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~ Historique
1975 - 1980 ~ |
En guise de répétition avant leur dixième tournée américaine,
le groupe donne deux concerts au Benelux, l''un à Rotterdam, l'autre à
Bruxelles (11 et 12 janvier). Cinq millions de dollars. C'est ce que devrait
encaisser le groupe au cours de cette tournée US, battant ainsi leur propre
record de 1973. Les 700 000 entrées se vendent en une heure! Pourtant,
les débuts sont plutôt laborieux : au retour de Bruxelles, Jimmy Page
s'était cassé deux doigts en coincant sa main gauche dans une portière
de train à Londres, et ne sait pas jouer au maximum de ses possibilités
(il ne joue qu'avec trois doigts, ce qui est déjà un exploit pour certains
morceaux). Résultat : "Dazed And Confused", l'un des chevaux
de batailles du Zep sur scène, est supprimée de la set-list, remplacée
par "How Many More Times" moins dure à jouer. De plus, Robert
a une sérieuse grippe (il est arrivé torse nu à l'aéroport de Chicago,
en plein hiver...pas très malin...) et a toute les peines du monde à se
faire entendre (avec en plus une voix déjà affaiblie par son opération...).
Ce sera comme ça durant tout le mois de janvier (le groupe ne jouant "que"
deux heures par soir, contrairement aux trois heures et plus habituelles),
heureusement les choses s'améliorent nettement en février où le groupe
peut enfin jouer "Dazed" (et son concerto d'improvisations!)
avec un Page oubliant la douleur... De plus, Physical
Graffiti sort le 24 février et les chiffres de ventes sont une
nouvelle fois excellents (numéro 1 of course!). En mars, la fin de tournée
est grandiose, avec des concerts atteignant presque les quatre heures
("Dazed" prend déjà 40 minutes à lui tout seul!). Après cela,
le groupe prend quelques semaines de congés, avant de retrouver le public
anglais pour une série de cinq concerts exceptionnels dans l'immense Earl's
Court de Londres, du 17 au 25 mai. Au mois de juin, Robert et Jimmy partent
au Maroc pour une excursion à travers le Sahara, là où ils s'étaient déjà
rendus quelques mois auparavant. Ils en étaient restés fascinés par la
beauté du paysage ("Kashmir" en est le témoignage) et les musiques
arabes qui leur avaient donnés l'idée d'enregistrer quelques morceaux
avec des musiciens du pays (comme ils l'avaient déjà fait à Bombay en
1972 pour "Four Sticks" et "Friends"), et peut-être
même sortir un album aux nouvelles influences. Celles de la rue, tout
simplement. Mais finalement le projet ne verra jamais le jour... avant
le No Quarter de 1994, vingt ans plus tard.
Nous sommes donc en juillet 1975 et les choses semblent aller pour le
mieux pour le Zeppelin. Leur six premiers albums sont dans les charts,
Physical Graffiti est toujours numéro un des deux côtés de l'Atlantique,
et les membres du groupe deviennent encore un peu plus riche (ce qui ne
les empêche pas de quitter le territoire anglais à cause d'un système
fiscal trop gourmant). Led Zeppelin a depuis longtemps dépassé les Stones
au niveau popularité, Led Zeppelin bat ses propres records d'affluence,
Led Zeppelin est incontournable. Ce sont les Beatles des seventies. Pourtant,
c'est à partir de maintenant que les choses vont aller moins bien pour
le Dirigeable...
Fin juillet, après leur périple au Maroc, Robert (accompagnés de sa femme
Maureen et leur fils Karac) et Jimmy partent en vacances à l' île de Rhodes,
au large de la Grèce, avant la prochaine grande tournée mondiale. Au milieu
du séjour, Jimmy, qui était venus avec Charlotte Martin et leur fille
Scarlett, quitte le reste de la bande pour la Sicile où il veut visiter
un vieux manoir ayant appartenu à Aleister Crowley. Le lendemain, le 4
août exactement, Maureen, Robert et les deux enfants ont un terrible accident
de voiture sur une petite route de l' île grecque. Assis à l'arrière,
les deux enfants sont moins touchés : fracture de la jambe pour Karac
Plant et poignet cassé pour Scarlett Page. Robert a de très graves fractures
à l'épaule, à la jambe et à la cheville. Mais c'est Maureen qui est la
plus touchée. Elle est même dans un état critique. C'est elle qui conduisait
la voiture lorsqu'elle s'est encastrée dans un arbre, et elle a une fracture
du crâne et le bassin cassé. De plus elle a perdu beaucoup de sang et,
comble de malchance, le petit hôpital où ils ont été emmenés ne sait pas
faire de transfusion car Maureen a un groupe sanguin très rare. Charlotte
Martin, qui n'était pas avec eux, se charge de prévenir Peter Grant mais,
en l'absence de celui-ci, c'est Richard Cole (tour-manager du groupe)
qui prend l'affaire en main. Et c'est sans doute grâce à lui que Maureen
restera en vie. En effet, comme il y a eu accident, l'hôpital refuse de
rapatrier les anglais! Cole va donc affréter un avion en catastrophe et
ramener de force (!) les blessés vers l'Angleterre, tout en ayant pris
soin d'avertir quelques médecins et d'emporter les sachets de sang nécessaires.
En définitive, Maureen restera de très longs mois à l'hôpital à lutter
contre la mort. Robert, lui, n'est même pas sûr de pouvoir marcher à nouveau,
ou du moins correctement. Il peut quitter la clinique assez rapidement,
mais commence alors une longue période de rééducation... Premier coup
du sort pour Led Zeppelin. Retraite forcée... Bien sûr, la gigantesque
tournée mondiale est annulée, et il faudra attendre au minimum un an avant
de revoir le Zeppelin sur scène, le temps que la jambe de Plant se rétablisse
complètement. Il est donc impératif de proposer quelque chose aux fans
d'ici là, sous peine de laisser la voie ouverte à d'autres formations
(aux punks surtout, la nouvelle tendance du moment) qui profiteraient
du moindre relâchement de la part du Dirigeable. A la fin de l'été, Robert
et Jimmy s'en vont donc à Malibu pour écrire les morceaux d'un nouvel
album, tandis que Peter Grant prépare la sortie d'un film consacré au
groupe et la bande son qui va avec... Les répétions pour l'album commencent
en octobre, et l'enregistrement proprement dit en novembre, à Munich (pourquoi
donc à Munich? simplement parce que le groupe fuyait le système fiscal
anglais bien trop gourmant à leurs yeux...), dans une ambiance assez tendue.
Car Plant est toujours en chaise roulante et doit donc chanter assis,
avec en plus d'assez fortes douleurs au dos et à la jambe...
Au début de l'année, Percy abandonne sa canne pour la première
fois, mais devra attendre encore de longs mois avant de pouvoir marcher
normalement. Et il passera le reste de l'année à se ressourcer mentalement,
en famille, au chevet de Maureen.
Le 31 mars, Presence, le septième album
de Led Zeppelin sort dans les bacs. C'est un nouveau triomphe et le disque
est instantanément numéro un, aussi bien en Angleterre qu'aux Etats-Unis.
Comme D'hab... Mais c'est que cette fois ci le disque n'est pas très bon,
et les critiques le descendent en flamme... Au final, Presence
sera l'album qui se vendra le moins bien! Mais cela ne préoccupe pas trop
Bonzo qui s'en est retourné cultiver ses terres et continue de collectionner
les grosses voitures de luxe... Ni John Paul Jones qui lui peut s'offrir
une multitude de synthétiseurs, la grande nouveauté (et il en fera bien
profiter tout le monde dans l'album suivant). Entre temps, Jimmy Page
s'occupe à mixer la bande son du film The Song
Remains The Same qui ne sera ni plus ni moins qu'un double live,
puisque le film retrace les grands concerts au Madison Square Garden de
New York en juillet 73, avec en interlude quelques scènes "domestiques"
de chacun des membres du groupe. La bande son sort le 28 septembre, le
film le 20 octobre. Mauvaises critiques pour les deux... et le film sera
très vite retiré de l'affiche... Mais cette fois le groupe est bien décidé
à reprendre les choses en main. Robert Plant totalement guéri, le Zeppelin
peut donc partir une nouvelle fois en croisade à travers les Etats-Unis.
Destroyer..
Destroyer, c'est le surnom que l'on donne habituellement
à cette onzième tournée américaine (au diable l'Angleterre, c'est aux
States que l'on gagne le plus). En effet, après cette tournée, il ne restera
plus rien.
Retardée par de nouveaux problèmes de voix de Percy, la tournée - une
fois de plus gigantesque, elle doit rapporter au groupe encore plus que
la précédente, avec plus d'un million de spectateurs au total ! - débute
le 1er avril. Surprise, Page est déguisé en officier nazi, ce qui déclenche
évidemment un scandale sans précédents dans l'histoire du groupe (et pourtant
il y en a eu!). Parodie des punks ? Sans doute... Non, Jimmy Page n'est
pas un neo-nazi. Jimmy devient accro à l'héroïne. Tout comme le furent
Clapton, Hendrix et tant d'autres rock stars n'ayant pu supporter la pression
du système... Bien sûr, le guitariste reste le plus souvent fidèle à lui-même
sur scène (certains shows seront grandioses), mais c'est surtout en coulisses
que l'on peut voir à quel point les choses commencent à aller mal pour
le Dirigeable. Il y a d'abord Bonzo, qui comme à son habitude ingurgite
des litres et des litres d'alcool le rendant complètement incontrôlable.
Il est clair qu'un jour cela finira mal... Pourtant, c'est peut-être le
seul à ne pas s'être laissé enfermé dans un rôle de superstar égocentrique
(quoi que ses longs solos de batterie totalement inutiles pourraient faire
croire le contraire) ; ce que devient proggressivement Jimmy Page, il
faut bien le reconnaitre. Robert est le plus souvent en grande forme,
ce qui ne l'empêche pas de toucher lui aussi à toutes sortes de subtances
pour combattre l'ennui... Bref, le Zeppelin laisse derrière lui une sérieuse
impression de décadence... Evidemment, le groupe a toujours eu cette réputation
de sauvages dépravés, mais jamais on avait vu Jimmy dans un si
triste état. En fait, il n'y a guère que John Paul Jones, plus renfermé
que les autres, qui ne manifeste pas des signes de déchéance. Il faut
dire qu'en six ans de tournées communes, Jonesy s'est toujours bien sagement
tenu à l'écart des frasques des autres...
Malgré tout cela, la tournée est un nouveau triomphe. Le 30 avril, à Pontiac
dans le Michigan, 76 000 fans se précipitent dans le stade pour acclamer
le retour du Dirigeable. Nouveau record d'affluence, qui restera très
longtemps invaincu (évidemment, ces chiffres n'impressionnent plus, mais
à une époque où la couverture médiatique était nettement moindre qu'à
l'heure actuelle, la "performance" est de taille). En juin,
ils remplissent six soirs de suite le Madison Square Garden de New York.
Du jamais vu.
Début mai, le groupe prend deux semaines de vacances avant d'attaquer
la seconde partie de leur immense tournée qui doit s'achever début août.
Pas d'incidents majeurs jusque là, mais il fallait bien que ça arrive
un jour. Un peu comme si c'était la suite logique d'une tournée marquée
sous le signe de la drogue, de l'alcool, et de la violence... Destroyer...
Nous sommes à Oakland, le 23 juillet. Led Zeppelin doit y jouer deux soirs
de suite. Tout commence lorsque le fils de Peter Grant demande à l'un
des agents de sécurité de Bill Graham, promoteur du show (et organisateur
des célèbres "Fillmore"), de lui donner les lettres "Led
Zeppelin" clouées sur la porte d'une loge. Mais le type refuse, et
renvoye le gosse assez sèchement (ce qu'il niera par la suite)... Bonzo,
qui passait par là, vient aux nouvelles et engueule le garde, jugeant
sa réaction tout à fait disproportionnée. Et évidemment, avec un Bonham
probablement déjà éméché, la discussion s'envenime rapidement... Bonzo
finit par lui balancer une baffe, avant que Peter Grant lui-même, avec
l'aide de Richard Cole et quelques roadies du Zep, ne vienne tabasser
le mec pour venger son fils! Et finalement, Led Zep donne ses deux concerts,
comme si de rien n'était... Mais le 25 juillet au matin, avant que le
groupe ne poursuive sa tournée à la Nouvelle-Orléans, la police débarque
dans l'hôtel du Zep et embarque Bonzo, Cole et Peter Grant. La victime
a porté plainte et réclame une indemnisation de deux millions de dollars...
Ils sont pourtant libérés sous caution quelques heures plus tard, en attendant
le procès. Et la tournée se poursuit, comme si de rien n'était...
Et puis il y a le drame. Rien ne sera jamais plus comme avant. Le 27 juillet,
à son arrivée à la Nouvelle-Orléans, Robert reçoit un coup de téléphone
de Maureen qui lui annonce que son petit garçon Karac, alors âgé de cinq
ans, vient de mourir des suites d'un virus très rare. Presque deux ans
jour pour jour après l'accident de voiture qui avait failli coûter la
vie à Maureen, le malheur s'abat une nouvelle fois sur la famille Plant.
Ni Jonesy, ni Peter Grant, et surtout ni Jimmy ne se seront déplacés pour
assister à l'enterrement. Seuls Bonzo, son vieux copain, et Richard Cole
seront présents. Débuts d'infernales rumeurs. Jones et Page reprocheraient
à Plant d'avoir fait annuler la fin de la tournée (?!?), ce qui est totalement
absurde et évidemment impensable. Mais il est clair que Robert sera très
déçu d'une telle attitude (cela se comprend, surtout que Page et lui étaient
devenus au fil des années de grands amis) et mettra du temps à pardonner...
Peu importe finalement. Rien ne vat plus. Pour beaucoup, la véritable
légende du Zeppelin finit ici.
Nouvelle retraite forcée pour le Dirigeable, Percy essayant
de retrouver le moral. Difficile... Entre temps, les rumeurs vont bon
train. L'incroyable malchance de Robert serait due à l'admiration qu'a
Page pour Aleister Crowley et la magie noire. Et on se souvient que déjà
le grave accident de voiture des Plant avait eu lieu alors que Jimmy satisfaisait
sa passion pour The Beast... C'est assez incroyable mais je n'invente
rien. A l'époque, nombreux étaient ceux qui y croyaient! Entre temps,
Bonzo, Grant et Cole sont condamnés à payer des amendes de... 500 et 750
dollars au gardien tabassé lors de la tournée de 77...
Les rumeurs de séparation font le tour du monde. Pour beaucoup, Led Zeppelin
n'existe plus. Il est vrai que le groupe ne donnera plus le moindre signe
de vie jusqu'en mai, où Robert, pressé par Page, tente de se remettre
au travail. Le groupe s'isole alors dans un château au Pays de Galles
pour quelques répétitions en vue d'un nouvel album. Le résultat sera désastreux,
Robert n'ayant vraiment pas le moral pour faire de la musique...
Ce n'est qu'en novembre que la machine Zeppelin se remet peu à peu en
marche. Et après quelques semaines de répétitions et de mises au point
des nouveaux morceaux, le groupe part en Suède pour enregistrer ce qui
sera - ils ne le savent pas encore - leur dernier album studio.
Au printemps, Maureen Plant mit au monde Logan Romero.
De quoi retrouver le sourire. Et Robert se sent enfin d'attaque. Led Zeppelin
annonce à la presse qu'il effectuera son grand retour sur scène en août,
au festival de Knebworth. Le groupe n'a plus donné le moindre concert
depuis deux ans, c'est dire si la nouvelle est d'importance! Avant son
grand rendez-vous, le Dirigeable effectue un petit tour de chauffe au
Danemark, les 23 et 24 juillet. Les deux concerts sont catastrophiques.
Plant est complètement absent et Jimmy n'est vraiment pas en forme, toujours
en pleine dépendance aux drogues dures... Puis vient le fameux festival
de Knebworth. Led Zeppelin doit y jouer les 4 et 11 août, devant près
de 300 000 spectateurs anglais curieux de voir ce que le groupe peut encore
faire sur scène, alors que le mouvement punk bat son plein (le groupe
n'a plus donné de concerts en Angleterre depuis quatre ans, avec les shows
de Earl's Court en '75). Au milieu des rayons lasers, la prestation du
Dirigeable sera calamiteuse. Comme au Danemark, Robert est invisible.
Jimmy ne parviendra jamais à faire revivre ne fusse que quelques secondes
la magie passée. Et un manque flagrant de répétitions fera des deux shows
de Knebworth parmis les plus mauvais jamais donnés par le groupe. Mais
aussi bizarre que cela puisse paraître, le public présent en gardera visiblement
un bon souvenir (la longue attente du public anglais pour revoir le Zep
sur scène explique sans doute cela!). Bien sûr, la presse se déchainera
sur le groupe et n'hésitera pas à les traiter de dinosaures pompeux.
Nous ne sommes pas très loin de la réalité...
Dans la foulée, le 15 août, In Through The Out
Door investit les bacs des disquaires. Le succès est énorme.
Surtout aux Etats-Unis, où le groupe reste et restera - encore aujourd'hui
- une véritable institution. L'album est pourtant loin d'être un chef
d'oeuvre et s'inscrit dans la lignée de Presence. Ni réellement
mauvais, mais vraiment pas bon non plus...
Et alors que les lecteurs du New Musical Express élisent Led
Zeppelin comme meilleur groupe de l'année, on peut lire dans le célèbre
Melody Maker : "Led Zeppelin montre les premiers signes
de sa mortalité. Il est temps qu'ils acceptent leur destin comme des hommes...".
Quelques mots qui résument bien le tout...
En mai, le groupe recommence à répéter en vue d'une tournée
européenne, la première depuis 1973. Entre temps, Richard Cole, complètement
accro à l'héroïne (c'est semble-t-il lui qui initia Jimmy Page à la drogue
lors d'un voyage en Thaïlande) et ayant de ce fait de plus en plus d'ennuis
avec la police, s'est fait viré par Peter Grant. Pour se venger, Cole
menace de mort les enfants du manager avant de se réfugier en Italie.
Il y sera arrêté pour possession de drogues et restera six mois en prison...
Pour le Zep, les choses tournent plus ou moins dans le bon sens. Mais
il reste encore beaucoup à faire... Bonzo, lui aussi touché par la drogue,
s'est fait désintoxiquer. Mais il se "rattrape" en buvant encore
plus, pour faire passer ses anti-dépresseurs. Percy a retrouvé le sourire
avec la naissance de son fils, et John Paul reste fidèle à lui-même :
sérieux et discret. Reste Jimmy Page qui est loin d'en avoir fini avec
la drogue mais semble aller un peu mieux. Premier concert le 17 juin à
Dortmund. En réalité, mis à part les concerts de Bruxelles, Rotterdam,
Zurich et Vienne, la plupart des shows de cette tournée européenne se
dérouleront en Allemagne, où le groupe doit y donner une dizaine de concerts
(les concerts en France ont été annulés). Après un début pour le moins
difficile, le Dirigeable est réellement décidé à reprendre les choses
en main. Bien sûr, afin de ne pas trop épuiser Bonzo et Jimmy, les concerts
dépassent rarement les deux heures et il est clair que nous sommes (très)
loin des gargantuesques shows des tournées américaines de 75 et 77. Mais
peu importe, Led Zeppelin sait encore donner du plaisir à son public,
ne fusse que le strict minimum. Et même si un soir Bonzo s'évanouit au
bout de trois morceaux, Knebworth n'est plus qu'un lointain souvenir.
Le groupe donne son dernier concert allemand le 7 juillet à Berlin, et
prend alors un peu de repos pour préparer son grand retour sur la scène
américaine...
Tout le monde connait la suite... Le malheur va s'abattre une fois de
plus sur le Zeppelin. Une fois de trop. Nous sommes le 24 septembre. Avant
de rejoindre ses petits camarades en studio pour répéter, Bonzo s'arrête
à un pub pour boire deux-trois vodkas... Déjà bien éméché, il continue
à avaler quelques verres pendant les répétitions, avant qu'ils ne se retrouvent
tous chez Jimmy Page qui donne une petite fête dans sa nouvelle maison
de Windsor. Ne tenant déjà presque plus debout, Bonzo continuera malgré
tout à boire durant toute la soirée. Quarante-deux vodkas selon la "légende".
Peu importe... A la fin de la fête, on aide le batteur, complètement ivre,
à se coucher dans une des chambres de la maison de Jimmy Page. Shéma habituel...
Le lendemain matin, Benji LeFevre, un assistant de Robert Plant, va voir
comment se porte Bonzo. Il le découvre allongé sur le lit, le visage tout
bleu. Son pouls ne bat plus. Dans son sommeil, John Bonham est mort étouffé
par ses propres vomissures dues à une surdose d'alcool. Bonzo avait alors
32 ans, marié avec Pat et père de deux enfants, Jason et Zoé. John Paul,
Jimmy, et surtout Robert sont effondrés. Après quelques rumeurs
de reformation avec d'autres batteurs, le groupe annonce sa dissolution
: "La perte d'un ami très cher et le profond respect que nous
avons pour sa famille nous ont amenés à décider qu'il n'était pas possible
de continuer de cette manière". Led Zeppelin a vécu.
Robert déclara plus tard : "Ce fut l'une des plus dures, des
plus déchirantes périodes de ma vie. J'avais un ami avec un coeur énorme
et je l'ai perdu. C'était si brusque. Je n'ai plus jamais songé au futur
du groupe."
Jimmy, en 1990 : "Nous étions en pleines répétitions, prêts
à repartir en tournée quand c'est arrivé. Sans cela nous aurions continué.
Car chaque disque nous excitait, chaque tournée aussi. Si vous écoutez
notre album live "The Song Remains The Same", vous aurez un
aperçu de ce qui se passait chaque soir. Car chaque soir était différent.
Chaque soir les arrangements changeaient, tout bougeait, chaque musicien
de Led Zeppelin improvisait. Alors à la mort de Bonzo, on pouvait faire
quoi ? Traîner un nouveau batteur dans l'affaire ? " Bon voilà, on
en est là" ? Non, ça n'aurait pas été bien. Fin de l'histoire."
Sources |
- Led Zeppelin, Les Années Métalliques, de
Franck Roy
- Led Zeppelin, de Alain Dister
- The Hammer Of The Gods, de Stephen Davis
- Led Zeppelin, de Jesus Llorente
- Led Zeppelin, de William Ruhlmann |
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