deux Amis/ Tu Ne Peux Pas/ Je T'En Veux
D'Etre Belle/ Personne Au Monde/ Je Ne Veux Pas Le Croire/ J'Ai Perdu
Mon Amour/ Si Tu N'Etais Pas Mon Frère.
C'est à l'occasion des séances d'enregistrement du 22 au
26 février aux studios Pye de Londres que Big Jim Sullivan introduit
son protégé Jimmy Page aux séances d'Eddy Mitchell.
Comme leur tandem est parfaitement au point (ils sont interchangeables
à la rythmique et au solo), Sullivan amène avec lui Page
pour le décharger. Les deux guitaristes se régalent sur
cette douzaine de titres sauvages où leur virtuosité éclate
à plein. On peut attribuer, sans risque de se tromper, la galopade
de guitare sur "Si Tu N'Etais Pas Mon Frère" à
Jimmy qui deviendra coutumier du fait. Mais il est vrai que le style des
deux hommes est très proche. Les autres musiciens de ces séances
sont aussi des pointures à la hauteur : Vick Flick à la
rythmique (les anciens Steelmen de Tommy Steele !), Reg Guest au piano,
Alan Weighell à la basse et Bobby Graham à la batterie.
Juin 1965 – Ben Carruthers & The Deep : Jack O'Diamonds/Right
Behind You. SP Parlophone R 5295.
Shel Talmy réalise le premier et unique disque de cet acteur en
herbe (qui a étudié à l'école de Lee Strasberg
à New York) et d'étudiants en architecture, avec le renfort
de Jimmy Page à la guitare et Nicky Hopkins au piano. Ils n'effectueront
qu'une seule prestation au Pontiac, un club de Putney dans la banlieue
de Londres. Leur organiste Ian Whiteman rejoindra par la suite les Action.
Leur titre phare, cosigné par Dylan et Carruthers, sera repris
par Fairport Convention sur leur premier album.
Juin 1965 – Dave Berry : This Strange Effect/Now. SP Decca F 12188.
Comme sur les précédents enregistrements de Dave Berry,
Jimmy Page fournit un accompagnement nuancé à ce chef-d’œuvre
inédit des Kinks. La patte de Ray Davies reste dominante, le grand
talent du guitariste reposant sur sa discrétion. Il est tout de
même à noter des effets proches de steelguitares employées
alors exclusivement dans la musique country.
Juin 1965 – Them : Them (LP Decca LK 4 700): Mystic Eyes/ If You
And I Could Be As Two/ Little Girl/ Just A Little Bit/ I Gave My Love
A Diamond/ Gloria/ You Just Can't Win/ Go On Home Baby/ Don't Look Back/
I Like It Like That/ I'm Gonna Dress In Black/ Bright Lights, Big City/
My Little Baby/ (Get Your Kicks On) Route 66.
Les Them entrent en studio au début de 1965 pour enregistrer les
morceaux de leur troisième simple "Here Comes The Night"
et commencer leur premier album "The Angry Young Them". Les
producteurs se succèdent les uns après les autres: Arthur
Greenslade (qui amènera Jimmy Page et Bobby Graham), Dick Rowe,
Tommy Scott et finalement l'Américain Bert Berns. Dans le travail,
Van Morrison se montre très exigeant et son caractère acariâtre
n'arrange pas les relations avec les autres musiciens qui se voient dépossédés
de leur groupe. Les bagarres sont fréquentes, surtout avec l'indomptable
Billy Harrison. Alors que "Here Cornes The Night" triomphe au
hit-parade, Jackie McAuley, l'organiste, claque la porte en avril, pour
être remplacé par le leader des Cheynes, Peter Bardens. En
fait Alan Henderson et Van Morrison demeurent les seuls facteurs constants.
" A chaque fois qu'un nouveau morceau était enregistré,
un membre les quittait, pour que s'y substitue un musicien de studio "
devait commenter Jimmy, qui faisait partie de ceux appelés à
intervenir pour éviter tout désastre musical. Il devait
confirmer : "J'ai joué sur tous leurs classiques "Baby
Please Don't Go" ou "Here Comes The Night" ".
Juin 1965 – Untamed : I'll Go Crazy/My Baby Is Gone. SP Stateside
SS 431.
Etrangement, comme précédemment pour les Talismen, ce simple
est produit par Shel Talmy pour le label Stateside, jusqu'alors réservé
uniquement aux productions d'outre-Atlantique. Ce succès de James
Brown est mené par Jimmy Page à la manière des Moody
Blues (et des Who ) qui ont eu le tort de garder leur version pour leur
premier LP, alors qu'elle faisait un tabac dans le monde entier. La face
B, "My Baby's Gone", est elle aussi au répertoire des
Moody Blues. Par la suite, malgré une excellente interprétation
du "It's Not True" des Who pour le label de Talmy, Planet, les
membres des Untamed devront se résoudre à se disperser.
Juillet 1965 – Outsiders : Keep On Doing It/Songs We Sang Last Night.
SP Decca F 12213.
Le groupe a été créé en 1962-63 par le guitariste
Mick Wayne, le saxophoniste John Almond (qui rejoindra John Mayall, puis
diverses formations progressives) et le chanteur Doug Gibbons (qui deviendra
Thane Russel après avoir enregistré un simple pour Decca
avec Jimmy Page et Andrew Oldham en avril 1965). Page, qui fut leur guitariste
alors qu'il poursuivait des études artistiques au collège
d'Epsom, est l'auteur des deux titres qu'il produit sous le patronage
de Andrew Loog Oldham. Malgré la prestigieuse signature, ces deux
faces beat sont quelconques. Devant cet échec, Mick Wayne rejoindra
les Hullaballoos de Hull (appréciez le jeu de mot) à la
place de leur chanteur peroxydé Ricky Knight, après leur
aventure américaine ; puis les Bunch Of Five du dilettante Viv
Prince (qui vient de quitter les Pretty Things), pour aller plus tard
fonder Junior Eyes.
Juillet 1965 – Lulu & The Luvvers : Something To Shout About
(LP Decca LK4719): You Touched Me Baby/ You'll Never Leave Her/ I'll Come
Running Over/ Not In This Whole World/ She Will Break Your Heart/ Can
I Got A Witness ?/ Tell Me Like It Is/ Shout/ Try To Understand/ Night
Time Is The Right Time/ Chocolate Ice/ Be In Love/ The Only One/ Dream
Lover/ He's Sure The Boy I Love/ Leave A Little Love.
Jimmy Page a été engagé par les deux directeurs musicaux
Mike Leander et Reg Guest, avec lesquels il travaille depuis longtemps,
afin de suppléer aux carences du groupe d'accompagnement de la
pétulante Lulu. On ne retrouve les Luvvers que sur quatre titres
de l'album, Page se chargeant du reste. L'œuvre est composée
de bon nombre de classiques, en fait le répertoire de scène
de la chanteuse. Même si le jeu de Jimmy est parfois noyé
sous des orchestrations pseudo-spectoriennes un peu lourdes, ses interventions
font toujours preuve d'inventivité malgré leur brièveté.
"Something To Shout About" demeure le meilleur enregistrement
de la Brenda Lee britannique. Les idées qu'il exprime avec sa guitare
sur "He's Sure The Boy I Love" restent avant-gardistes pour
l'époque.
Août 1965 – Fifth Avenue : Bells Of Rhymneys /Just Like Anyone
Would Do. SP Immediate IM 002.
L'honneur de cette deuxième publication du label d'Andrew Loog
Oldham (après "Hang On Sloopy" des McCoys) revient à
Jimmy Page qui la produit et joue sur les deux faces.
Jimmy parle de ses influences en folk acoustique : "J'étais
allé voir Bert Jansch à Les Cousins (une boîte folk),
juste au moment de l'édition de son second 33 tours, en juin 1965,
et il était formidable, il l'était vraiment. Si seulement
il avait continué à jouer en solo après ! Bert était
celui qui avait le toucher, il était le plus aventureux et le plus
compliqué dans sa technique. Vous n'avez qu'à écouter
des choses comme "Alice's Wonderland" ou "Finches"
- du premier disque de Bert Jansch - elles sont si complexes et pleines
de timings étranges. Oui, Bert Jansch m'a beaucoup impressionné,
son premier LP en particulier est fantastique du début à
la fin ".
Août 1965 – Nico : I'm Not Saying/The Last Mile. SP Immédiate
IM 003.
Jimmy Page produit et co-écrit la face B de ce simple, avec Jackie
DeShannon, pour la protégée de Brian Jones. Comme pour Marianne
Faithfull précédemment, Andrew Loog Oldham fut plus frappé
par la fragile beauté de la chanteuse que par son talent artistique.
Lorsque le simple échoue dans sa tentative de conquérir
les classements britanniques, l'égérie allemande part tenter
sa chance à New York sous l'égide d'Andy Warhol et du Velvet
Underground. La suite appartient à la légende.
Septembre 1965 – Jackie DeShannon : A Lifetime Of Loneliness/Don't
Turn Your Back On Me. SP Impérial 66132 US.
Une première réalisation avait déjà fait l'objet
d'un simple anglais en novembre 1964 et une seconde en avril 1965. La
correspondance entre les simples américains et les anglais se fera
dans le plus complet désordre. Cette publication adjoint, à
un inédit de Burt Bacharach & Hal David des séances
new-yorkaises du 17 mars 1965, un enregistrement britannique d'octobre
1964. On retrouvera trois de ces titres sur un EP français (Polydor
27767), soit "What The World Needs Now Is Love", "I Remember
The Boy", "Be Good Baby" et, "Don't Turn Your Back
On Me".
Septembre 1965 – Jackie DeShannon : A Lifetime Of Loneliness/I Remember
The Boy. SP Liberty LIB 12019.
Le simple correspondant en Angleterre voit le couplage d'un morceau de
mars 1965 avec un inédit d'octobre 1964, déjà paru
aux Etats-Unis en avril.
Septembre 1965 – Gregory Phillips : Down In The Boondocks/That's
The One. SP Immédiate IM 004.
Comme pour le 45 tours Pye de 1964, Jimmy Page fait une démonstration
de guitare acoustique sur "Down In The Boondocks" de James Royal.
Septembre 1965 – Masterminds : She Belongs To Me/Takin' My Love.
SP Immédiate IM 005.
La mode est au folk-rock depuis l'avènement de Bob Dylan et le
succès des Byrds avec "Mister Tambourine Man". Comme
Shel Talmy avant lui, Andrew Oldham tente sa chance dans ce domaine avec
le soutien de Jimmy Page. Succès manqué pour les Turtles
aux USA, l'interprétation britannique ne procure pas plus de gloire
aux Masterminds.
Septembre 1965 – Herman's Hermits : Herman's Hermits (LP Columbia
33 SX 1727): Heartbeat/ Travelin' Light/ I'Il Never Dance Again/ Walkin'
With My Angel/ Dream On/ I Wonder/ For Your Love/ Don't Try To Hurt Me/
Tell Me Baby/ I'm Henry Eight, I Am/ The End Of The World/ Mrs. Brown,
You've Got A Lovely Daughter.
Les participations de Jimmy Page aux enregistrements des Herman's Hermits
sont multiples et assez difficiles à identifier (bien qu'il soit
omniprésent; les disques des Herman's Hermits étant qualifiés
de Led Zeppelin sans la voix), tellement elles sont dépersonnalisées
par le producteur Mickie Most. Alors fort des succès rencontrés
par ses réalisations pour les Animals et les Nashville Teens, Most
prend en charge la destinée du parfait groupe pour teenyboppers,
dès 1964. Ses espoirs sont vite confirmes par la réception
reçue aux Etats-Unis. A ce niveau, il faut produire au moins un
tube tous les deux mois, c'est pourquoi il fait appel à son équipe
de musiciens de studio chevronnés : Big Jim Sullivan, Jimmy Page,
John Paul Jones et Bobby Graham. Les Herman's Hermits ont déjà
publié deux albums de l'autre côté de l'Atlantique
avant que ce best of ne paraisse en Angleterre. Il couple des succès
("I'm Henry The Eight [I Am]", "Mrs. Brown You've Got A
Lovely Daughter") avec des reprises de classiques ou de succès
par d'autres ("Heartbeat", "Travelin' Light", "I'll
Never Dance Again", "For Your Love", "The End Of The
World" ou "Walking With My Angel"). Il est sur que l'équipe
interviendra sur d'autres simples, EP et albums de la même époque;
Jimmy Page arrêtant ses contributions après "No Milk
Today" et son intégration chez les Yardbirds.
Septembre 1965 – London All Star : British Percussion (LP Barclay
BB 86 France): Stop The Drums/ Mexican Shuffle/ Coming Home Baby/ Drum
Stop/ Watermelon Man/ More/ Beefeater/ Image/ Night Train/ Spanish Armada/
Lord Byron Blues/ Salvation.
Cette production de Bobby Graham pour Barclay a été réalisée
le 23 février 1965 au studio Pye de Londres, en plein milieu de
la conception de l'album d'Eddy Mitchell "Du Rock'n'Roll Au Rhythm'n'Blues".
On y retrouve la crème des musiciens de séance: Alan Weighel
(basse), Jimmy Page (guitare solo), Johnnie McLaughlin (guitare rythmique),
Kenny Salmon (orgue), Arthur Greenslade (piano), Ronnie Verrall - lui
aussi ex-Steelmen - et Andy White (batteries), Fric Allan et Barry Morgan
(percussions), Arthur Watts (contrebasse), Jim Buck senior et junior (cors
anglais), Stan Roderick, Ray Davis (pas celui des Kinks), Albert Hall
et Bert Ezzard (trompettes), Johnnie Edwards, Keith Christie et Gib Wallace
(trompettes ténor), Jack Thurwell (trombone basse), Keith Bird,
Roy Willox, Rex Morris, Bill Skeets et Don Honeywell (saxophones). Nicky
Welsh s'occupe des arrangements et Bob Auger est l'ingénieur du
son. Les standards ("Mexican Shuffle" de Herb Alpert, "Coming
Home Baby" de Mel Terme, "Watermelon Man" de Herbie Hancock
via Mongo Santamaria, "Night Train" de Duke Ellington, "Salvation"
de Johnny & The Hurricanes) se partagent l'album avec quelques compositions
originales dont trois cosignées par Page et Graham ("Stop
The Drums", "Drum Stomp" et "Lord Byron Blues").
Curieusement, ce ne sera pas obligatoirement sur celles-là que
le guitariste jouera en solo. Le 33 tours vaut surtout pour ses trois
interventions sur, "Corning Home Baby", "Lord Byron Blues"
et "Salvation". Bobby Graham déclare au dos de la pochette:
"Sur "Lord Byron Blues" figure à mon avis l'un des
plus grands guitaristes anglais, Jimmy Page. Ecoutez simplement le sound
de ce garçon qui n'a que 18 ans (et qui est déjà
un des tout premiers musiciens de séance)". En fait Page est
âgé de 21 ans.
Septembre 1965 – Chris Andrews : Yesterday Man/Bad You Don't Want
Me. SP Decca F 12236.
Jimmy Page épaule l'ex-Chris Ravel sur son premier grand succès
dont l'originalité découle d'un rythme ska.
Septembre 1965 – Hedgehoppers Anonymous : It's Good News Week/Afraid
Of Love. SP Decca F 12141.
Page traverse alors une période purement alimentaire. Ce groupe
vocal composé de trois anciens de la RAF, produit par le présentateur
radio polémiste Jonathan King, y trouve un succès plus lié
au caractère novelty de la chanson qu'à ses qualités
purement musicales.
Septembre 1965 – Hairy Ones : Get Off Of My Cloud/ Gloria/ It's
My Life/ Ring Dang Doo. EP Barclay 70898 France.
Avec un contrat de directeur artistique, depuis qu'il contribue violemment
au devenir rock'n'rollesque d'Eddy Mitchell, Bobby Graham approvisionne
Barclay avec des productions certes intéressantes mais dont la
renommée ne dépassera jamais les portes de la maison de
disques. Ce qui nous vaut a posteriori de beaux sujets de collection.
Ce super 45 tours en est le meilleur exemple. La crème des musiciens
de studio - Alan Weighel (basse), Jimmy Page (guitare solo), John McLaughlin
(guitare rythmique), Kenny Salmon (orgue), Bobby Graham (batterie) - fatiguée
de jouer pour les autres, interprète ici ces mêmes succès,
sous un pseudonyme ridicule. Rolling Stones, Them, Animals, Sam The Sham
& The Pharaohs sont prétextes à un défoulement
énergique digne des interprétations originales. On reconnaît
sans peine le jeu de guitare identique à celui des Them que Page
administre au riff de "Gloria". Seul regret, le chanteur n'a
pu encore être identifié.
Octobre 1965 – Pickwicks : Little By Little/I Took My Baby Home.
SP Warner Bros WB 151.
Le troisième et dernier essai de ce combo excentrique de Coventry
bénéficie de la production de Shel Talmy, de la guitare
de Jimmy Page, des signatures des Rolling Stones et des Kinks, ce qui
ne l'empêche pas de sombrer dans l'anonymat le plus complet. Pourtant
une bien belle production, mais déjà trop tard pour l'époque.
Octobre 1965 – Val Venton : Gotta Get Away/You Don't Love. SP Immediate
IM 008.
Autre séance Immédiate, sans autre précision. En
tout cas, il ne s'agit pas de la reprise du titre des Stones.
Octobre 1965 – Golden Apples Of The Sun : The Monkey Time/Chocolate
Rolls, Tea And Mononoly. SP Immediate IM 010.
La face B du premier disque de ce groupe seul n'a rien à voir avec
eux. Suivant la vieille méthode de Phil Spector (maître à
penser de Andrew Oldham), les musiciens maison (Jimmy Page, John Paul
Jones Baldwin à la basse, Nicky Hopkins au piano, etc.) exécutent
un instrumental anonyme qui fait aujourd'hui l'intérêt de
ce 45 tours.
Octobre 1965 – John Mayall & The Bluesbreakers : I'm Your Witchdoctor/Telephone
Blues. SP Immediate IM 012.
Ces deux plages de John Mayall furent produites pour un simple ultra rare
sur Purdah, le premier label de Mike Vernon, le futur créateur
de Blue Horizon ; puis reprises par Immédiate. Le style d'Eric
Clapton est à son apogée, s'exprimant avec de longs hululements
de guitare de une ou deux notes. On comprend que Jimmy Page ait été
subjugué par les possibilités de la guitare Les Paul, dans
les mains d'un tel virtuose.
Octobre 1965 – Mick Softley : I'm So Confused/ She's My Girl. SP
Immediate IM 014.
Jimmy produit ces deux faces pour le premier simple de son ami, chanteur
de folk, qu'il accompagne en picking à la guitare acoustique.
Octobre 1965 – Mockingbirds : You Stole My Love/Skit Skat. SP Immediate
IM 015.
Le groupe de Graham Gouldman et Kevin Godley (futurs Ten CC) ne rencontre
pas le succès, alors que leurs compositions pour les autres (Yardbirds,
Hollies, Herman's Hermits ... ) les portent au pinacle. Cette séance,
produite par Giorgio Gomelsky et Paul Samwell-Smith des Yardbirds, bénéficie
de l'apport vocal de Julie Driscoll et de la guitare de notre héros.
Une alternative de l'accompagnement de "You Stole My Love" figurera
sur le double CD américain "Little Games" des Yardbirds
et leur sera attribuée à tort ! Incidemment, les Gaëlic
adapteront le titre en français : "C'Est Pas Normal".
Octobre 1965 – Jimmy Tarbuck : Someday/Some Wastin' Time. SP Immediate
IM 018.
Présentateur vedette, comédien et ami d'Andrew Oldham, ce
dernier ne pouvait lui refuser la production d'un simple, avec un inédit
de Mick Jagger & Keith Richards, sur des orchestrations d'Arthur Greenslade.
Jimmy Page fait partie de l'équipe.
Octobre 1965 – Philippa Lewis : Just Like In The Movies/Get Along
Without You. SP Decca F 12152.
Une autre participation de Page pour Decca, en tant que directeur musical
pour cette composition de Jackie DeShannon. Il n'est pas exclu que ce
soit un pseudonyme de la chanteuse, alors sous contrat chez Liberty.
Octobre 1965 – Dick Rivers : Je L'Ai Aimée Avant Toi/ Couleurs/
J'Ai Peur Du Jour/ Chacun Prenait Maria Dans Ses Bras. EP Pathé
EG 905 France.
Très branché sur la pop anglaise des mid-sixties, Dick Rivers
réussit l'adaptation de très belles ballades, grâce
aux orchestrations de Paul Piot, exécutées à Londres
par Norrie Paramor, l'arrangeur attitré de Cliff Richard. Dick
se souviendra de la participation de musiciens de séances prestigieux
dont Jimmy Page à l'harmonica (!) sur "Couleurs", la
composition de Donovan. Il est fort probable qu'il ait exécuté
d'autres séances pour notre rocker, se partageant la tâche
avec Big Jim Sullivan.
Octobre 1965 – Dave Berry : I'm Gonna Take You There/Just Don't
Know. SP Decca F 12258.
L'équipe habituelle des studios Decca officie une fois de plus
pour cette romance du vampire de la pop britannique.
Novembre 1965 – Glyn Johns : Mary Anne/Like Grains Of Yellow Sand.
SP Immediate IM 020.
Depuis le temps qu'il côtoyait l'ingénieur du son dans les
séances organisées par Shel Talmy, Jimmy Page ne pouvait
refuser à son collègue l'apport de sa guitare sèche
en accompagnement de ballades folk inspirées par l'époque.
Ce ne sera pas dans la chanson que fera carrière Glyn Johns qui
repassera très vite de l'autre côté des consoles.
Novembre 1965 – Fleur De Lys : Moondreams/Wait For Me. SP Immediate
IM 020.
Jimmy Page produit et joue sur les deux faces. Parce que la chanson manquait
d'accroche mélodique suffisante, Pete Townshend s'improvise critique
d'un jour pour le Melody Maker. A l'écoute des premières
mesures de "Moondreams", une reprise de Buddy Holly, il pense
tout d'abord à Peter & Gordon ! Lorsqu'on lui donne la réponse,
le mod en colère s'exclame : "Bon, je m'excuse auprès
d'Andy et Jimmy, mais je pense que ça ne vaut rien ". Les
Fleur De Lys retiendront la leçon puisqu'ils choisiront, pour leur
simple suivant "Circles" de... Pete Townshend !
Novembre 1965 – Chris Andrews : To Whom It Concerns/It’s AIl
Up To You Now. SP Decca F 22285.
La présence discrète de Page ne suffit pas à faire
de ce follow up, le tube tant espéré. Chris Andrews devra
reprendre sa plume de compositeur pour Adam Faith et Sandie Shaw.
Novembre 1965 – Eddy Mitchell : Perspective 66 (LP Barclay 80290
France) : Et Tu Pleureras/ Elle Détruit Les Garçons/ Tu
Ferais Mieux De L'Oublier/ Je Lui Raconte Ma Vie/ Aux Yeux De Ton Amour/
To Be Or Not To Be/ Je N'Ai Qu'Un Cœur/ Rien Qu'Un Seul Mot/ Serrer
Les Dents/ Tu Es Le Seul/ Revoir Encore/ Et S'il N'En Reste Qu'Un.
A cette époque, on ne chômait pas. Les séances succédaient
aux séances et les albums aux albums. L'évolution d'Eddy
Mitchell est moins rock'n'roll, mais plutôt variété
de qualité comme Tom Jones, certaines ballades des Beatles, Sonny
& Cher, les premières compositions personnelles... ou des Rolling
Stones. Eddy Mitchell amorce un tournant, mais en gardant le son des meilleurs
musiciens britanniques (cf. les séances de février), toujours
avec Bob Auger comme ingénieur du son, Jean Bouchety aux arrangements
et Jean Fernandez à la production. Pour la reprise de "It's
Not Unusual" de Tom Jones, il se paie les mêmes musiciens que
le Gallois! La même équipe, avec le trio des Breakaways aux
chœurs, se retrouve donc au studio Pye où Jimmy Page a amené
son nouveau jouet, une boite de distorsion. S'il ne peut l'employer qu'avec
parcimonie ("Et S'il N'En Reste Qu'Un"), parfois il se fait
franchement plaisir : "Rien Qu'Un Seul Mot", la reprise de "Satisfaction".
La distorsion sera la spécialité de Jimmy Page, Big Jim
Sullivan restant réfractaire à son utilisation. Durant les
mêmes séances, il se laisse aller à une jam-session
mémorable avec Eddy Mitchell dans une version sursaturée
de "What'd I Say" de Ray Charles. On retrouvera le titre couplé
avec "Les Filles Des Magazines" (de la même séance)
sur un (faux ?) 45 tours pirate début 1970, alors que Page est
devenu célèbre; puis officiellement sur le volume 1 de la
première anthologie du chanteur (Barclay 920 243).
Décembre l965 – In Betweens : Feel So Fine/Take A Heart/
Little Nightingale/ You Don't Believe Me. EP Barclay 70907 France.
Dave Hill de Slade (ex-In Betweens) raconte: "Nous avons enregistré
ce super 45 tours pour le marché français, quand Bobby Graham,
le batteur de séances qui officiait aussi comme talent scout chez
Barclay, vint prospecter dans les Midlands. Il y découvrit les
In Betweens et nous enregistra aux studios Pye de Marble Arch. Jimmy Page
vint à une séance et nous amena "Little Nightingale",
un morceau qu'il avait écrit et qui fut intégré à
cet EP". Les souvenirs de Dave sont un peu confus, car c'est "You
Don't Believe Me" que Jimmy co-signe avec Bobby Graham et Phil May,
le chanteur des Pretty Things.
Décembre 1965 – Pretty Things : Get The Picture (LP Fontana
TL 5280): You Don't Believe Me/ Buzz The Jerk/ Get The Picture/ Can't
Stand The Pain/ Rainin' In My Head/ We'Il Play House/ You'Il Never Do
It Baby/ I Had A Dream/ I Want Your Love/ London Town/ Cry To Me/ Gonna
Find A Substitute.
Pour l'enregistrement du deuxième album des Pretty Things, la présence
du batteur Viv Prince se fait de plus en plus aléatoire. L'ex-batteur
des Outlaws, Bobby Graham, est engagé pour les séances;
il assume la co-paternité de deux morceaux : "You Don't Believe
Me" (avec Phil May et Jimmy Page) et "Can't Stand The Pain"
(avec Phil May et Dick Taylor). Page est aussi recruté comme second
couteau. Cloué au lit par la maladie à la veille d'une tournée
scandinave (où il est remplacé par Billy Harrison des Them),
Dick Taylor doit être relayé durant certaines séances.
Le spécialiste de la guitare en distorsion étant Jimmy Page,
il ne semble pas utopique de lui attribuer la partie de fuzz de "Buzz
The Jerk". L'équipe Graham/Page ajoute une puissance grandiose
à la folie des Pretty Things.
Décembre 1965 – Pretty Things : Midnight To Six Man/Can't
Stand The Pain. SP Fontana TF 647.
Autre participation contestable de Jimmy Page. Le style de Dick Taylor
est inimitable, lui-même a parfois du mal à reproduire ce
qu'il a créé.
... 1965 – Paul Anka : To Wait For Love/Behind My Smile. SP RCA
1434.
Toute vedette américaine (déclinante) se doit de ramener
dans ses bagages un disque réalisé sur le Vieux Continent
où toute leur gloire est demeurée intacte. Pour ce faire,
on choisit toujours les meilleurs studios et les meilleurs musiciens.
Il est tout à fait normal de retrouver Jimmy Page sur la galette
de l'ancien teenager-crooner. Voir Brenda Lee, les Everly Brothers ou
Burt Bacharach.
... 1965 – Burt Bacharach : Hit Maker! Plays The Burt Bacharach
Hits. LP London HAR 8233.
Venu enregistrer à Londres un album typiquement british, le compositeur
arrangeur américain ne pouvait que s'entourer de la crème
des musiciens de séance britanniques. Dans le cas présent,
il est possible que l'avis de Jackie DeShannon ait été décisif.
...1965 – Jackie DeShannon : Don't Turn Your Back On Me. LP Liberty
LBY 1245.
Ce 33 tours de la chanteuse américaine bénéficie
d'une collaboration active de Jimmy Page, comme les autres simples de
cette époque.
1966
Janvier 1966 – Paul : Will You Follow Me/Head Death. SP Polydor
BM 56045.
Nouveau mystère parmi les énigmes de la carrière
du guitariste. Sous ce prénom anodin se cache une composition de
Bedford, arrangée et produite par Jimmy Page et publiée
par James Page Music.
Janvier 1966 – Them : Them Again (LP Decca LK4751): Could You, Would
You/ Something You Got/ Call My Name/Turn On Your Lovelight/ I Put A Spell
On You/ I Can Only Give You Everything/ My Lonely Sad Eyes/ I Got A Woman/
Out Of Sight/ It's All Over Now, Baby Blue/ Bad Or Good/ How Long Baby/
Hello Joséphine/ Don't You Know/ Hey Girl/ Bring'em On In.
Ce LP est réputé pour contenir quatre plages enregistrées
par Van Morrison seul avec des musiciens de studio dont Page. Il est complété
par un nouveau combo formé autour de Van Morrison et du bassiste
Alan Anderson, mais Jimmy Page a toujours son mot à dire. En quelque
sorte, comme Van Morrison, il contribue à l'unité de l'album
!
Janvier 1966 – Lulu : Call Me/After You. SP Decca F 12326.
Lulu adapte son répertoire au goût d'un plus large public
avec ce titre de Tony Hatch et Jackie Trent, compositeurs attitrés
de Petula Clark. Malheureusement, sa version rock est supplantée
par celle, plus bossa-nova, de Chris Montez. Petula Clark récupèrera
le morceau pour en faire un des chevaux de bataille de son répertoire.
Et Page dans tout ça ?
Janvier 1966 – Lancastrians : The World Keeps Going Round/Not The
Same Anymore. SP Pye 7N 17043.
Jimmy Page a déjà effectué des séances pour
ce groupe de variété folk, produit par Shel Talmy. Cette
reprise d'un titre du premier album des Kinks surnage au-dessus de leur
production habituelle.
Janvier 1966 – Dave Berry : If You Wait For Love/Hidden. SP Decca
F 12337.
Une nouvelle séance pour la star dont le style est maintenant passé
de mode et son attirance pour le R&B n'est plus au goût du jour.
Mars 1966 – Charles Dickens : So Much In Love/Our Soul Brother.
SP Immediate IM 025.
Même si la face principale est une composition de Mick Jagger &
Keith Richards, inédite à ce jour, interprétée
par un photographe de mode dans un style à la Beach Boys (la seconde
obsession de Andrew Oldham reposant sur Brian Wilson), l'intérêt
du disque repose sur le blues instrumental de la deuxième face.
Bien que créditée à Charles Dickens, la supercherie
sera éventée lors de la publication du volume trois de la
série "Blues Anytime", en 1969, où on retrouve
l'instrumental "Our Soul Brother" sous l'appellation "Steeling",
joué, en 1965, par les All Stars de feu Cyril Davies, soit Carlo
Little (batterie), Cliff Barton (basse), Nicky Hopkins (piano), tous trois
anciens Savages, plus Jimmy Page (guitare rythmique et production) et
Jeff Beck (guitare slide). Une première fois signé Dickens,
une seconde Page, l'instrumental rappelle "Surfin' Steel" de
Chuck Berry. Jeff Beck restera coutumier du fait, "Chuck's Boogie"
devenant "Jeff's Boogie" sur une face B de simple des Yardbirds.
Mars 1966 – Bobby Graham : Teensville/Grotty Drums. SP Fontana TF
627.
Troisième simple des frères de séance, ce 45 tours,
dont la face B est co-signée par Jimmy Page, ne comprend pas d'intervention
en solo du guitariste. On en revient au son big band de l'album du London
All Star. Par la suite, Bobby Graham se retirera du monde des sessions
pour se spécialiser dans le management.
Mars 1966 – Them : Call My Name/Bring'em On In. SP Decca F 12355.
Ce nouveau disque propose, avec les ré enregistrements par le groupe,
"Call My Name" et "Bring'em On In". Le premier titre
est plus étoffé avec son habillement de chœurs féminins
autour de riffs de guitare incisifs dus à la maestria de Jimmy
Page. Van Morrison chante les couplets dans un ordre différent
avec beaucoup plus de sincérité que sur l'autre version.
De même l'interprétation de la face B est plus percutante,
grâce à un feeling jazzy bien développé. Cette
sauvage réactualisation de deux titres du second 30 cm, malgré
une publication sur un rare EP français, ne redressera pas la barre
de la carrière déclinante des Them.
Avril 1966 – Jackie DeShannon : Come And Get Me/Splendor In The
Grass. SP lmperial 66171 US.
La face A fait suite à une lignée de succès dus à
Burt Bacharach & Hal David. Elle a été enregistrée
à Londres, ainsi que "Windows And Doors" (qui fera l'objet
du simple Imperial 66196, le 29 juillet suivant, couplé avec "So
Long Johnny"), sous la direction du chef d'orchestre qui emploie
les meilleurs session men, dont Page, ainsi que les chœurs des Breakaways.
La face B est une maquette réalisée avec les Byrds.
Avril 1966 – Michel Polnareff : La Poupée Qui Fait Non/ Chère
Véronique/ Beatnik/ Ballade Pour Toi. EP DiscAZ EP 1024 France.
Comme pour les séances d'Eddy Mitchell, l'arrangeur Jean Bouchety
organise celles du premier super 45 tours de Michel Polnareff, avec les
mêmes musiciens (Big Jim Sullivan, Jimmy Page à la distorsion,
Vick Flick et Alan Parker à l'accompagnement, Reg Guest au piano,
Alan Weighel à la basse et Bobby Graham à la batterie).
Le style de Polnareff se prête bien à un son british beat.
Penser que la guitare du héros est l'argument majeur de "Beatnik"
reste séduisant.
Avril 1966 – Neil Christian & The Crusaders : That's Nice/ She’s
Got The Action/ I Like It/ Let Me In. EP Riviera 231 161 France.
Alors qu'il a été signé sur Strike, le label du producteur
des Sorrows, Miki Dallon, Neil Christian publie en France le super 45
tours "That's Nice" où figure cette version de "I
Like It", menée de main de maître par son ancien guitariste.
Il est intéressant d'écouter l'un des meilleurs solistes
sur deux reprises des Sorrows signées et produites par Miki Dallon.
Par ailleurs, la compilation parue sur Répertoire en 1992 fait
état de "When I Was Sixteen", une version instrumentale
inédite de "Let Me In", enregistrée lors de la
même séance, en 1965.
Avril 1966 – Fleur De Lys : Circles/So Come On. SP Immediate IM
030.
Curieusement, le second simple des Fleur De Lys est un titre de Pete Townshend
(cf. la critique du premier). Bien que Page ne soit pas crédité
cette fois sur l'étiquette, il rajoute à la reprise des
Who quelques riffs de guitare acérés.
Mai 1966 – Twice As Much : Sittin' On A Fence/Baby I Want You. SP
Immediate IM 033.
Jimmy Page calque note pour note la partie de guitare acoustique douze
cordes, déjà enregistrée par les Rolling Stones pour
l'album inédit "Could You Walk On The Water". Ce duo
folk, dans la lignée de Simon & Garfunkel, grimpe en haut des
classements avec cette production de Mick Jagger.
Juin 1966 – Chris Farlowe : Out Of Time/Baby Make It Soon. SP Immediate
IM 035.
Une fois encore, Page est l'exécutant de l'œuvre stonienne
qui propulse Chris Farlowe au sommet. Les séances se sont déroulées
le samedi 30 avril précédent au studio Pye, sous l'égide
du chanteur des Stones. Jimmy assure les parties de guitare fuzz, en compagnie
de Joe Moretti (guitare), Reg Guest (piano), Eric Ford (basse), Andy White
(batterie) et Sidney Sax (qui dirige la section de cordes). Richard Anthony
en réalise la version française, "Baby", sur un
accompagnement similaire, enregistré lui aussi à Londres.
Il n'est pas exclu que Page fasse partie de cette nouvelle équipe
gagnante.
Jimmy possède maintenant un son caractéristique grâce
à sa légendaire Black Beauty: "Je l'ai depuis des années
maintenant. J'avais acheté une guitare qui n'allait pas bien et
que j'ai dû rapporter au magasin. Ils avaient cette Les Paul en
vitrine. Je n'en avais jamais vue avant et le vendeur m'a dit qu'ils l'avaient
depuis pas mai de temps déjà. J'ai tout de suite pensé:
elle est pour moi ! Elle avait un look étrange, inhabituel, elle
était là depuis plusieurs semaines et elle semblait n'intéresser
personne. A présent tout le monde en veut une, Gordon Waller de
Peter & Gordon a été jusqu'à m'en proposer 500
£, mais sans succès. J'utilise comme ampli un ensemble Wallace
que m'a donné Chris Farlowe, avec des hauts parleurs de 30 cm de
diamètre. C'est une sono assez vieille qu'employait Bobby Taylor
le premier guitariste des Thunderbirds. Quand je la branche, je suis toujours
impressionné par le son que je peux en tirer. A leur époque
les Thunderbirds étaient révolutionnaires".
Mai 1966 – Danyel Gérard : Je N'Aime Pas Quand/Regarde/Tu
Me Souris, Tu Ne Dis Rien/Les Petits Rats. EP DiscAZ EP 1042 France.
Pour satisfaire à la mode lancée par Eddy Mitchell, Lucien
Morisse se rend au studio Pye de Londres pour mettre en boite le nouveau
super 45 tours de Danyel Gérard dont la carrière a besoin
d'une relance. Le pianiste arrangeur Arthur Greenskade est chargé
de la mise en place de la séance, soutenu par le batteur Bobby
Graham, Bob Auger officiant comme ingénieur du son. Si on peut
difficilement créditer Jimmy Page de l'accompagnement simpliste
à la guitare douze cordes de "Je N'Aime Pas Quand", le
contre chant à la guitare électrique sur "Les Petits
Rats" lui ressemble plus. D'après Danyel Gérard, d'autres
morceaux de la même séance dormiraient dans ses archives.
Vu la qualité de la production, l'intérêt de ces plages
dans la carrière de Page demeure anecdotique.
Juin 1966 – Michel Polnareff : Love Me. Please Love Me/ L'Amour
Avec Toi/ Ne Me Marchez Pas Sur Les Pieds. EP DiscAZ EP 1053 France.
Après un coup d'essai unanimement reconnu, Polnareff enregistre
son coup de maître au studio Pye, avec la même équipe
augmentée de Big Jim Sullivan (guitare) et de Charles Blackwell
aux arrangements. Le style beat de "Ne Me Marchez Pas Sur Les Pieds"
laisse une part prédominante aux guitares, une expérience
qu'on regrette de ne pas avoir vécue avec Ronnie Bird. Il est possible
que la séance ait produit aussi certaines plages du premier album
de Michel Polnareff (DiscAZ LPS 11, novembre 1966), mais Jimmy Page n'a
pas pu participer à toutes pour cause de tournée américaine
avec les Yardbirds qu'il a intégrés en juillet 1966.
Juin 1966 – Creation : Making Time/Try And Stop Me. SP Planet PF
116.
Après avoir produit les Kinks et les Who, pour donner des lettres
de noblesse à Planet, son label nouvellement créé,
Shel Talmy pense avoir trouvé dans les ex-Mark Four le groupe de
demain. Comme d'habitude, il assure ses arrières au studio IBC,
en amenant avec lui ses requins préférés: Glyn Johns
à la console, Bobby Graham à la batterie, Nicky Hopkins
au piano et Jimmy Page à la guitare. Devant la maestria du soliste
des Creation, Eddie Phillips, Page se contente d'apporter son soutien
à la guitare rythmique.
Shel Talmy : "Mettre en place trois ou quatre plages en trois heures
était une affaire d'honneur. Pour la partie à l'archet,
avec le larsen, j'ai dû faire quelques overdubs. Les effets à
l'archet de "Making Time" ont donc été rajoutés;
mais Eddie Phillips les avait réalisés sans difficulté
dès la première prise. Je ne disposais que de trois pistes,
aussi on ne pouvait progresser que deux pistes après deux pistes
en mixant tout sur la première". Jimmy Page se souviendra
plus tard de cette séance. Il n'y aura pas perdu son temps, puisqu'il
repiquera l'idée du solo de guitare à l'archet qu'il expérimentera
chez les Yardbirds, quelques mois après. Il est fort probable que
Page figure aussi sur les titres du EP français correspondant,
"Biff Bang Pow" et l'instrumental "Sylvette", qui
n'est autre qu'une version sans chant de "Leaving Here" qui
fait parallèlement le bonheur des Who et des Birds.
Juin 1966 – Dave Berry : Mama/Walk Walk, Talk Talk. SP Decca F 12435.
Il s’agit là de la dernière séance que Page
effectue pour cet étrange personnage. C'est un coup de maître,
puisqu'il s'agit sans doute de son plus grand succès.
Juin 1966 – Paul Samwell-Smith Orchestra.
Dans son N°38 de juin 1966, la revue Beat Instrumental fait état
de la dernière politique des Yardbirds, consistant à publier
chacun un disque en solo. Le premier est Keith Relf avec "Mr. Zero"
de Bob Lind, le suivant Jeff Beck avec une version instrumentale de "Summertime"
de Gershwin (non éditée) et le troisième Paul Samwell-Smith.
Un entrefilet est ainsi libellé : "Paul Samwell-Smith des
Yardbirds projette d'enregistrer un EP entièrement instrumental
très bientôt. Il va probablement reprendre "See My Friends"
de Ray Davies ainsi que trois autres originaux. Il se promet de ne pas
faire appel aux cuivres, aux cordes ou à tout autre gimmick. Les
instruments qu'il a l'intention d'employer sont le clavecin et la guitare
douze cordes. Il tient particulièrement à un son clair et
cristallin. Les musiciens qui vont jouer à ces séances au
studio CTC sont Arthur Greenslade (claviers), Big Jim Sullivan et Jimmy
Page (guitares). Le produit fini sera publié par Columbia sous
le nom de Paul Samwell-Smith Orchestra". Depuis, on attend toujours.
Juillet 1966 – Donovan : Sunshine Superman/The Trip. SP Epic 5-10045.
Cet enregistrement est totalement innovateur pour son temps. Réalisé
en décembre 1965 sous l'égide de Mickie Most, au studio
Abbey Road, des conflits juridiques retarderont sa sortie jusqu'en juillet
1966 aux Etats-Unis, puis en France et, en janvier 1967, en Angleterre
(Pye 7N 17241). Page partage les parties de guitare électrique
avec Eric Ford; l'arrangeur John Cameron s'occupe des claviers, Spike
Healey de la basse, Bobby Orr de la batterie et Tony Carr des percussions.
Sur le simple, les solos de Page sont raccourcis pour rester aux alentours
de la barre fatale des trois minutes.
Juillet 1966 – Everly Brothers : Two Yanks In England (LP Warner
Bros WS 1646): Somebody Help Me/ So Lonely/ Kiss Your Man Goodbye/ Signs
That Will Never Change/ Like Everything Before/ Pretty Flamingo/ I've
Been Wrong Before/ Have You Ever Loved Somebody/ The Collector/ Don't
Run And Hide/ Fifi The Flea/ Hard Hard Year.
Comme beaucoup d'artistes américains avant eux, les Everly Brothers
viennent se ressourcer en Grande-Bretagne, alors leader international
en matière de pop music. Ils sont accueillis à bras ouverts
par leurs plus grands admirateurs, les Hollies, qui leur ont concocté
huit compositions originales. Les meilleurs musiciens des studios sont
de la partie dans ces séances hommage qui ne produiront pas le
coup de fouet escompté. Page est de ceux-là. Peut-être
à cause de trop de respect, les musiciens restent bridés,
alors qu'on leur demandait un déferlement d'énergie. Ce
non-événement honorable sera suivi par d'autres albums de
reprises qui témoigneront de la toujours très haute qualité
des interprétations des frères Everly.
Jimmy Page ajoute : "J'ai toujours écouté des gens
comme James Burton et Scotty Moore, et les Everly Brothers avaient un
bon steel-guitariste (sur des plages comme "Lucille" ou I'm
Not Angry") nommé Johnny Day. Je leur avais demandé
qui c'était parce que tout le monde disait que c'était Chet
Atkins et je ne le pensais pas. Mais j'étais particulièrement
intéressé par chacun de ces guitaristes - les plus authentiques
- qui savaient jouer en tirant sur les cordes".
Juillet 1966 – Crispian St. Peters : Follow Me (LP Decca LK4805):
Your Love Has Gone/ Jilly Honey/ When We Meet/ My Little Brown Eyes/ It's
A Funny Feeling/ So Long/ You Were On My Mind/ But She's Untrue/ Goodbye
To You/ Willingly/ Without You/ That's The Way I Feel/ That Little Chain/
The Pied Piper.
Produit par David Nicholoson, cet album de folk-rock est enregistré
sur la lancée des deux simples qui se sont classés en Angleterre
: "You Were On My Mind"/ "What I'm Gonna Be" (Decca
F 12287, novembre 1965) et "The Pied Piper"/ "Sweet Dawn
My True Love" (Decca F 12359, mars 1966); Chose rare pour l'époque,
les musiciens sont crédités au verso de la pochette. Aux
côtés de Jimmy Page, Big Jim Sullivan, Alan Parker ou Vic
Flick aux guitares, on trouve Rex Bennet à la batterie, Russ Stableford
ou Ronnie Seabrooke à la basse, Harry Stoneham au piano et à
l'orgue, Don Honeywill au saxophone et Eddie Mordue au piccolo. Crispian
St. Peters signe lui-même douze des titres de cet album (mais pas
les succès) qui se veut novateur par son inspiration country &
western.
Août 1966 – Al Stewart : The Elf/Turn Into Earth. SP Decca
F 12467.
L'amour de la guitare acoustique rapproche Page du chanteur folk Al Stewart,
et de ce premier simple naît une longue amitié (et de nombreuses
contributions). La face B est une reprise d'un original des Yardbirds
(sur l'album anglais "Roger The Engeneer"), ce qui s'explique
car le producteur n'est autre que Paul Samwell-Smith, leur bassiste que
Jimmy Page vient de remplacer à cette époque charnière.
Août 1966 – Twice As Much : Step Out Of Line/Simplified. SP
Immediate IM 036.
Même équipe, mais échec, le nom de Mick Jagger ayant
disparu de la production, malgré la présence de Jimmy Page.
Septembre 1966 – Tommy Vance : You Must Be The One/Why Treat Me
This Way. SP Columbia DB 7999.
Fort de sa renommée de DJ à Radio London, Tommy Vance, comme
beaucoup de ses collègues, se laisse tenter par la chanson. Il
s'y essaiera à deux reprises avec chaque fois une composition de
Jagger/Richards. La connexion Rolling Stones-Immediate lui permet de bénéficier
de l'apport de Page pour ce premier simple. Devant le peu de succès
de ces tentatives, il doit se faire une raison et, après le sabordage
des stations pirates, intègre les rangs de Radio One.
Septembre 1966– Pinkerton's Colours : Magic Rocking Horse/It Ain't
Right. SP Decca F 127493.
Le succès de ce groupe pop résidait autant dans l'emploi
original d'une autoharp que dans la qualité de leur premier disque,
"Mirror, Mirror", dans le style novelty. Après un premier
flop avec le simple suivant, l'apport de Jimmy Page ne suffit pas pour
sauver le troisième.
Septembre 1966 – Donovan : Sunshine Superman (LP Epic LN 24217 US)
: Sunshine Superman/ The Legend Of A Child Girl Linda/ Three King Fishers/
Ferris Wheel/ Bert’s Blues/ Season Of The Witch/ The Trip/ Guinevre/
The Fat Angel/ Celeste.
Jimmy Page a participé, en alternance avec Eric Ford, à
la majorité de ces enregistrements effectués au studio Abbey
Road en même temps que ceux du simple de juillet, aux côtés
de l'arrangeur attitré de Donovan, John Cameron, avec Spike Healey,
Bobby Orr et Tony Carr. Cet album paraîtra sous cette forme aux
Etats-Unis, en France et dans les autres pays où Donovan est distribué
par Epic, mais pas en Angleterre.
Septembre 1966 – Herman's Hermits : No Milk Today/My Reservations
Been Confirmed. SP Columbia DB 8012.
Ce simple est le dernier pour lequel Page apporte sa contribution... et
le seul de Herman's Hermits qu'il revendique, tellement son succès
a été important en Europe ! Mickie Most n'a pas lésiné
sur les moyens: un des meilleurs auteurs, Graham Gouldman, une section
de cuivres menée par un arrangeur de renom, John Paul Jones, et
le meilleur guitariste du moment qui vient d'être engagé
par les Yardbirds. Le rock de l'autre face est un vigoureux hommage à
Chuck Berry, co-écrit par le groupe et le management, dans lequel
on aimerait reconnaître la guitare de notre héros.
Septembre 1966 – Mark Murphy : Who I Can Turn To. LP Immédiate
IMLP/IMSP 004.
Un des premiers albums du label d'Andrew Oldham. Comme musicien directeur
artistique maison, Page y participe. Il aurait déjà joué
sur son premier 33 tours, "Mark Time" (Fontana TL 5217), et
probablement sur les simples de la même période si la supposition
s'avérait vérifiée: "High On Windy Hill"/
"Broken Heart" (Fontana TF 572) et "(Ain't That) Just Like
A Woman"/ "Do You Wonder If I Love You" (Fontana TF 803).
Une des plages les plus intéressantes demeure la reprise folk de
"She Loves You".
Septembre 1966 – Dave Berry : The Special Sound Of Dave Berry. (LP
Decca LK 4823) (So Goes Love/ + 3 titres).
Cet album de variété pop mid-sixties a été
enregistré en partie avec Jimmy Page avant qu'il ne raccroche en
juillet, pour entériner l'énorme succès du simple
"Mama". Malgré d'excellents auteurs comme Gerry Goffin
& Carole King ("So Goes Love"), les ventes ne suivent pas
et Decca sera conduit à éditer un 30 cm budget-price deux
mois plus tard.
Octobre 1966 – Cliff Richard & The Shadows : Time Drags By/La
La La Song. SP Columbia DB 8017.
Jimmy Page chez les Shadows ? C'est presque le cas puisqu'il assure les
séances du recyclage variété de l'Elvis Presley anglais
à l'harmonica! Sans intérêt pour les fans du guitariste.
Octobre 1966 – Yardbirds : Happening Ten Years Time Ago/Psycho Daisies.
SP Columbia DB 8014.
Chris Dreja (des Yardbirds) explique : "Il était certain que
Jimmy en avait assez de faire des séances, et qu'il souhaitait
tourner pour jouer devant un public. Il semblait très facile à
vivre, toujours souriant, mais il y avait d'autres choses derrière
ces apparences, c'était quelqu'un de très compliqué.
Quand il devint évident que c'était un état de fait,
il fut content de rester même si ça n'était pas avec
son instrument de prédilection ; il se contenta tout de même
de tenir la basse. Je pense qu'il aimait l'idée d'être un
membre du groupe". Page a intégré les Yardbirds en
juillet 1966, pour la tournée américaine d'août. Jimmy
raconte : "J'ai joué de la basse sur "Psycho Daisies"
et il existe une histoire intéressante relative à "Happening
Ten Years Time Ago". On était dans le studio à attendre
que Jeff Beck arrive, et Keith Relf avait ce petit passage enregistré
sur son magnétophone, cette espèce de riff répétitif
pour la chanson. J'ai travaillé le riff et la structure du morceau,
et c'était au point avant même que Beck ne soit là.
Il a rajouté sa partie de guitare là-dessus, et c'était
dans la boîte. Et je pense que ça avait bonne allure".
Il y a aussi le double solo mémorable sur "Stroll On"
(le morceau enregistré pour la bande du film "Blow Up",
bien qu'on y voit Page jouer de la basse) avec Jeff Beck sur sa Les Paul
standard et Jimmy Page sur sa Telecaster crème. Pour l'anecdote
le bassiste sur "Happening Ten Years Time Ago" n'est autre que
John Paul Jones.
Novembre 1966 – Twice As Much : Own Up (LP Immediate IMLP/IMSP 007):
I Have A Love/ Help/ Is This What I Get For Loving You Baby/ Night Time
Girl/ Life Is But Nothing/ The Spinning Wheel/ Happy Times/ Sha La La
La Lee/ We Can Work It Out/ As Tears Go By/ The Time Is Right/ The Summers
Ending/ Play With Fire/ Why Can't They All Go And Leave Me Alone.
Comme pour leurs simples, Jimmy Page fait preuve d'une grande maîtrise
de la guitare folk douze cordes, dans un mélange de chansons originales
et de reprises.
Décembre 1966 – Nicky Scott : Backstreet Girl/Chain Reaction.
SP Immediate IM 045.
Désireux de profiter de la renommée des Stones, Nicky Scott
se lance dans la course au succès avec cet emprunt au futur LP
"Between The Buttons". La présence de Page se fait surtout
remarquer par le riff de guitare de la face B, sur la composition des
Twice As Much.
Décembre 1966 – Andrew Oldham Orchestra : The Rolling Stones
Songbook (LPDecca LK 4796): Blue Turns To Grey/ (I Can't Get-No) Satisfaction/
You Better Move On/ Time Is On My Side/ Heart Of Stone/ As Tears Go By/
Play With Fire/ Theme For A Rolling Stone/ Tell Me (You're Coming Back)/
Congratulations/ The Last Time.
Afin de capitaliser sur la popularité de son groupe, alors au zénith,
Andrew Oldham publie un album instrumental de quelques-uns des succès
des Rolling Stones, en y incorporant une de ses compositions en hommage.
La magnifique photo de pochette entretiendra l'ambiguïté sur
la participation réelle des Stones. Jimmy Page et les autres musiciens
de studio se cantonnent à leur habituel rôle d'exécutants.
Décembre 1966 – Dave Berry : One Dozen Berry (LP Ace Of Clubs
ACL 1218): Hey Little Girl/ Round And Round/ Casting My Spell/ Girl From
The Fair Isle/ Fanny Mae/ If You Wait For Love/ Sweet And Lovely/ I've
Got My Tears To Remind Me/ Baby, It's You/ Run My Heart/ I Love You Babe/
Heartbeat.
N'ayant plus les mêmes faveurs du public, ce troisième album
de Dave Berry est édité dans l'urgence par la sous-marque
de Decca. C'est en fait un patchwork de chutes des précédentes
séances sur lesquelles figure Page. Les reprises R&B sont excellentes,
l'équipe de notre héros s'en donne à cœur joie.
Par contre, les morceaux variété qui ont fait la gloire
du chanteur ont moins bien vieilli, malgré le travail de Mike Smith,
le producteur attitré de Dave Berry. Les signatures sont impressionnantes:
Charles Blackwell, Chuck Berry, E. &A. Johnson, Roy Brown, Burt Bacharach
& Hal David, Bobby Goldsboro, Bob Montgomery et Norman Petty (via
Buddy Holly) et les comparses des studios d'enregistrement : le guitariste
folk Mick Softley, le pianiste arrangeur Reg Guest... et le guitariste
Jimmy Page. Pour ce dernier, il s'agit en fait d'une ballade qu'il a co-écrite
début 1965, avec sa petite amie d'alors, Jackie DeShannon, pour
Doug Gibbons : "I've Got My Tears To Remind Me".
Décembre 1966 – Bachelors : Bachelors Girls (LP Decca LK
4827).
La connexion avec ce groupe vocal, mi-variété mi-folk, date
des premières productions de Shel Talmy. C'est avec eux qu'il se
fit un nom dans le milieu du disque britannique.
... 1966 – Savoy Brown Blues Band : I Tried/I Can't Quit You Baby.
SP Purdha 45-3503.
Certainement un des enregistrements des plus rares et des plus passionnants
de Page. Le groupe est signé par la maison d'édition d'Andrew
Oldham, pour laquelle Page travaille. "I Tried", composition
originale du groupe, est publiée par James Page Music. Le premier
disque de ce combo de blues (voir Jackie Lynton) pour le petit label du
producteur Mike Vernon, n'a en effet été tiré qu'à
quelques centaines d'exemplaires. C'est sans doute de cette séance
que viendra l'idée de réenregistrer le classique de Willie
Dixon "I Can't Quit You Baby" sur le premier album de Led Zeppelin,
deux ans plus tard. Ces mêmes séances donnent lieu à
la mise en boite de deux inédits signés par Memphis Slim:
"Cold Blooded Woman" et "True Blue".
1967
Février 1967 – Brian Jones : Tot Und Mordschlag.
La bande originale du film " A Degree Of Murder ", qui devait
représenter l'Allemagne au Festival de Cannes, ne sera jamais publiée
en album. Pourtant, cette œuvre écrite par Brian Jones pour
son ex-petite amie (et actrice principale du film), Anita Pallenberg,
est du plus grand intérêt: elle constitue la seule création
enregistrée du guitariste des Rolling Stones. Les séances
se sont déroulées du 5 septembre 1966 au 11 février
1967, avec la contribution de Brian Jones au sitar, clavecin, harpe, clarinette,
harmonica.... Jimmy Page à la guitare, Nicky Hopkins au piano,
Peter Gosling (vieil ami de Bill Wyman et chanteur de Moons Train) au
chant pour l'unique chanson (un boogie), Kenny Jones (des Small Faces)
à la batterie et Mike Leander à la direction de l'orchestre
à cordes.
Février 1967 – Donovan : Epistle To Dippy/Preachin' Love.
SP Epic 5-10127 US.
La carrière de Donovan subit un décalage étrange
entre les Etats-Unis et l'Angleterre. Alors que "Mellow Yellow"
vient à peine d'être édité en Grande Bretagne,
les USA et la France bénéficient d'un nouveau simple qui
ne verra même pas le jour dans sa mère patrie, "Epistle
To Dippy". Les séances datent de décembre 1966, à
Londres, toujours avec Mickie Most qui a réuni autour de Donovan:
Jimmy Page à la guitare électrique, John Cameron aux claviers,
Danny Thompson à la basse et Tony Carr à la batterie.
Mars 1967 – Scott McKay : I Can't Make Your Way/Take A Giant Step.
SP Columbia DB 8147.
Cet ancien Blue Caps de Gene Vincent a essayé à plusieurs
reprises son peu de talent sur quelques simples obscurs. Lors de la seconde
tournée américaine des Yardbirds de l'été
1966, il se retrouve comme guitariste de Wayne Newton. Comme il ne sait
pratiquement pas jouer, son rôle consiste à balancer l'instrument
sur son ventre et faire le pitre pour amuser la galerie. Les Yardbirds
succombent à ses extravagances et se lient d'amitié avec
lui. Ils auront souvent du mal à s'en débarrasser. Cela
conduit Jim McCarthy et Chris Dreja à le produire et l'accompagner
pour un très rare simple anglais, extrait de leur dernier album.
Si la présence de Jeff Beck paraît douteuse, celle de Jimmy
Page ne l'est pas. Il participera plus tard à un autre simple de
Scotty McKay, édité seulement aux Etats-Unis.
Mars 1967 – Donovan : Mellow Yellow (LP Epic LN 24239 US): Mellow
Yellow/ Writer In The Sun/ Sand And Foam/ The Observation/ Bleak City
Woman/ House Of Jansch/ Young Girl Blues/ Museum/ Hempstead Incident/
Sunny South Kensington.
Devant le succès de "Mellow Yellow" aux USA (dont une
grande partie repose sur l'arrangement de John Paul Jones), le label américain
de Donovan décide de la publication imminente d'un nouvel album
pour l'Amérique et aussi la France. Comme cela est alors fréquent,
il est composé de bric et de broc, c'est-à-dire le dernier
simple gonflé avec des chutes de séances produites par Mickie
Most au studio Abbey Road, en l'occurrence celles avec Jimmy Page en 1966.
On retrouve Harold McNair à la flûte, John Cameron aux claviers,
Danny Thompson et Spike Healey à la basse, Bobby Orr à la
batterie et Tony Carr aux percussions. Les mêmes séances
produiront "Museum" que Mickie Most fera enregistrer à
d'autres protégés de son écurie, Herman's Hermits,
alors en manque de tubes. Une version alternative par Donovan verra le
jour en 1992 sur la compilation CD "Troubadour 1964-1976" (Epic
Legato 487 481-2).
Avril 1967 – Jeff Beck : Hi Ho Silver Lining/Beck's Bolero. SP Columbia
DB 8151.
Jimmy Page n'intervient que sur l'instrumental "Beck's Bolero",
qu'il signe par ailleurs. Cette plage a été enregistrée
-alors que les deux guitaristes sont encore chez les Yardbirds, bien que
les dissensions existent déjà. Ils répètent
alors leur effet stéréophonique de double guitare solo.
Comme chez les Who ça n'allait pas mieux, et qu'ils s'étaient
séparés momentanément, Pete Townshend et Roger Daltrey
d'un côté, Keith Moon et John Entwistle de l'autre, les deux
guitaristes avaient envisagé la création d'un nouveau groupe
avec la rythmique des deux dissidents. Seul résultera de ce projet
cette plage construite sur un riff de Jimmy, emprunté au "Bolero"
de Ravel, avec Jeff Beck et Page aux guitares, Nicky Hopkins au piano,
John Paul Jones à la basse, Aynsley Dunbar et Keith Moon à
la batterie.
Jimmy se souvient : "J'étais dans la cabine de contrôle
et Jeff jouait. Bien qu'il prétende le contraire, j'ai écrit
le morceau. J'ai joué les accords saccadés à la guitare
douze cordes tandis que Beck assurait les parties électriques en
glissando, puis j'ai rejoué autour des effets et autres expérimentations.
L'idée est venue du "Bolero" de Maurice Ravel. Il s'y
rattache un sentiment de drame. C'est très bien ressorti Il faut
dire que nous avions une bonne équipe". Incidemment, Keith
Moon avait déjà trouvé un nom pour leur entreprise
: Led Zeppelin. Page ne pourra s'empêcher de citer ce morceau dans
le solo de "Dazed And Confused".
Avril 1967 – Yardbirds : Little Games/Puzzles. SP Columbia DB 8165.
Jimmy Page se retrouve comme guitariste soliste en titre des Yardbirds,
après le départ de Jeff Beck. Il peut enfin donner libre
court à son inspiration, encouragé par le producteur Mickie
Most.
Jimmy raconte : "Je connaissais John Paul Jones (qui travaillait
pour Mickie Most, en cette moitié des années 60) par les
séances. Il avait même réalisé pour "Little
Games" cet arrangement de violoncelles".
Juin 1967 – Yardbirds : Ha Ha Said The Clown/Tinker Tailor Sailor.
SP Epic 10204 US.
Jimmy Page évoque cette séance : "Pour ces deux plages
("Ha Ha Said The Clown" et "Ten Little Indians"),
on s'est fait avoir. Ça s'est passé comme ça: Mickie
Most nous a dit: "Pourquoi n'essaieriez-vous pas de faire "Ha
Ha Said The Clown" (qui était un succès pour Manfred
Mann en Angleterre) dans le style des Yardbirds ?" Et nous avons
répondu : "Ne sois pas stupide". Mais il a insisté
: "Allez, essayez donc, c'est une expérience intéressante.
Si ça ne marche pas, on l'effacera". Bien sûr aussitôt
enregistré, ça a été publié bien que
le résultat ne soit pas terrible".
Juillet 1967 – Scotty McKay Quintet : The Train Kept A-Rollin'/Theme
From The Black Cat. SP Falcon 101 US.
Ancien choriste de Gene Vincent à la fin des années 50,
Scotty McKay tourne en première partie des Yardbirds durant leurs
derniers périples américains. Cette carte de visite favorise
une amitié avec les membres du groupe qui produisent et l'accompagnent
sur un simple à son profit. Plus tard, Scotty enregistre cette
version de "The Train Kept A Rollin’" qu'il envoie à
Page. Obligeamment, ce dernier rajoutera un superbe solo de guitare à
ce thème qu'il a joué tant de fois avec les Yardbirds. Le
simple est distribué localement aux Etats-Unis, ce qui en fait
sa rareté. Ce geste prouve encore une fois la classe du guitariste
plus intéressé par la musique et ses amis que le profit
qu'il aurait pu en tirer.
Août 1967 – Yardbirds : Ten Little Indians/Drinking Muddy
Water. SP Epic 10248 US.
Jimmy Page : "Et puis, pour parfaire le tout, après "Ha
Ha Said The Clown", on est tombé dans le même piège
pour "Ten Little Indians" de Harry Nilsson, mais, au moins,
on a réussi à réaliser des effets originaux sur celui-là.
C'est le type de chose quia miné la confiance du groupe jusqu'à
le conduire à la séparation".
Août 1967 – Yardbirds : Little Games (LP Epic BN 26313 US):
Little Games/ Smile On Me/ White Summer/ Tinker, Tailor, Soldier, Sailor/
Glimpses/ Drinking Muddy Water/ No Excess Baggage/ Stealing, Stealing/
Only The Black Rose/ Little Soldier Boy.
Jimmy Page : "Sur la moitié des plages, on ne pouvait pas
même entendre le play-back, ça a été des premières
prises. C'est comme ça que ça a été fait :
nous pouvions passer du temps pour les simples, mais Mickie Most [le producteur]
pensait que les albums ne représentaient rien, juste un truc à
coller derrière un 45 tours". Dans cette mosaïque de
chansons pop ou de plagiats ("Drinking Muddy Water" = "Rollin'n'Tumbling"),
l'instrumental acoustique "White Summer" deviendra une pierre
angulaire du répertoire de Led Zeppelin.
Octobre 1967 – Johnny Hallyday : San Francisco/ Fleurs D'Amour Et
D'Amitié/ Mon Fils/ Psychedelic. EP Philips 437 380 France.
Micky Jones: "Johnny devait faire un album tous les six mois ou à
peu près. Et le son devait refléter ce qui se passait au
même moment, en Angleterre ou en Amérique. Ça voulait
dire que je devais me rendre à Londres pour obtenir le son anglais,
en travaillant avec Glyn Johns qui était l'ingénieur des
séances. Ça m'a permis d'acquérir pas mal d'expérience.
J'y ai fréquenté un tas de gens, notamment le guitariste
Jimmy Page. C'est lui qui joue dans "Psychedelic", je tiens
quant à moi la rythmique".
Les séances des 13,19 et 25 au 28 septembre 1967 se sont déroulées
à l'Olympic Sound et au Chappell Recording de Londres, d'une part,
et aux studios Blanqui et de la Gaieté à Paris pour le chant
et les parties en solo, d'autre part. Ces séances ont produit les
titres "Fleurs D'Amour Et D'Amitié", "San Francisco",
"Mon Fils", "Hit Parade", "Les gens de Ma Bande",
"Le Mauvais Rêve", "A Tout Casser" et "Psychedelic".
L'accompagnement est assuré par les Blackburds qui se composent
du guitariste Micky Jones et du batteur Tommy Brown, les chefs de l'orchestre,
de l'organiste Raymond Donnez, du bassiste Gérard Papillon Fournier
et de Sam Kelly aux percussions. La plupart du temps, l'enregistrement
des bases musicales a été délégué à
l'ingénieur du son Keith Grant. Il est fort plausible que Jimmy
Page soit déjà intervenu auparavant pour les enregistrements
de Johnny Hallyday, dans les séances dirigées par les arrangeurs
Reg Guest et Arthur Greenslade.
Parlant de la bande originale du film "A Tout Casser", Micky
Jones se souvient: "Glyn avait l'habitude de travailler avec Jimmy
Page. Il amena Jimmy à Paris pour jouer sur une de nos compositions
(Micky, Tommy et Georges Aber) pour la BO, intitulée "Psychedelic".
Finalement l'enregistrement ne sera pas utilisé dans le film, mais
intégré dans le EP marquant la nouvelle orientation hippie
de Johnny. Jimmy joue un solo incroyable sur ce titre expérimentant
avec l'écho et tous les effets de boîtes possibles. On peut
y voir déjà les prémices du son Led Zeppelin".
D'ailleurs, Page est co-crédité de l'arrangement avec Jones
et Brown.
Décembre 1967 – Mickey Finn : Garden Of My Mind/Time To Start
Loving You. SP Direction 583086.
1967 a été un tournant pour le british beat ; un clivage
définitif entre pop music et underground. Pris de plus en plus
par ses goûts personnels, le guitariste abandonne petit à
petit les séances alimentaires. Il clôt l'année en
beauté, par une contribution nerveuse au nouveau 45 tours de ses
anciens collègues de Mickey Finn. "Garden Of My Mind"
est une orgie de riffs de guitare sales, dans un conglomérat de
freak-beat et de psychédélisme, produit par l'Américain
Richard Gottehrer, l'âme damnée des Strangeloves. Le couplage
de ces deux compositions du chanteur Alan Mark et du guitariste Mickey
Waller forme le meilleur (et dernier) simple de ce groupe.
Décembre 1967 – Twice As Much : That's All (LP Immédiate
IMCP 013): Sittin' On A Fence/ Hey Girl/ Listen/ You're So Good For Me/
Green Circles/ Life Is But Nothing-Happy Times-Do You Wanna Dance/ True
Story/ Simplified/ Step Out Of Line/ You'll Never Get To Heaven/ Crystal
Ball/ The Coldest Night Of The Year.
Le duo Twice As Much poursuit gentiment sa carrière avec ce second
33 tours, avec la discrète contribution de Page.
... 1967 – Champion Jack Dupree : Barrel House Woman/Under Your
Hood. SP Decca F 12611.
L'heure est au retour du blues et Jimmy Page contribue aux séances
du pianiste vétéran américain (installé en
Europe), produites en Angleterre par Mike Vernon.
1968
Janvier 1968 – Yardbirds : Goodnight Sweet Josephine/Think About
It. SP Columbia DB 8368.
Jimmy Page, parlant de l'ingénieur du son qui a réalisé
leur album en public retiré du commerce (voir plus loin, en 1971)
explique: "Nous avons travaillé en studio avec le même
type, pour ce dernier simple, mais ce fut désespéré.
Je suppose parce qu'on était tellement anxieux de pouvoir concrétiser
quelque chose, ne serait-ce que pour nous prouver qu'on en était
encore capable. Je ne pouvais supporter ça plus longtemps. Pour
les amener en studio enregistrer "Think About It", la face B
de "Goodnight Sweet Josephine", un titre de Blind Woody Johnson,
ce fut un drame. Keith refusa de chanter et Jim, le batteur, dut le remplacer.
Il n'avait jamais chanté de sa vie auparavant".
Janvier 1968 – Johnny Hallyday : L'Histoire De Bonnie And Clyde/
Le Mauvais Rêve/ Mal/ Hit Parade. EP Philips 43 7 428 France.
Issu des mêmes séances que "Psychedelic", "Le
Mauvais Rêve" bénéficie de l'apport discret de
Page à la guitare à l'archet, en contre-chant, technique
qu'il a commencé à expérimenter avec les Yardbirds.
Mars 1968 – Joe Cocker : Marjorine/New Age Of The Lily. SP Régal
Zonophone RZ 3006.
Avec le Grease Band, Joe Cocker et Chris Stainton, de Sheffield, adressent
à Denny Cordell, le nouveau producteur à la mode (Procol
Harum, Move), une bande de démonstration. Ce dernier organise une
séance à Londres pour enregistrer cet hommage écrit
par Cocker à sa mère Marjorie, avec Chris Stainton (basse),
Jimmy Page et Albert Lee (guitares) et Clem Cattini (batterie). Même
si le chant en falsetto n'est pas typique de Joe Cocker, il obtient une
place honorable dans les classements, en ce début 1968.
Mars 1968 – John Williams : The Maureeny Whishfull Album. (LP Moonshine
WO 2388).
Cette œuvre étrange réalisée pour le compte
de l'ex-guitariste des Authentics (voir plus loin), qui a souvent suppléé
aux déficiences de Keith Relf chez les Yardbirds, permet à
Page de se familiariser avec les subtilités de la musique orientale.
Le chanteur s'accompagne à la guitare sèche et on peut y
découvrir des improvisations de Jimmy au sitar, en particulier
sur "Dream Cloudburst" et "Earlybird Of Morning".
L'accompagnement additionnel est de Big Jim Sullivan.
Mars 1968 – Philamore Lincoln : Running By The River/Rainy Day.
SP NEMS 56-3711.
Jimmy Page a confirmé sa participation à ces deux plages.
On retrouvera la face B sur l'album US de 1970. Si les Yardbirds ont vraiment
participé à ces enregistrements, ça ne pouvait être
qu'à leur phase ultime, pour une question de survie.
Avril 1968 – Johnny Hallyday : A Tout Casser/ Ma Vie A T'Aimer/
Cheval D'Acier/ Quand L'Aigle Est Blessé. EP Philips 437 428 France.
Troisième fleuron des séances de septembre 1967 à
Paris (cf. "Psychedelic"), "A Tout Casser", est le
titre générique du film du même nom. Sous la direction
musicale de Micky Jones et Tommy Brown, Jimmy Page s'adonne à un
solo à l'archet digne du "Dazed And Confused" des Yardbirds.
Ces titres avec Johnny Hallyday demeurent un maillon essentiel de la carrière
du guitariste qui peut enfin (exceptionnellement) donner libre jeu à
son génie créatif.
Juin 1968 – Donovan : The Hurdy Gurdy Man/Teen Angel. SP Pye 7N
17537.
Le fantastique solo de guitare est contesté par l'intéressé
lui-même, qui reconnaît avoir été sollicité,
mais qui, étant trop pris, a dû être remplacé
par le guitariste Alan Holdsworth (son nom figure bien sur la feuille
de séance). Pourtant, à l'écoute, on jurerait du
Page et du meilleur ! Dans une interview de 1998, John Paul Jones se rappelle
avoir proposé à Jimmy sa candidature au poste de bassiste
de Led Zeppelin à l'occasion des séances de "Hurdy
Gurdy Man", pour lesquelles il a été engagé
comme arrangeur.
1968 – Girl On A Motorcycle (LP Polydor 583 714).
Bande originale du film de Jack Cardiff, produit par Ronan O'Rahilly (le
propriétaire de Radio Caroline), qui réunit Alain Delon
et Marianne Faithfull qui tente de percer dans le milieu du cinéma.
La musique de ce film à l'érotisme soft est signée
par l'arrangeur compositeur Les Reed qui utilise des nappes d'orgue Hammond,
bongos et autres percussions agaçantes, bruits de motos, cordes
et sections de cuivres, dans un mélange baroque qui frise parfois
le psychédélisme. Les Reed se souvient: "J'avais l'habitude
de faire appel à trois guitaristes: Vic Frick, Jimmy Page et Big
Jim Sullivan ; et les trois ont été employés sur
cette bande originale, que ce soit en solo, en accompagnement ou en fond
sonore. J'ai utilisé Page souvent au début; s'il y avait
quoi que ce soit d'un peu spécial à réaliser il nous
fallait Jimmy". Page devait travailler sur ces séances quelques
mois avant la formation des New Yardbirds.
Juillet 1968 – Chris Farlowe : Paint It Black/I Just Need Your Lovin'.
SP Immediate IM 071.
Afin de réitérer le succès de "Out Of Time",
le producteur Mick Jagger décide de faire confiance à une
équipe gagnante. Il entoure donc son poulain de la crème
des session men menés par Page. Le succès ne sera pas tout
à fait au rendez-vous malgré une interprétation décoiffante.
Sur le même principe, Joe Cocker se paiera un décollage de
carrière fulgurant qui se poursuit encore.
Septembre 1968 – Joe Cocker : With A Little Help From My Friends/Somethings
Coming On. SP Regal/Zonophone RZ 3013.
Fort d'un premier succès d'estime, Dennis Cordell incite Joe Cocker
et le Grease Band à s'attaquer au répertoire des Beatles
pour le simple suivant. Tommy Eyre (claviers) écrit un arrangement
qui va être sublimé par la géniale intro à
la guitare de Jimmy (qui restera dans les annales comme une des plus belles
créations du guitariste) et l'interprétation rocailleuse
de l'écorché vif. Le public porte d'emblée cette
reprise à la première place en Angleterre et aux USA, et
les Beatles iront jusqu'à se fendre d'une lettre de félicitations.
Octobre 1968 – P.J. Proby : The Day That Lorraine Came Down/ Mary
Hopkins Never Had Days Like These. SP Liberty LBF 15152. Three Week Hero
(LP Liberty LBS 83219): Three Week Hero/ The Day That Lorraine Came Down/
Little Friend/ Empty Bottles/ Reflection (Of Your Face)/ Won't Be Long/
Sugar Mama/ I Have A Dream/ It's Too Good To Last/ New Directions/ Today
I Cille A Man/ Medersa: It's So Hard To Be A Nigger-Jim's Blues-George
Wallace Is Rollin' In This Morning.
Cet album a été enregistré en même temps que
celui de Family Dogg, peu de temps après le premier LP de Led Zeppelin.
On y retrouve la crème des musiciens de studio: John Paul Jones
(arrangements, basse), Clem Cattini et John Bonham (batterie), Alan Hawkshaw
(claviers), Alan Parker et Jimmy Page (guitares), Robert Plant (harmonica),
Amory Kano (guitare acoustique, cordes), Bob Henry (percussions), et les
Family Dogg (chœurs). Led Zeppelin est ici présent en ordre
dispersé et, ensemble, pour le fameux blues final.
Octobre 1968 – Family Dogg : A Way Of Life (LP Bell SBLL 122): Today
I Killed A Man I Didn't Know/ All The Best Songs Are Marches/ Save The
Lits Of My Child/ You Were On My Mind/ Run, Run, Run, Fly, Fly, Fly/ Moonshine
Mary/ Love Minus Zero/ Julie's Just Gone/ A Way Of Life/ Place In The
Sun/ Pattern People/ In The Ghetto/ Reflections.
Composé de chanteurs de séances et d'auteurs à succès,
ce groupe, émule des Mamas & Papas, est formé de Christine
Holmes, Zooey, et des chanteurs guitaristes Steve Rowland, Mike Hazlewood
et Albert Hammond. Même si les musiciens sont les mêmes qu'avec
P.J. Proby (sans l'harmonica de Robert Plant), la musique est plus légère,
dans un style de variété de bonne qualité. Jimmy
Page n'exerce pas de solo tonitruant, mais des interventions en nuance
qui se mélangent aux arrangements sophistiqués de John Paul
Jones.
1968 – Blues Anytime, Vol. 1 (LP Immédiate IMLP 014): John
Mayall & The Bluesbreakers: I'm Your Witchdoctor/ Telephone Blues/
Eric Clapton & Jimmy Page: Snake Drive/ Tribute To Elmore/ West Coast
Idea/ Savoy Brown Blues Band: I Tried/ Cold Blooded Woman / + divers.
Si on n'a pas à chercher bien loin pour l'inspiration des deux
premiers titres, "West Coast Idea" est franchement la reprise
d'une plage de T-Bone Walker. L'ambiguïté sur ces morceaux
ne pourra pas être entièrement levée, car Page les
cosigne tous, et ils sont tous publiés sur sa société
d'édition.
Jimmy Page raconte : "Ce fut vraiment une tragédie pour moi.
J'étais impliqué chez Immédiate pour produire diverses
choses, y compris "I'm Your Witchdoctor", "Telephone Blues"
et quelques autres titres pour John Mayall, en 1965, Eric et moi avons
sympathisé. Il est venu chez moi où nous avons réalisé
quelques enregistrements et, quand Andrew Oldham s'est aperçu que
j'en avais les bandes, Immediate a prétendu qu'elles leur appartenaient
parce que j'étais leur employé. A cette époque, Eric
était aussi sous contrat chez eux avec les Bluesbreakers. Je me
suis battu pour qu'ils ne les publient pas, parce que c'était juste
des variations sur une structure de blues. Après coup, on a rajouté
dessus d'autres parties instrumentales avec Ian Stu Stewart des Stones
(piano), Mick Jagger (harmonica), Bill Wyman (basse) et Charlie Watts
(alias Charlie Winters, batterie). Et ces bandes ont été
commercialisées avec des notes de pochette qu'on m'a attribuées
(sur les premières éditions), bien que je sois étranger
à leur rédaction. Bien sûr je n'en ai pas retiré
un seul penny. C'est intéressant de voir les progrès qu'Eric
a faits depuis". On retrouve aussi l'original de la face A du rarissime
simple Purdha du Savoy Brown, accompagnée de "Cold Blooded
Woman", un des deux inédits des mêmes séances,
reprise de Memphis Slim.
1968 – Blues Anytime, Vol.2 (LP Immédiate IMLP015) : John
Mayall & The Bluesbreakers: On Top Of The World/ Eric Clapton &
Jimmy Page: Draggin' My Tail/ Freight Loader/ Choker/ Savoy Brown Blues
Band: Can't Quit You Baby/ True Blue/ + divers.
Comme sur le volume précédent, la plage de John Mayall représente
ce qu'il a fait de mieux. Eric Clapton gardera ce titre pour l'intégrer
au répertoire des Cream, mais sans la spontanéité
de ce premier jet. Les talents de producteur de Page n'y sont pas étrangers.
On y trouve aussi les deux morceaux restants enregistrés par Savoy
Brown Blues Band en 1968; la face B du simple Purdha "Can't Quit
You Baby" et la reprise inédite du "True Blue" de
Memphis Slim. Le premier sera repris sur le premier album de Led Zeppelin.
1968 – Gerry Temple : Burn Up ! (LP Stateside CSSX240 777 France):
Lovin' Up A Storm/ Teenage Idol/ Think Il Over/ Boll Weevil/ Razzie Dazzle/
Rave On/ Livin', Lovin'Wreck/ Dixie Fried/ Down The Line/ Fabulous/ Breathless/
Lonely Weekend/ Burn Up.
Avec le retour du rockabilly, en réaction à la tendance
progressive qui est en train d'engluer tout le monde, une pléiade
de chanteurs de rock prend violemment d'assaut la scène britannique.
Parmi eux figurent des espoirs du début des années 60 qui
ont raté leur coup. Gerry Temple (né Keith De Groot) est
de ceux-là. Fort judicieusement il enregistre l'album "Burn
Up !" - aussi publié en Angleterre en 1968, comme une jam
session de musiciens de studio sous le titre "No Introduction Necessary"
(Spark SRLM 107) - avec onze reprises et deux originaux (dont le titre
générique cosigné avec Nicky Hopkins). Ancien Savages
de Screaming Lord Sutch et musicien de séances de renom, le pianiste
Nicky Hopkins se charge des arrangements et Glyn Johns de la production
sous l'égide du disc-jockey Alan Freeman. Ils rapatrient à
l'Olympic Sound de Londres un personnel impressionnant: Big Jim Sullivan,
Albert Lee et Jimmy Page (guitares), John Paul Jones (basse), Clem Cattini
(batterie) et bien sûr Nicky Hopkins (claviers). En fait, Jimmy
Page ne joue que sur "Think It Over", "Dixied Fried",
"Fabulous", "Lonely Weekend" et "Burn Up!".
Lorsque le 33 tours est réédité en 1973 sous le titre
"Super Rock" (Sounds Super MFP M048-52140), avec l'énumération
de toutes ces pointures, Keith de Groot reprenant son nom initial pour
redevenir un simple participant, la première face est amputée
de trois classiques pour laisser la place à deux inédits
qui ont fait l'objet d'un simple ultérieur, dont "Everything
I Do Is Wrong" de Charlie Rich sur lequel officie Page; et justifier
la magnifique photo de John Paul Jones en scène sur la pochette.
1969
Janvier 1969 – Al Stewart : Love Chronicles (LP CBS SBPG 63087).
Jimmy Page profite du regain du mouvement folk anglais, avec toute une
série d'auteurs-compositeurs-interprètes, pour épauler
Al Stewart pour son deuxième disque. Tout le talent du maître
est là, dans un jeu raffiné de guitare acoustique, jamais
envahissant, mais toujours en contrepoints opportuns.
Janvier 1969 – Cartoone : Knick Knack Man/A Penny For The Sun. SP
Atlantic 584 240. Cartoone (LP Atlantic 588 174).
Enregistré en même temps que le premier album de Led Zeppelin,
le 33 tours de Cartoone portait en lui les mêmes espoirs (la presse
y croyait même plus qu'en Led Zeppelin !). Malgré la participation
active de Page, cet essai est resté sans lendemain. La musique
n'y est pas désagréable, mais sans caractère. D'autres
espoirs, comme Bodast, ne verront même pas la publication de leur
œuvre avant vingt ans !
1969 – Joe Cocker : With A Little Help From My Friends (LP Regal/Zonophone
SLRZ 1006): Feeling Alright/ Bye Bye Blackbird/ Change In Louise/ Marjorine/
Just Like A Woman/ Do I Still Figure In Your Life/ Sand Paper Cadillac/
Don't Let Me Be Misunderstood/ With A Little Help From My Friends/ I Shall
Be Released.
Pour profiter de l'ouverture créée par son tube international,
la publication d'un premier album est programmée. En plus de l'excellent
choix de matériel (sans compter les deux simples), les musiciens
hors pair qui entourent le Grease Band se nomment Jimmy Page, Albert Lee,
Stevie Winwood, Matthew Fisher, Mike Kellie ou B.J. Wilson. Les reprises
(Bob Dylan, Beatles, Traffic, Honeybus, Animais, Nina Simone) alternent
avec d'excellents originaux de Joe Cocker et Chris Stainton. Un des sommets
est le lifting du succès de la première guerre mondiale
"Bye Bye Blackbird", avec l'étonnant solo vocal de Jimmy
Page. Ce dernier ne participe qu'à cinq titres. L'album rencontre
un accueil unanime de par le monde.
1969 – Sonny Boy Williamson : Don't Send Me No Flowers (LP Marmalade
608 004): Don't Send Me No Flowers/ 1 See A Man Downstairs/ She Was Dumb/
The Goat/ Walking/ Little Girl, How Old Are You/ It's A Bloody Life/ Getting
Out Of Town.
Après une épuisante tournée anglaise en avril 1965,
le manager Giorgio Gomelsky entraîne le vieux bluesman de 72 ans
dans une séance marathon de deux heures et demie, juste avant son
retour pour les Etats-Unis. Il a été précédemment
accompagné par les Yardbirds (avec Eric Clapton) et par les Animals.
Pour l'occasion, Gomelsky a réuni autour de lui la section instrumentale
du Steampacket : Brian Auger (orgue), Ricky Brown (basse), le sous-estimé
Mick Waller (batterie), Joe Harriot, Alan Skidmore (saxos) et (l'inconnu
alors) Jimmy Page (guitare). Les compositions sont d'un niveau étonnamment
correct, malgré les conditions d'urgence; ce qui ne va pas sans
quelques démarquages comme "Little Girl, How Old Are You ?"
qui est le jumeau de "Good Morning Little Schoolgirl". Malgré
un orgue envahissant (style Jimmy Smith), Page brille par un solo digne
de sa (future) réputation sur l'instrumental "I See A Man
Downstairs". Cet album enregistré en 1965 et édité
en 1969 sera le testament de cette légende du blues.
1969 – Blues Anytime, Vol. 3 (LP Immédiate IMLP 019): All
Stars Featuring Jeff Beck: Steeling/ Chuckles/ All Stars: L.A. Breakdown/
Down In The Boots/ All Stars featuring Nicky Hopkins: Piano Shuffle/ Eric
Clapton & Jimmy Page: Miles Road/ + divers.
Les plages avec les All Stars de Cyril Davies (Cliff Barton : basse, Carlo
Little: batterie, Nicky Hopkins: piano) ont été réalisées
six mois après le décès de ce dernier en 1964. Comme
pour les titres avec Eric Clapton, ce sont des reprises flagrantes, comme
"Surfin' Steel" ("Steeled Blues" pour les Yardbirds)
de Chuck Berry, que lui-même a dû pomper chez un vieux bluesman
du Delta. On peut apprécier le jeu de mots : "Steeling",
légère démarque de "Stealing" = voler et
steel = acier. Les plages jouées par les All Stars avec Jeff Beck
et Nicky Hopkins sur cet album sont toutes créditées comme
des compositions de Jimmy Page. Elles auraient été enregistrées
durant le temps qui restait après la mise en boîte des deux
morceaux de Ben Carruthers & The Deep.
Page raconte: "C'étaient des bandes qu'Immediate avait en
sa possession depuis longtemps. C'était en fait le Cyril Davies
Ait Stars sans son guitariste, et ce sont des plages que nous avons réalisées
alors que la véritable séance était terminée.
C'est encore un exemple de l'attitude de Immediate qui a rassemblé
tout ce qui était trouvable pour remplir des albums, et je suis
vraiment gêné par toute cette affaire parce que tout le monde
pense que j'en suis l'instigateur alors que je n'y suis pour rien. Jamais
personne n'a été payé pour ça".
70's
1970 – P.J. Proby : Today I Killed A Man/It's Too Good To Last.
SP Liberty LBF 15280.
Deux extraits du 30 cm de 1968 " Three Week Hero " pour profiter
de la nouvelle renommée de Jimmy Page et du décollage de
Led Zeppelin.
Mars 1970 – Philamore Lincoln : Country Jail Band/You're The One
(SP CBS 55007) : The North Wind Blew South (LP Epic 26497 US) : The North
Wind Blew South/ You're The One/ Lazy Good For Nothin'/ Early Sherwood/
Rainy Day/ Temma Harbour/ The Plains Of Delight/ The County Jail Band/
When You Were Looking My Way/ Blew Through.
Cet album, qui aurait dû rester anonyme, hormis le fait qu'il devait
fournir à Mary Hopkin le simple - "Temma Harbour", est,
depuis longtemps, un sujet de polémique entre les fans des Yardbirds
qui prétendent que le disque de l'Anglais Philamore Lincoln a été
enregistré avec le support de leur groupe favori. La confusion
vient essentiellement de la signature de la photo du verso de pochette,
par Chris Dreja, le guitariste rythmique des Yardbirds; et l'identité
de la marque du disque aux USA, Epic. Mais en 1970, date de parution du
LP, les Yardbirds n'existaient plus depuis deux ans. Par contre, on y
retrouve bien les talents des membres de Led Zeppelin. L’ingénieur
du son est Glyn Johns et le nom du producteur, James Wilder, laisse transpirer
le pseudonyme. Les deux faces du simple anglais sont les plus convaincantes.
"You're The One" aurait pu être une chute de l'album "Little
Games", tellement la guitare fuzz en sustain rappelle "Tinker,
Tailor, Sailor", la présence de Page y est indéniable.
"The Country Jail Band", pour sa part, laisse entendre un son
beaucoup plus proche de Led Zeppelin, avec des parties d'harmonica dignes
de Robert Plant. Quant à l'instrumental final à l'orgue
"Blew Through", il pourrait être du fait de John Paul
Jones.
1970 – Lord Sutch : Heavy Friends (LP Cotillion SD 9015): Wailing
Sounds/'cause I Love You/ Flashing Lights/ Gutty Guitar/ Would You Believe/
Smoke And Fire/ Thumping Beat/ Union Jack Car/ One For You Baby/ L-o-n-d-o-n/
Brightest Light/ Baby Come Back.
Encore une sympathique escroquerie du plus excessif des pseudo nobles
britanniques. Son principal mérite repose sur le fait que ses Savages
ont représenté une pépinière de talents anglais
digne des Bluesbreakers de John Mayall. Comme (presque) tous sont depuis
devenus célèbres - sauf lui ! -, Sutch fait appel à
leur aide en souvenir du bon vieux temps, pour enregistrer un album de
classiques du rock. Jeff Beck et Jimmy Page répondent présents
aux guitares; Noël Redding à la basse; John Bonham et Carlo
Little à la batterie; Nicky Hopkins au piano. Mais une fois les
bandes orchestre réalisées, le vieux renard réécrit
des paroles bidon et signe tous les titres. Comme Jimmy Page est devenu
un poids lourd avec Led Zeppelin, il le co-crédite des musiques
et de la production. Ça aurait pu donner un très bon album
de hard rock... sans la voix de Sutch. Il poursuivra la supercherie avec
un second volume, sans la participation de Page, mais avec celle de Keith
Moon, autre allumé notoire.
Mai 1971 – Roy Harper : Stormcock (LP Harvest SHLV 789).
Jimmy Page s'est lié d'amitié avec le nouveau chantre du
folk progressif anglais. Il participe aux diverses séances qui
s'étalent de juillet à décembre 1970 au studio Abbey
Road. Afin de préserver son anonymat, il est crédité
dans les notes de pochette sous le pseudonyme de S. Flavius Marcus (en
gladiateur de la six cordes !).
Septembre 1971 – Yardbirds : Live At The Anderson Theatre (LP Epic
E30615 US): The Train Kept A-Rollin'/ You're A Better Man Than I/ J'm
Confused/ My Baby/ Over, Under, Sideways, Down/ Drinking Muddy Water/
Shapes Of Things/ White Summer/ I'm A Man.
Les notes de pochette de Lenny Kaye précisent qu'il s'agit du concert
du 30 mars 1968, à l'Anderson Theatre, dans le Lower East Side
de New York, enregistré peu de temps avant la séparation
des Yardbirds.
Jimmy Page explique : "Si vous avez écouté ce disque,
vous savez pourquoi on en a stoppé la diffusion. Des manœuvres
semblables arrivent sans arrêt dans le milieu du disque. Ce qui
s'est passé, c'est qu'Epic nous a demandé : "Pourriez-vous
faire un album en public ?"; et ils nous ont envoyé la crème
du département de musique de variété pour le réaliser.
L'accord était le suivant: si c'était bon, ils le publiaient,
sinon, ils laissaient tomber. Bien sûr ce fut affreux; le type a
fait des choses comme suspendre un seul micro au-dessus de la batterie,
ce qui fait qu'on n'entend pas les tons de basse, et il a branché
un micro de table de mixage sur ma guitare, au lieu du véritable
ampli sur lequel je jouais toutes les parties en distorsion et les notes
en sustain, de ce fait tout a été perdu, et on a tout de
suite compris que ce serait une plaisanterie quand on l'a vu travailler.
Il nous a assuré que ce serait parfait : "C'est étonnant
tout ce qu'on peut faire avec l'électronique" a-t-il conclu
! Et puis, quand on est venu écouter la bande master on a découvert
avec horreur qu'il avait rajouté des bruits de corrida chaque fois
que partait un solo. C'était horrible, il ne restait plus qu'à
abandonner le projet. lis ont dû le repêcher dans leurs archives
quand ils se sont aperçus qu'ils possédaient du matériel
inédit de Jimmy Page, et c'est sorti comme ça. C'était
ridicule, un bon nombre d'exemplaires ont été vendus avant
que nous lancions une injonction à leur encontre".
Février 1973 – Roy Harper : Lifemask (LP Harvest SHVL 808).
Malgré les tournées incessantes du ballon dirigeable, Page
trouve le temps de participer à l'enregistrement du nouvel opus
de Roy Harper. La démarche est bénéfique, car elle
entraîne Led Zeppelin à étendre son champ d'action
à une musique acoustique rythmée, enrichissant une palette
musicale déjà très large.
1973 – Ian Whitcomb : You Turn Me On (LP Ember NR 5065): You Turn
Me On/ The Star/ The Naked Ape/ The Notable Yacht Club Of Staines/ Groovy
Day/ Rolling Home With Georgeanne/ Bye Bye/ This Sporting Life/ Sally
Sails The Sky/ Lovers Prayer/ Good Hard Rock/ Heroes Of The Rocker Pack/
The End.
La production de ce dilettante irlandais n'est pas à priori passionnante,
si ce n'est les premiers 45 tours R&B enregistrés avec Bluesville.
Cette compilation de 1973 alterne les meilleurs titres ("Nervous"
a été oublié) réalisés par son groupe
d'irlandais et des musiciens de studio américains, mélangés
à des reprises de vaudeville et de cabaret. Dans le cadre du présent
sujet, deux plages, produites par Denny Cordell, sont dignes d'intérêt,
car Jimmy Page et John Paul Jones figurent à l'accompagnement ainsi
que Mitch Mitchell à la batterie : "Groovy Day" et "Sally
Sails The Sky".
Mars 1974 – Roy Harper : Valentine (LP Harvest SHSP4027).
Prévu pour la Saint-Valentin, cet album est une fois de plus épaulé
par Page.
Novembre 1974 – Roy Harper : Flashes From Archives Of Oblivion (LP
Harvest SHDW 405): Home/ Commune/ Don't You Grieve/ Twelve Hours At Sunset/
Kangaroo Blues/ All Ireland/ Me And My Woman/ South Africa/ Highway Blues/
One Man Rock' n'Roll Band/ Another Day/ MCP Blues/ Too Many Movies/ Home.
Alors que sa carrière est à son zénith, Roy Harper
entreprend une tournée promotionnelle pour son dernier LP, à
travers l'Angleterre. Le périple culmine par un concert au Rainbow
de Londres où le retrouvent sur scène Jimmy Page à
la guitare électrique, Keith Moon et John Bonham à la batterie
et aux percussions, Ronnie Lane à la basse, Robert Plant à
l'harmonica et l'arrangeur David Bedford à la direction d'orchestre.
Ce show est immortalisé par un double album.
1975 – Rolling Stones : Metamorphosis (LP Decca SLK 5212) : Out
Of Time/ Don't Lie To Me/ Something Just Sticks In Your Mind/ Each And
Every Day Of The Year/ Heart Of Stone/ I'd Much Rather Be With The Boys/
(Walking Through The) Sleepy City/ We're Wastin'Time/ Try A Little Harder/
1 Don't Know Why/ If You Let Mo/ Jiving Sister Fanny/ Downtown Suzie/
Family/ Memo From Turner/ I'm Going Down.
Au terme d'un long arrangement avec leur ancien manager Allen Klein, les
Rolling Stones lui permettent de publier cette compilation d'inédits
en 1975. Après le rejet du projet élaboré par Bill
Wyman ("The Black Box"), le travail est confié à
Andrew Oldham qui mélange vrais inédits et maquettes de
démonstration. Sur ces dernières ne figurent pas généralement
tous les Stones, mais des musiciens de studio, cités en vrac par
Oldham dans ses notes de pochette: Jimmy Page, John McLaughlin, Joe Moretti
(guitares), John Paul Jones (basse, arrangements), Arthur Greenslade (piano),
Tony Hicks, Graham Nash (chœurs), Gene Pitney (piano, chœurs,
percussions). A compter de juillet 1964, Page fait partie de la poignée
de musiciens rassemblés par Mick Jagger et Keith Richards pour
mettre en boîte les accompagnements de "Something Just Sticks
In Your Mind", "Blue Turns To Grey", "Each And Every
Day", "Out Of Time"... Dès 1965, Jimmy est l'auteur
des parties de steel-guitare de "Heart Of Steel" et de "We're
Wastin’ Time", expérimentation qu'on retrouvera bien
plus tard dans Led Zeppelin Page se souvient : "Je m'étais
procuré une pedal-steel qu'on joue à plat (comme celle des
musiciens de country & western). Je ne sais pas si un autre instrument
utilise ce principe, mais c'est assez efficace. Ça marche avec
un système d'articulations et, quand vous appuyez sur la pédale,
les cordes se lèvent ou s'abaissent. C'est une véritable
machinerie et j'ai même pu jouer du blues avec. Il faut s'en servir
avec trois médiators (un au pouce et les deux autres aux doigts)
et c'est un instrument très dur à apprendre. Il est accordé
en accord entier et vous devez déplacer une barrette d'acier sur
les cordes, tout en changeant de combinaison avec les six pédales.
Vous pouvez ainsi produire toute une gamme d'accords".
1984-1993
1984 – Authentics : Whithout You/Climbing Through (coffret Charly
BOX 104).
Enregistrés aux environs de 1965, ces deux plages sont restées
inédites jusqu'en 1984, lorsque Charly les a incluses dans le coffret
des Yardbirds "Shapes Of Things". Les bandes ont été
retrouvées dans la collection de Giorgio Gomelsky, le premier manager
producteur des Yardbirds, pour lequel Page a travaillé, avant de
rejoindre le mythique combo. Le chanteur des Authentics était Mick
O'Neill, qui remplaça au pied levé Keith Relf, à
diverses occasions lors de ses crises d'asthme.
Février 1985 – Roy Harper : Whatever Happened To Jugula (LP
Beggars Banquet BEGA 60).
Les temps ont changé. La musique folk n'est plus à la mode,
Led Zeppelin a implosé, et Jimmy Page s'est retiré à
l'écart du showbiz. Ça ne l'empêche pas de rester
fidèle en amitié pour co-composer et enregistrer le nouvel
opus de Roy Harper en 1984, faisant la part belle à la guitare
acoustique. Cet album est suivi en 1985 d'une prestation au Cambridge
Folk Festival pour laquelle les deux complices sont accompagnés
par Tony Franklin et Steve Broughton.
Mars 1985 – Roy Harper : Elizabeth/ Advertisement/ White Man. (Maxi
Beggars Banquet BEG 131 T)
Afin de soutenir le 33 tours, un simple en est tiré, augmenté
dans sa version maxi d'un extrait de la prestation du festival folk de
Cambridge, "White Man".
1993 – Yardbirds : The Little Games Sessions (CD EMI E2-98214115).
Ce double CD présente l'album américain "Little Games"
remasterisé, augmenté des simples ts par Mickie l'un second
disque constitué de prises alternatives inédites, des trois
titres de Together, ainsi que d'une bande-orchestre de "You Stole
My Love", un morceau des Mockingbirds.
un
autre site avec toutes les sessions de Page
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