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Les débuts
L'historique de 1968 à 1974
L'historique de 1975 à 1980
Chronologie : les dates clés
Biographies de Bonham, Jones, Page et Plant
~ Early days, les débuts ~

 

Train Kept A-Rollin'...

"Je me souviens, c'était pile quasiment à peu de jour près le jour de mon anniversaire, je venais d'avoir 20 ans. Cette première répétition, ça a été une véritable explosion. Nous n'en sommes pas revenu nous même. Il y avait un feeling incroyable qui se dégageait du morceau qu'on était en train de répéter pour faire un essai, pour voir comment ça sonnait..." - Robert Plant

"On venait de trouver quelque chose de tellement fantastique qu'on avait peur de recommencer à jouer. C'était à ce point là... Chaque fois qu'on jouait ce morceau il se passait quelque chose de magique, et à chaque fois on se demandait si on allait pouvoir retrouver cette osmose incroyable qu'il y avait entre nous." - Jimmy Page

"Train Kept A-Rollin'", c'est un vieux classique du blues. C'est ce morceau là que choisissent Jimmy Page, John Paul Jones, John Bonham et Robert Plant pour leur toute première répétition à quatre. Le morceau est littéralement massacré, la guitare de Page est assourdissante, la voix de Plant suraïgue. Après cinq minutes de délire total, une seule conclusion : ils sont faits pour jouer ensemble. Alchimie... Comment en était-on arrivé là ? Hé ben, lisez la suite! Mais attention c'est assez long, ne vous endormez pas ;-)

 

The Yardbirds

Nous sommes en 1966. En Angleterre, il n'y en a que pour les Beatles et les Stones. Quelques groupes échappent au ras de marée... Parmis ceux-ci, The Yardbirds, avec un certain Eric Clapton aux commandes depuis deux ans. C'est avec les Yardbirds que Clapton va se faire un nom, c'est aussi grâce à lui que le groupe est arrivé au sommet avec son formidable jeu de blues. Et quand il décide de quitter le groupe pour "trahison" (les autres veulent enregistrer un morceau pop-rock, "For Your Love", sacrilège pour Clapton qui veut rester dans le blues), les Yards font appel à l'un des guitaristes studio les plus prisés au monde, James Patrick Page dit "Jimmy" Page. Jimmy n'a alors que 22 ans. Mais il a déjà joué sur des dizaines et des dizaines de titres, en lead ou en rythmique. Du "I Can't Explain" des Who au "You Really Got Me" des Kinks, en passant par la "Poupée Qui Fait Non" de Michel Polnareff ou encore la reprise de "With A Little Help From My Friends" avec lequel Joe Cocker devient une superstar. C'est son job. Jouer sur les morceaux des autres pour en faire des hits. Car Jimmy a de l'or dans les mains.

Jimmy : "On m'avait donné la chance de rejoindre les Yardbirds quand Eric les avait quitté, mais j'avais refusé parce que je n'aimais pas la façon dont on me l'avait proposé. Leur manager est venu et m'a dit "Oh tu sais, Eric est en vacances". "Vacances" était un astucieux petit euphémisme du manager puisqu'en fait Eric était en total désaccord avec le groupe à ce moment là. Si je n'avais pas connu Eric, ou s'il ne m'avait pas été sympathique, j'aurais pu les rejoindre. Mais comme ce n'était pas le cas je n'ai pas accepté... J'aimais bien Eric et je ne voulais pas qu'il pense que j'allais faire quelque chose dans son dos."

C'est ainsi que Jimmy Page refuse le job et leur conseille plutôt son ami d'enfance, celui avec qui il joue depuis son plus jeune âge, Jeff Beck. Ce dernier accepte mais, quelques mois plus tard, c'est au tour du bassiste Paul Samwell-Smith de quitter les Yardbirds. On rappelle donc Page pour le poste, à tout hasard, et ça tombe bien puisque Jimmy en a marre de zoner dans les studios pour jouer des morceaux qui ne l'intéressent guère... Juin 1966, Jimmy Page rejoint les Yardbirds. Et très vite, il refile sa basse au second guitariste du groupe, Chris Dreja, pour rejoindre Beck à la lead guitar.

"Le passage de la basse à la lead guitar fut nécessaire plus tôt que prévu... C'était vraiment éprouvant pour les nerfs, parce que les concerts des Yardbirds étaient alors très réputés et je n'étais pas tout à fait prêt pour passer à la lead..."

Après cinq mois de tournées, Jeff Beck est viré du groupe purement et simplement, en novembre 1966. C'était la guerre avec Keith Relf, le chanteur, et la concurrence avec Jimmy Page devenait de plus en plus féroce...

"Tous ces conflits entre nous, par manque d'un vrai leader, étaient très désagréables, et cette fin fut des plus logiques."

Page devient donc seul maître à bord. Ou presque... car à la même époque un personnage capital dans l'histoire du Zeppelin fait son apparition : Peter Grant. Leur nouveau manager. Une sorte de monstre de 120 kilos, ancien truand, catcheur à ses heures, mais surtout homme d'affaire redoutable...

"Je me souvenais de Grant parce qu'à l'époque où je travaillais pour les artistes du label Immediate, en studio, son bureau était juste à côté du mien. Il était énorme, il devait peser plus de cent vingt kilos et il avait une légende de violence, d'efficacité et de méthodes pas très orthodoxes..."

Pendant deux ans, les Yardbirds vont alors accumuler les tournées, avec un Jimmy Page s'imposant de plus en plus comme, bien sûr, guitariste exceptionnel, mais aussi comme excellent compositeur. Il commence à faire ses preuves sur "Little Games" (1967), le dernier album studio des Yardbirds. Mais le groupe tombe peu à peu dans la décadence. Keith Relf, complètement éclaté, parvient tout juste à tenir debout sur scène on ne sait trop bien comment... Le reste du groupe n'est pas au mieux non plus. C'est le début de la fin pour les Yardbirds. Le 7 juillet 1968, soit presque deux ans après l'arrivée de Jimmy Page, le groupe n'existe plus. Keith Relf et le batteur Jim Mc Carty quittent le navire. Il ne reste plus que Page, le bassiste Chris Dreja et Peter Grant... qui se mettent aussitôt à la recherche de nouveaux membres, car une tournée scandinave des Yardbirds était prévue en septembre ! Le groupe n'existe plus mais Peter Grant est obligé d'honorer ce contrat. Jimmy lui ne rêve que d'une chose : sur base des Yardbirds, former un nouveau groupe, et pas n'importe lequel. Il a le talent et il sait qu'il peut aller loin, très loin. Peter Grant aussi...

 

The New Yardbirds

Tout d'abord, trouver un chanteur...

Jimmy : "J'avais d'abord pensé à prendre Terry Reid comme chanteur et second guitariste, mais il venait de signer avec Mickie Most comme artiste solo... Caprice du destin... Il m'a alors suggéré d'entrer en contact avec Robert Plant, qui était alors dans un groupe nommé Hobbstweedle. Lorsque je l'ai auditionné et entendu chanter, j'ai tout de suite pensé qu'il devait y avoir quelque chose de faux dans sa personnalité ou qu'il devait être impossible de travailler avec lui, parce que je ne pouvais tout simplement pas comprendre pourquoi, après m'avoir dit qu'il chantait depuis quelques années déjà, il n'était pas encore célèbre."

Un illustre inconnu. Robert Anthony Plant n'a même pas encore 20 ans quand Jimmy Page, Peter Grant et Chris Dreja se rendent à Birmingham en vue d'assister à un concert d'Hobbstweedle. Bien sûr, Plant est au courant de l'attention qu'on lui porte. Et c'est pour lui l'occasion rêvée de rejoindre enfin un grand groupe. Et malgré une pointe de scepticisme au début du concert, Jimmy en ressort néanmoins impressionné par ce jeune hippie à la voix si particulière, suraïgue.

"Oui, je savais bien qu'il avait une voix fantastique, et après l'avoir entendu ce soir-là, je me rendis bien compte qu'elle était même exceptionnelle. Je lui demandai alors de venir me voir à mon studio de Pangbourne, sur les bords de la Tamise."

Les deux hommes vont très bien s'entendre. Robert chante "Babe I'm Gonna Leave You" version Joan Baez, et Jimmy est convaincu... Après avoir discuté de leurs influences musicales respectives (Robert se dit très intéressé par le blues et le folk), Page lui annonce qu'il sera le nouveau chanteur des Yardbirds. Mais en attendant, il peut se trouver un nouveau bassiste car Chris Dreja abandonne le projet pour devenir photographe (il réalisera la photo à l'arrière du premier album de Led Zeppelin). Pour le remplacer, pas trop de problème. John Paul Jones est là, à l'affut.

John Paul : "Je connaissais Jimmy Page depuis des années... Nous venions tous les deux du sud de Londres, et déjà en 1962 j'entendais les gens dire "Tu dois aller voir Neil Christian and The Crusaders, ils ont un incroyablement jeune guitariste". J'ai connu Pagey avant de connaitre Clapton ou Beck."

John Paul Jones (de son vrai nom John Baldwin) est aussi un musicien studio très coté en Angleterre, tout comme a pu l'être Jimmy Page. Bassiste, mais aussi claviériste en tous genres, c'est néanmoins pour ses étonnantes qualités d'arrangeur que l'on fait le plus souvent appel à lui. On le retrouve entre autres sur "She's A Rainbow" des Stones, ou encore sur plusieurs titres de Donovan ("Mellow Yellow"). Bien sûr, à force de fréquenter les mêmes endroits que Jimmy Page, les deux hommes finiront par très bien se connaitre... Ils joueront souvent sur les mêmes enregistrements, "Hurdy Gurdy Man" de Donovan entre autres, ou encore le dernier album des Yardbirds "Little Games" sur lequel Jones s'occupe des arrangements de cordes... Mais Jones n'a pas réussi ce qu'avait fait Page avec les Yardbirds : rejoindre un grand groupe et quitter définitivement les studios qui n'ont plus rien à lui apprendre, ces studios où l'ont vous fait jouer les titres des autres sans en récolter la gloire (mais très rénumérateur quand même...). A l'époque où ils travaillaient ensemble pour Donovan, il avait déjà proposé ses services à Page au cas où ce dernier allait former son propre groupe... Dès la séparation des Yardbirds, il téléphone à Jimmy pour lui rappeler qu'il est toujours partant pour un projet commun. Mais il y avait toujours Chris Dreja. Celui-ci parti, plus rien n'empêche sa venue... Il ne reste donc plus qu'à trouver un batteur, et un bon!

Robert : "Nous avions besoin d'un batteur qui soit toujours dans le rythme et le seul que je connaissais était celui avec qui j'avais joué quelques années auparavant. C'était Bonzo Bonham. Je suis devenu si enthousiaste que je suis monté sur Oxford pour le rechercher. Je l'ai trouvé à un concert et je lui ai dit "Viens mon vieux, tu vas jouer dans les Yardbirds!". Mais ça n'a pas été facile de le convaincre. Il n'avait jamais aussi bien gagné sa vie depuis qu'il jouait avec Tim Rose, j'ai donc du le persuader..."

John "Bonzo" Bonham est un formidable batteur. Engagé par Tim Rose où il gagne déjà plus d'argent que n'importe qui à son âge (tout juste 20 ans), on lui rapporte que Joe Cocker voudrait bien s'offrir ses services. Jimmy Page aussi. Plus aucun doute là dessus, Bonzo est LE batteur qu'il faut. Plant ne s'était pas trompé. Il connait Bonzo depuis son plus jeune âge, ils viennent tous les deux de ce fameux "Black Country", la banlieue défavorisée de Birmingham. En 1967, ils jouaient même ensemble dans un groupe nommé The Band of Joy. Lui et Page vont alors harceler le malheureux Bonzo qui ne sait plus trop que faire... Rejoindre son pote Robert et le très prometteur Jimmy Page c'est bien, mais vachement risqué...

"Il y avait beaucoup de choses à prendre en compte. Ce n'était pas vraiment une question de savoir qui avait le meilleur avenir, mais qui allait faire de bonnes choses. Mais je savais déjà, pour avoir joué avec Robert dans le Band of Joy, ce qu'il aimait comme musique. Et comme je savais que Jimmy en était, j'ai finalement décidé que j'aimais mieux ce style de musique là." - John Bonham

Nous y sommes. Début septembre 1968, première répétition à quatre. Tout explose sur "Train Kept A-Rollin", et Jimmy Page est sidéré. Le groupe qu'il vient de former dépasse toutes ses espérances. Peter Grant ne laisse surtout pas tomber l'affaire... Mais déjà le temps presse, car la tournée prévue en Scandinavie approche à grand pas. Premier concert le 7 septembre à Copenhague ! Mais un problème se pose : le groupe n'a plus rien à voir avec les Yardbirds, il ne reste que Jimmy Page. Changer de nom ? Impossible, on ne peut pas tourner sous un autre nom que celui attendu par le public. Une seule solution : le groupe tournera bel et bien sous le nom The Yardbirds, mais tout en précisant au public que ce sont les... New Yardbirds.

Et cette tournée nordique des New Yardbirds, cela va être un formidable volcan en éruption. Que vont-ils jouer ? Principalement des titres que Page jouait déjà avec les Yardbirds : "Train Kept A-Rollin", "Dazed And Confused", "White Summer", ou encore "How Many More Times" (dont de nombreux passages découlent des versions live de "Smokestack Lightning"). Les deux reprises de Willie Dixon "I Can't Quit You Baby" et "You Shook Me" sont également de la partie, et il est probable que "Babe I'm Gonna Leave You" et "Communication Breakdown" (dont le riff fut développé durant la tournée) furent aussi jouées, ainsi qu'un solo de batterie de John Bonham. A chaque soir, le groupe reçoit une véritable ovation. Jamais on n'avais entendu un groupe si "lourd", mais le talent est là. Et quand ils reviennent en Angleterre, ils n'ont qu'une seule idée en tête : sortir un album, puis enchainer avec une tournée anglaise pour lancer le tout. Mais Jimmy Page est fauché, il n'a plus assez d'argent pour payer les heures de studio nécessaires. Heureusement, Peter Grant est là et accepte de partager les frais pour enregistrer l'album... alors que le groupe n'a pas encore de maison de disque !

 

Led Zeppelin

Moins de 36 heures. C'est ce qu'il faudra au groupe pour enregistrer dix morceaux. Incroyable. Pendant ce temps, Peter Grant - on ne sait toujours pas comment ! - parvient à décrocher un formidable contrat avec la prestigieuse maison de disque Atlantic. Formidable en effet, car non seulement le groupe sera distribué par l'une des plus grandes maisons de disque de l'époque, mais aussi et c'est encore plus surprenant : le groupe aura le contrôle total sur ce tout ce qu'il pourra faire, et sur tout ce qui touchera de près ou de loin au groupe. Ainsi le contrat se monte à 200 000 dollars de l'époque (c'est énorme!) pour cinq albums. Le cinquième membre du groupe ? Oh oui...

Il ne reste plus qu'à trouver un nom pour le groupe... The New Yardbirds n'était qu'un nom provisoire. Important ça, le nom d'un groupe. Très important. Robert Plant propose The Mad Dogs... Bof... Page se souvient alors d'une session d'enregistrement à laquelle il avait participé en 1967, pour la face B du premier single de son pote Jeff Beck, qui venait juste de quitter les Yardbirds. Jimmy avait composé le morceau, une version rock du "Boléro" de Ravel, intitulée "Beck's Bolero". Beck et Page étaient aux guitares, Keith Moon des Who (grand ami de Jimmy Page) à la batterie, Nicky Hopkins au piano, et tiens, comme par hasard, John Paul Jones qui trainait dans un coin du studio, à la basse...
La scéance s'était si bien déroulée qu'ils envisagaient sérieusement de former un nouveau groupe tous ensemble. A l'époque, Keith Moon - tout comme le bassiste John Entwistle - en avait marre des Who et pensait changer d'air. Jimmy, lui, sentait bien que les Yardbirds étaient sur une mauvaise pente. Quant à Beck, il ne savait pas encore très bien ce qu'il allait faire après avoir quitté les Yards.

Jimmy : "Nous allions former un groupe appellé Led Zeppelin du temps des sessions du "Beck's Bolero", avec les mêmes musiciens. Ce devait être Beck et moi aux guitares, Keith Moon à la batterie, et peut-être Nicky Hopkins au piano. Le seul présent qui ne devait pas en être c'était Jonesy, qui jouait la basse. A sa place Moon suggera plutôt que nous prenions John Entwistle comme bassiste et chanteur, mais après en avoir discuté nous avions décidé de trouver un autre chanteur. Nous avions d'abord pensé à Stevie Winwood, mais il s'est avéré qu'il était fort engagé avec Traffic à ce moment là et sans doute ne devait-il être pas trop intéressé. Nous avons alors pensé à Stevie Marriott. Mais on nous l'a déconseillé et finalement au lieu de nous mettre à la recherche d'un nouveau chanteur, nous avons quelque peu laissé tomber l'affaire... Puis les Who sont partis en tournée, les Yardbirds sont partis en tournée, et rien ne s'est fait..."

Led Zeppelin. C'est Keith Moon qui est à la base du nom, génial. "We will go down like a lead zeppelin" disait-il (l'expression exacte étant "to go down like a lead balloon", signifiant quelque chose qui foire), parce que ce groupe réunissant Page, Beck, Entwistle et lui-même, se serait complètement planté ! "Lead Zeppelin" ? Ca sonne plutôt bien, voilà le nom de leur futur groupe ! Ou plutôt, "Led" Zeppelin, pour que les américains prononcent ça correctement... Mais rien ne s'est fait finalement.

Un an plus tard, Page reprend l'idée du Led Zeppelin pour son nouveau groupe. C'est un nom génial, non seulement parce qu'il marque bien les esprits, mais aussi parce qu'il définit parfaitement ce qu'a été le groupe.

Jimmy : "Led Zeppelin, ça ressemblait un peu à Iron Butterfly (papillon de fer), avec une connotation de lourd et léger à la fois..."

Le groupe a un nom, l'album sort bientôt (prévu pour janvier 69), il est donc grand temps de se faire connaitre en Angleterre. Car tout reste à faire. Le 25 octobre, le groupe donne son premier concert sous le nom Led Zeppelin. Onze concerts suivent... Mais très vite, Peter Grant se rend compte que le public anglais n'est pas encore prêt pour Led Zeppelin. Les Beatles sont maintenant à l'apogée de leur succès, la pop domine. Et les premières critiques à propos du dirigeable ne sont pas très bonnes, malgré la grande réputation de Jimmy Page et John Paul Jones. On ne parle pas des deux autres, ce sont des inconnus dans le milieu, surtout Plant que l'ont commence déjà à critiquer. Que faire ? La solution viendra une fois de plus du génial Peter Grant. Et ce sera sans doute l'une des plus importantes décisions dans l'histoire du groupe. Grant leur propose une tournée américaine, rien que ça. Un vrai coup de poker. Led Zeppelin n'arrive pas à se faire un nom en Angleterre, voilà qu'ils partent pour les States où personne ne les connait (à part Page qui avait déjà fait des tournées américaines avec les Yardbirds et qui est le seul à être considéré comme rock star à l'époque). 26 décembre 1968, premier concert américain. Une seule condition : faire tout exploser.

Jimmy : "Nous passions vraiment un mauvais moment en Angleterre. Je ne veux pas nommer ceux qui nous ont méprisés, mais ils ont été nombreux. Ils n'acceptaient rien de nouveau, c'est aussi simple que ça. Ce devait être les New Yardbirds, pas Led Zeppelin. C'est aux Etats-Unis qu'on nous a vraiment donné notre chance."

Et non seulement on leur donne leur chance, mais dès les premiers concerts (le plus souvent de petits shows dans des universités ou de toutes petites salles, le groupe joue pour trois fois rien mais le but premier est de se faire connaitre), le public américain va beaucoup mieux réagir que le public anglais. Le groupe retrouve enfin l'ambiance surchauffée de leur première mini-tournée scandinave. Début janvier 1969, le groupe doit jouer en première partie de plusieurs grosses pointures, tels Country Joe And The Fish ou encore Taj Mahal. Le Zep leur volera carrément la vedette ! Les concerts qui suivent sont du même accabi, toujours en première partie de groupes qu'ils suivent à travers les States. Notamment Vanilla Fudge, Jethro Tull ou encore Iron Butterfly qui n'en reviennent toujours pas. On raconte même qu'un soir Iron Butterfly refusa carrément de jouer après le passage d'un Zeppelin en furie, laissant derrière lui un public complètement déchainé après un show de près de quatre heures (!) en première partie...

Led Zeppelin devient très vite le groupe à ne rater sous aucun prétexte. Vraiment, les Etats-Unis ont été plus qu'un tremplin pour le Dirigeable. Bien aidé par une subtile campagne promotionnelle d'Atlantic et la réputation de ses concerts, le premier album de Led Zep se vend incroyablement bien. Il entre dans le top dix américain, ce qui est plus qu'inespéré pour un groupe qui ne fait que commencer ! En Angleterre, chose encore plus surprenante, il va même se classer sixième alors que le groupe n'a donné qu'une vingtaine de concerts là-bas. Et sans doute l'album se serait-il encore mieux vendu si les relations du Zeppelin avec la presse eussent été meilleures...

Jimmy : "Sans un bon public pour nous renvoyer les bonnes vibrations que nous lui lançons, je ne pourrais pas faire de la musique. Quand on est sur scène et que l'on voit ces milliers de visages, on se sent unique, privilégié, alors qu'au cours d'une interview, on n'est qu'un pion dans la campagne de promotion et au mieux on a une page réservée au prochain numéro du magazine."

En fait, le groupe s'est toujours foutu royalement de la presse et celle-ci le lui a bien rendu... Leur premier album s'est fait descendre par l'ensemble de la critique musicale anglaise mais aussi américaine. Ainsi, la bible rock aux States à savoir le prestigieux magazine Rolling Stone, n'hésita pas à critiquer le groupe aussi souvent que possible. Pourquoi ? Non seulement parce que le groupe refusait systématiquement les interviews, mais aussi - et c'est assez amusant - parce que le rédacteur en chef du magazine s'était vu refuser le titre de manager du groupe après que celui-ci ait entendu les bandes plus que prometteuses de leur premier album (!). Incroyable mais vrai... Et Rolling Stone va non seulement très sèchement critiquer le disque, mais aussi les deux LP suivants, là où les autres critiques reconnaissaient enfin le talent du groupe. Mais Led Zeppelin est au-dessus de tout ça. Autrement dit, ils n'ont jamais eu besoin de la presse pour arriver au sommet... Le groupe joue maintenant en tête d'affiche, et les kids américains se ruent en masse pour voir le phénomène. Rien ni personne ne peut plus les arrêter. D'autant plus que les Cream de Clapton viennent de se séparer et surtout, surtout, les Beatles vont bientôt faire de même. Nous sommes en 1969, et Led Zeppelin s'annonce de plus en plus comme LE groupe de la prochaine décennie...

L'historique